Un calme relatif régnait dimanche matin à Bangui, au lendemain de la rencontre entre la présidente de la transition centrafricaine Catherine Samba Panza et des responsables des miliciens anti-balaka, ces derniers ayant lancé un appel à la trêve.
"Les deux parties ont convenu de la mise en place d'un groupe de travail et de contact en vue de réfléchir sur les moyens pouvant permettre de désamorcer la crise", a-t-on indiqué de source proche des anti-balaka, les milices majoritairement chrétiennes qui avaient mené une macabre chasse aux musulmans au début de l'année.
"Du côté des anti-balaka, un appel à la trêve a donc été donc lancé. Des consignes ont été données pour la levée des barricades dans les quartiers en vue de faciliter la reprise des activités", a-t-on ajouté de même source.
En réaction à des meurtres attribués à des musulmans, des barricades avaient été érigées par des individus se réclamant des anti-balaka, mardi et mercredi dans les quartiers nord de la capitale centrafricaine, puis jeudi dans le centre-ville. Des affrontements violents ont opposé ces hommes aux troupes étrangères (françaises, européennes et onusiennes) déployées à Bangui.
Les violences ont fait au moins dix morts, dont un Casque bleu pakistanais. Elles ont très nettement diminué en intensité depuis samedi. Mais quelques tirs ont été encore entendus dans les quartiers nord dans la nuit de samedi à dimanche.
La porte-parole de la présidence Marie Antoinette Montaigne Moussa avait indiqué samedi espérer une "décrispation" entre Mme Samba Panza et les représentants des anti-balaka.
"On peut s'attendre à ce que la décrispation arrive progressivement dans les prochains jours, et que le pays retrouve un peu de répit, pour que le peuple commence à vivre et à vaquer à ses occupations", avait-elle relevé.
De source proche des anti-balaka, ces derniers ont été "bien reçus" par la présidente à laquelle ils ont transmis cinq revendications majeures, souvent très éloignées des position de Mme Samba Panza.
S'ils n'exigent plus directement la démission de la présidente, ils réclament celle du gouvernement, la libération de leurs responsables actuellement sous les verrous, l'arrêt de la traque de leurs hommes, la réintégration de leurs membres qui ont été révoqués de la fonction publique et l'application de l'accord de fin des hostilités signé à Brazzaville en juillet.
Mme Montaigne a qualifié ces revendications de "demandes difficiles pour la transition", l'exécutif provisoire chargé de sortir la Centrafrique de la crise.
Les anti-balaka avaient demandé le départ de la présidente Samba Panza, lui reprochant de n'avoir pas su répondre aux attentes des Centrafricains et évoquant le détournement présumé de 2,5 millions de dollars donnés en liquide par le gouvernement angolais.
Le gouvernement centrafricain doit d'ailleurs être interpellé lundi devant par le Conseil national de transition (Parlement provisoire) pour se justifier sur la gestion de cet argent venu de Luanda.
Catherine Samba Panza a nié toute malversation, promettant de donner des détails "le moment venu". Elle a prévenu que ses adversaires qui crient au voleur en avaient bénéficié.