Je paraphraserai un petit peu B. Boganda dans sa déclaration de la création de la république centrafricaine: je dirai « l’occasion est unique, la sagesse nous commande de la saisir pour bâtir une pièce de transition unique et forte pouvant nous conduire à une sortie de crise ». Si nous avons des motivations pures nous en sortirons.
La Transition a bien du mal à fonctionner. Bientôt (2) ans et rien. Ces derniers jours beaucoup de voix se sont élevées pour demander la refondation du CNT, les autorités de cet organe sont restées sourdes. De retour de Brazzaville, on s’attendait à un gouvernement équilibré de consensus, la Présidente dans un entêtement, a procédé à la nomination d’un Premier ministre, une nomination très controversée. Et le scandale financier comme pour ne pas suffire est venu s’ajouter. Voilà, un tel cocktail ne peut que produire des situations telles nous l’ayons vécu le mercredi 8 octobre 14.
Les tueries de ce mercredi 8 octobre 14, le pan et l’effroi qu’il provoque, ne peuvent plus nous laisser indifférents. Nous ne pouvons plus accepter ces tueries inutiles, ces destructions, trop c’est trop.
Le problème de musulmanité et de chrétienté, une tarte à la crème de ceux qui veulent nous confiner sur un territoire nu et nous séparer par un critère religieux qui ne donne aucun prurit à personne.Nous appartenons à un seul pays, il est clair et bon de l’affirmer tout haut. Et nous ne pourrons accepter ni tolérer, un seul instant une quelconque discrimination contre le statut de citoyen centrafricain.
L’anti-chrétien et l’antimusulman à l’intérieur de notre pays ne constitueraient pas des incitations à la haine mais bien, chose infiniment grave, une atteinte perpétuelle à la sûreté intérieure de l’Etat, le crédo de ceux qui ne souhaitent pas nous voir construire un Etat.Ce qui s’est passé le mercredi 8 octobre 14 est très grave, il nous faut agir maintenant, agissons ensemble pour en finir avec ces crimes. De toute façon, la MINUSCA ne fera rien si nous mêmes ne faisons rien pour assurer notre propre sécurité. La MINUSCA est venue en appui à notre action de nous libérer nous mêmes et elle n’est pas là pour mettre sa propre vie. Le nombre de 12 000 boys avancé n’est pas atteint et ne sera pas atteint ni pour les jours à venir. Encore aura-t-elle les moyens de sa mission, c’est là toute la question. Faisons attention, cette même communauté internationale qui nous vient en aide est très sollicitée par d’autres crises dans le monde. Les ressources que génère la communauté internationale ne sont pas inépuisables.
Centrafricains, notre vie est en péril et notre pays court le risque d’un émiettement entre les mains des Mafieux qui exploitent l’or et le diamant de notre sol comme butin de guerre. Profiter de la carence de l’Etat pour exploiter ces minerais, est une des causes profondes de la crise que nous vivons au prix de notre vie. Nous ne serons jamais libres, nous serons comme des animaux à Disneyland où nous amuserons les touristes.
Entre une transition clonée et la MINUSCA minimaliste dès au départ, voilà qui est créé un nouveau Etat bidon pour les centrafricains.Les derniers évènements se sont déroulés devant les portes des bureaux de la MINUSCA, ils n’ont fait aucune sommation, ils n’ont rien empêché. La MINUSCA a montré ses propres limites. La MINUSCA aura à nourrir la crise que de la neutraliser. La MINUSCA est là pour durer, et ce sera le slogan.
L’absence de l’armée nationale est la négation même de l’Etat. Et la crise s’est installée. Parce que cette crise sait pertinemment que devant elle, il n’y a pas de force à lui opposer, qu’elle peut sévir. La remise sur pied de notre armée est un but.
Si la séléka et l’anti-balaka sont des rebelles, nous devrions nous aussi être des rebelles au nom d’une idée : la paix pour tous.L’Accord de cessation des hostilités signé à Brazzaville, il faut le reconnaître que ceux qui avaient apposé leur signature, l’ont exprimé avec foi. Séléka et anti-balaka à vrai dire appartiennent au passé, ceux qui sèment l’horreur et la terreur aujourd’hui, c’est des bandes de criminels clairement identifiables.
La séléka est rentrée sur le territoire avec sa cohorte de malheurs le 10 décembre 2012, que le 10 décembre 2014 soit la fin de la crise, date butoir. La paix , le dire ne suffit pas, il faut agir. Réfléchissons à une action pour la paix.
D’ores et déjà, il faut refondre le CNT et le Gouvernement dans un souci d’acquisition d’une plateforme commune de pensée, importante à l’intégration de toutes les forces actives et positives et à partir de là lancer une grande action pour la paix. Parce que, nous qui demandons la refonte des organes de transition, nous sommes plus nombreux que ceux qui ont procédé à la mise en place de ces organes. Nous en appelons aux esprits apaisés et soucieux, il faut que la transition puise son énergie dans un large consensus.