L’incertitude régnait dimanche à Bangui après deux jours de calme relatif, des miliciens anti-balaka refusant la trêve à laquelle ont appelé leurs responsables après avoir renoué le dialogue avec la présidente de la transition centrafricaine Catherine Samba Panza.
Après cette rencontre qui s’est déroulée samedi, une source proche des anti-balaka a expliqué que "les deux parties ont convenu de la mise en place d’un groupe de travail et de contact en vue de réfléchir sur les moyens pouvant permettre de désamorcer la crise", et mettre fin aux violences intercommunautaires qui ont fait une dizaine de morts depuis mardi.
"Du côté des anti-balaka, un appel à la trêve a donc été donc lancé.Des consignes ont été données pour la levée des barricades dans les quartiers en vue de faciliter la reprise des activités", a-t-on ajouté de même source.
Mais tous ne sont pas d’accord chez les anti-balaka, ces milices majoritairement chrétiennes qui avaient mené une macabre chasse aux musulmans au début de l’année.
"Nous ne nous reconnaissons pas dans les négociations qui ont été engagées hier (samedi) par les responsables anti-balaka et la présidente de transition dont nous demandons toujours le départ", a déclaré à l’AFP un responsable anti-balaka opérant dans le sud de la capitale, sous couvert d’anonymat.
Selon une source à la Minusca, la force de l’ONU sur place, des affrontements ont opposé dimanche des anti-balaka à des soldats centrafricains au sud de Bangui.
- Pas de transports publics -
"Des tirs nourris ont été entendus dans la matinée dans les quartiers du 6ème arrondissement au sud de Bangui comme Pétévo et Guitangola, ainsi que dans la sous-préfecture de Bimbo à la sortie sud (de la ville), provoquant une débandade des habitants vers les autres quartiers environnants et les paroisses proches", a détaillé cette source.
Après avoir refusé d’enlever leurs barricades, les anti-balaka ont "été délogés de force par des éléments des FACA (Forces armées centrafricaines) habitant ces quartiers", a-t-elle précisé.
"Après avoir été délogés, les anti-balaka ont tiré des coups de feu et en ont profité pour piller certains domiciles de particuliers.Ils ont au passage saccagé le commissariat du 6ème arrondissement nouvellement reconstruit, emportant des ordinateurs et des imprimantes", a poursuivi cette source, précisant que l’un d’eux a été arrêté et un autre blessé.
Ils ont ensuite repris leurs places sur les barricades, selon la Minusca.
Avant que leurs responsables ne renouent le dialogue avec Mme Samba Panza, les anti-balaka avaient demandé son départ il y a quelques jours, lui reprochant de n’avoir pas su répondre aux attentes des Centrafricains et évoquant le détournement présumé de 2,5 millions de dollars donnés en liquide par le gouvernement angolais.
Catherine Samba Panza a nié toute malversation, promettant de donner des détails "le moment venu".Elle a prévenu que ses adversaires qui crient au voleur en avaient bénéficié.
Sur le terrain, les violences ont très nettement diminué en intensité depuis samedi.
Mais quelques tirs ont été encore entendus dans les quartiers nord dans la nuit de samedi à dimanche, et des pillages ont été signalés à l’est de la ville, dans des quartiers jusqu’à présent épargnés.
L’activité est restée très réduite dimanche dans la capitale, survolée en permanence par des hélicoptères des forces internationales, faute notamment de transports en commun, bus et taxis.Les stations-service n’ont en effet pas rouvert et les chauffeurs demandent aussi que leur sécurité soit assurée, alors que de nombreuses barricades sont toujours en place.
En réaction à des meurtres attribués à des musulmans, des barricades avaient été érigées par des individus se réclamant des anti-balaka, mardi et mercredi dans les quartiers nord de la capitale centrafricaine, puis jeudi dans le centre-ville.Des affrontements violents ont opposé ces hommes aux troupes étrangères (françaises, européennes et onusiennes) déployées à Bangui.
Les violences ont fait au moins dix morts, dont un Casque bleu pakistanais, et de nombreux blessés.Plusieurs milliers de Banguissois ont dû fuir leur domicile.