Le CENTRAFRIQUE s’entête à revêtir les oripeaux et à porter les masques d’un pays où l’histoire semble très têtue, pour se répéter à chaque fois que l’occasion lui est donnée, et cela, parce que personne au sommet de cet Etat, ne veut tirer les leçons du passé, pour véritablement donner davantage de chance de développement au pays.
Hier, c’était David DACKO au pouvoir. André Kolingba l’a délesté du poids de la charge présidentielle sans qu’aucun examen de la gestion de Dacko et de ses ministres soit fait pour savoir qui a réellement fait quoi. Tout le monde connaît la genèse de cette pratique de la défaillance avec DACKO et BOKASSA.
André KOLINGBA s’en est ensuite allé, remplacé au pied du mur par Ange PATASSE qui n’a daigné demander des comptes à l’équipe de son prédécesseur.
L’éjection de PATASSE de son siège doré de la Présidence de la République s’est faite dans la précipitation qui ne peut justifier en rien le fait qu’un état des lieux aurait dû être fait, pour fixer un autre cap, à partir d’une situation bien clarifiée. PATASSE est donc parti, sans qu’aucun centrafricain n’ait su combien d’argent était resté dans les caisses de l’Etat, car ce peuple centrafricain n’a jamais exigé qu’un tel inventaire soit fait et soumis à son intelligence, pour sanctionner avec fermeté les auteurs avérés de la gabégie en Centrafrique, cela, quelle que soit l’époque et quel que soit le régime.
François BOZIZE s’est profondément assoupi dans le « Henry IV » du salon d’honneur du PALAIS de la RENAISSANCE, pour le quitter à son tour, réveillé de son sommeil, aussi précipitamment que l’avait fait PATASSE, et aucun compte rendu de la situation n’a été effectué entre lui et la FOUDRE de la seleka.
Une dame que nous n’oserons nommer car transition rocambolesque oblige, se trouvera parachutée d’une manière miraculeuse à la tête du CENTRAFRIQUE, et nous ne pouvons, aujourd’hui, l’accabler prématurément car le mieux serait d’attendre la fin de son service pour lui demander les comptes de toutes ses actions.
Et comme la transition voit son existence s’effilocher de jour en jour, d’heure en heure et de minute en minute, en cette fin de règne, le peuple centrafricain a le droit cette fois-ci de tout savoir. Il a le droit de tout savoir car il faut définitivement tourner la page sombre de l’ouragan qui a dévasté pendant presque deux années le CENTRAFRIQUE. Il a le droit de savoir parce qu’il faudra mettre en place de nouvelles pratiques, éradiquer celles qui nous ont fait tant de tort.
Le peuple a le droit de savoir parce que dans la longue liste des prétendants de tout poil affriandés par le marathon à la oh combien juteuse magistrature suprême qui débutera en octobre prochain, certains ont des dossiers qui pèsent des millions et des millions de francs C.F.A., des dossiers surchargés des multiples soupçons de malversations effectuées lors de leur passage aux différentes responsabilités du pays.
Nous ne comptons pas sur la cour constitutionnelle pour valider les dossiers de candidature, mais nous comptons sur cette institution pour examiner de fond en comble les dossiers de tous ces candidats qui, à un moment ou un autre, ont essuyé des soupçons de détournements des deniers publics car, si nous voulons des élections libres, transparentes et justes, nous devons être sûrs que les candidats retenus seront réellement ceux qui méritent et mériteront la voix du peuple, la confiance de ce peuple.
Les techniques d’hier, qu’on étire au fil des mois et des années comme du chewing-gum mâché pour abuser du peuple et malmener le trésor public, ont été nombreuses, et Dieu et le peuple savent que des villas ont été construites à l’étranger, des pavillons achetés à coups de millions d’euros au su et au vu de beaucoup, sans que les acquéreurs aient à justifier la façon dont ils ont pu entrer en possession de telles sommes, pour s’offrir de tels privilèges.
Ces techniques de blanchiment et de maquillage ont été et sont si nombreuses et si malicieuses que demain, nous ne savons pas encore à quelle cuisine malsaine nous allons être invités pour entendre dire que des bureaux administratifs ont été incendiés et que tous les documents importants ont servi de plat au feu incendiaire, ce feu qui pourra définitivement calciner la vérité sur les actes malhonnêtes de ceux-là mêmes qui ont contribué et contribuent encore à la descente aux enfers du pays.
Nous mettons les projecteurs sur cette technique de l’usage du feu pour effacer toute trace de tout ce qui est gênant parce qu’il est certain que, compte tenu de cette fin de règne où l’on commence à faire revenir des revenants au passé fortement trouble et troublant pour la mémoire centrafricaine, on pourrait se demander pourquoi on les fait revenir maintenant et à qui profite ce retour autour de la mangeoire et dans le cercle des apprentis sorciers de la politique centrafricaine, grands danseurs du ventre.
Pourquoi maintenant et à qui profite la manœuvre ?
Veut-on tout simplement alourdir la tâche du prochain locataire de la RENAISSANCE pour rendre l’emploi impossible car il y aura demain, c’est certain, un nombre assez considérable de gros bonnets qui risqueront d’enfiler la tenue rouge-blanc de futurs « dangaïs » derrière les barreaux de Ngaragba ? Veut-on, en procédant de la sorte, se trouver une couverture, une voie de sortie pour éviter d’avoir à rendre des comptes demain ?
Le CENTRAFRIQUE pourra-t-il toujours continuer à boiter en allant d’entorse en entorse sans véritablement chercher à mettre un terme à tous ces maux qu’il connaît et qu’il ne veut vraiment pas soigner, en prenant ses grands bourreaux par les cornes pour les terrasser et les affaiblir ?
En attendant, nous disons alerte, alerte au feu, alerte à l’incendie. Soyons vigilants car les fossoyeurs de la République peuvent demain, brûler tous les dossiers gênants, pour éviter de devoir rendre des comptes au peuple.
Et nous, nous n’aurons plus que notre bouche, que nous ouvrirons béante de stupéfaction, avec des yeux hors de leur orbite, pour constater, impuissants, l’océan de dégâts qui s’étendra devant nous.
Et malheureusement, n’est-ce pas que ce sera trop tard ?
I zi lè, i ba ndo yongoro, i téné téné sans kaméné.
Par Adolphe PAKOUA