Au 31 mars 2015, le volume de crédits en souffrance dans les banques de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEMAC) est de 894 milliards de francs Cfa, soit 11,8 % des crédits bruts octroyés sur la même période par l’ensemble des institutions bancaires (environ 50) de cet espace communautaire. Ce volume de créances difficiles à recouvrer a augmenté d’environ 2% par rapport à la même période l’année dernière (696 milliards FCfa, soit 9,99% des crédits bruts).
Ces informations ont été révélées le 3 juillet 2015 à Douala, la capitale économique camerounaise, par Lucas Abaga Nchama (photo), le président de la Cobac, par ailleurs gouverneur de la banque centrale des pays membres de la CEMAC. C’était à l’occasion de la 7ème session de la rencontre entre le président de la Cobac et les dirigeants des établissements de crédit de la zone CEMAC, sorte de plateforme d’échanges permettant au régulateur du secteur bancaire et ses assujettis, d’évaluer le système bancaire dans les six pays de la CEMAC que sont le Cameroun, le Gabon, le Congo, le Tchad, la République centrafricaine et la Guinée équatoriale.
Bien qu’elle ne soit pas alarmante, selon la Cobac, la dégradation actuelle du portefeuille crédit des banques de la zone CEMAC a constitué l’un des points d’orgue de cet échange. En effet, la Cobac a saisi l’opportunité de cette rencontre pour présenter aux banquiers un exposé sur «la mise en œuvre du règlement Cobac relatif à la classification, à la comptabilisation et aux approvisionnements des créances des établissements de crédit». Un thème d’actualité, a indiqué le président de la Cobac, «eu égard à certaines interrogations qui subsistent de la part de certains établissements, d’une part, et l’évaluation incorrecte et la couverture insuffisante du risque de crédit par les établissements de crédits, d’autre part».
Entré en vigueur le 1er janvier 2015, a souligné Lucas Abaga Nchama, «ce nouveau règlement fixe le cadre de gestion du risque de crédit, qui constitue le risque le plus important pour les établissements de crédit dans la zone CEMAC». La prise en compte de ce dispositif règlementaire dans les politiques et les procédures mises en place par les banques, a précisé le président de la Cobac à l’intention des banquiers, «sera un facteur d’amélioration de la résilience de vos établissements, ainsi que du système bancaire dans son ensemble».
Au demeurant, en dépit des créances en souffrance, le secteur bancaire dans la zone CEMAC demeure solide et dynamique, si l’on s’en tient aux agrégats présentés le 3 juillet 2015 à Douala par le président de la Cobac. «Le total agrégé des bilans des banques s’est établi à 12 571 milliards de francs Cfa à fin mars. Il a progressé de 8,62% par rapport au 31 mars 2014. Les dépôts collectés ont suivi la même tendance et s’élèvent à 9 944 milliards de francs, soit 79,10% du total du bilan en hausse de 6,5% en variation annuelle. Les crédits bruts s’élèvent à 7 528 milliards de francs Cfa. Ils sont en hausse de 8,07%, en comparaison avec leur niveau de mars 2014. L’excédent de trésorerie se situe à 3 575 milliards de francs Cfa (28,4% du total du bilan). Il a enregistré une augmentation de 4,25% par rapport à la situation prévalant 12 mois plus tôt», a révélé Lucas Abaga Nchama.
Brice R. Mbodiam