La directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le Dr Margaret Chan, a déclaré lundi n'avoir jamais vu dans sa carrière une telle crise sanitaire s'agissant de l'épidémie d'Ebola, qui met en lumière, selon elle, les risques que font peser les inégalités croissantes dans le monde.
"Dans ma longue carrière dans la santé publique, je n'ai jamais vu une crise sanitaire susciter une telle peur et une telle terreur, bien au-delà des pays affectés", a dit le Dr Chan, dans un discours lu par le directeur exécutif de son bureau à l'OMS, Ian Smith, lors d'une session d'un comité régional de l'Organisation à Manille, aux Philippines.
"Je n'ai jamais vu une telle crise sanitaire menacer la survie de sociétés et de gouvernements dans des pays déjà très pauvres. Je n'ai jamais vu une maladie infectieuse contribuer de la sorte à une éventuelle défaillance de l'Etat", a-t-elle ajouté.
Selon la directrice générale de l'OMS, "l'épidémie met en lumière les risques que font peser les inégalités économiques et sociales grandissantes dans le monde. Les riches reçoivent les meilleurs soins. On laisse mourir les pauvres".
Le Dr Chan a également noté que "les rumeurs et la panique se propagent plus vite que le virus et que cela coûte de l'argent". La Banque mondiale estime que 90% des pertes économiques lors d'une flambée épidémique sont dues aux tentatives irrationnelles et sans coordination du grand public pour éviter l'infection.
Autre leçon tirée par la directrice générale : "quand un virus mortel et redouté frappe les pauvres et échappe à tout contrôle, le monde entier est mis en danger".
Selon elle, "des décennies de négligence des systèmes et services sanitaires de base signifient qu'un choc, tels qu'un événement météorologique extrême dans un climat en évolution, un conflit armé, ou une maladie hors de contrôle, peuvent mettre un pays fragile à genoux".
Le Dr Chan a également noté qu'Ebola est apparue il y a près de 40 ans mais qu'aucun vaccin ni médicament n'a été fabriqué depuis. "Parce qu'Ebola a été confinée, historiquement et géographiquement aux pays pauvres africains", a-t-elle dit. "Une industrie obsédée par le profit n'investit pas dans les produits pour des marchés qui ne peuvent pas payer."
La conclusion pour elle est que "le monde est mal préparé pour répondre à toute urgence de santé publique grave, durable et dangereuse".