La normalisation se poursuivait mardi à Bangui pour la deuxième journée consécutive, après les violences de la semaine dernière, alors que la présidente Catherine Samba Panza a entamé une série de consultations avec les "forces vives de la Nation".
Commerces, entreprises, administrations et certaines écoles privées ont rouvert. Mais les avenues situées à la sortie nord de la ville et de la route de l’aéroport étaient toujours interdites par des barricades.
Quelques tirs sporadiques ont été entendus à la nuit tombante, lundi soir, dans des arrondissements périphériques de la capitale centrafricaine. Mais ils n’ont pas duré.
C’est dans cette atmosphère de normalisation progressive que la présidente de transition, Catherine Samba Panza a entamé une série de consultations avec les "forces vives de la Nation".
Jusqu’à vendredi, la présidente de transition doit rencontrer des groupes politiques, l’ex-coalition Séléka - majoritairement musulmane, qui avait pris le pouvoir en 2013 -, les miliciens anti-balaka - qui avaient mené une impitoyable chasse aux musulmans après la chute de la Séléka au début de l’année, et ont été en pointe dans les violences de ces derniers jours-, des personnalités indépendantes, des représentants de la société civile, le patronat...
Il s’agit selon le Premier ministre Mahamat Kamoun "de réaffirmer sa volonté de conduire la transition dans un climat apaisé, et sa détermination à conclure dans les meilleurs délais cette parenthèse de l’histoire politique de notre pays par l’organisation d’élections".
Mais alors que la capitale centrafricaine se remet à peine de ces journées de violences, des tensions ont éclaté mardi entre le Conseil national de transition (CNT), le Parlement provisoire et le gouvernement, accusé de ne pas vouloir rendre de comptes sur la disparition présumée de plusieurs millions de dollars donnés par l’Angola à la Centrafrique.
- Tensions parlementaires -
Le gouvernement "ne veut manifestement pas rendre compte de la gestion du don angolais devant le peuple centrafricain", afin de "mettre un terme à toutes les rumeurs de mauvaise gestion qui circulent et dont la preuve du contraire incombe au pouvoir exécutif", a déclaré dans un communiqué le président du CNT, Alexandre-Ferdinand Nguendet, dont les demandes d’explication répétées au gouvernement n’ont pas abouti.
"Le gouvernement se tient prêt à répondre à toutes les questions de la représentation nationale sur la supposée affaire du don angolais", a répliqué le Premier ministre Mahamat Kamoun mardi après-midi.
Selon le Premier ministre, les violences des derniers jours ainsi que les obsèques d’un magistrat et du Casque bleu ont empêché le gouvernement de se rendre aux convocations du CNT.
"Le gouvernement considère quant à lui qu’aucune institution de la République n’a intérêt à jouer à se faire peur et ajouter à la crise actuelle une tension supplémentaire tout à fait inutile pour nos compatriotes", a asséné Mahamat Kamoun.
Une flambée de violences a secoué Bangui pendant cinq jours, faisant au moins dix morts dont un Casque bleu pakistanais et plus de 6.500 personnes déplacées, selon un bilan provisoire du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).
En réaction à des meurtres attribués à des musulmans, des barricades avaient été érigées par des individus se réclamant des anti-balaka, y compris jeudi dans le centre-ville.
Des affrontements violents les ont opposé aux forces nationales et étrangères (françaises, européennes et onusiennes) déployées à Bangui, qui a également été le théâtre de pillages de commerces et d’habitations.