A l’allure où le parfum de l’incertitude plane sur le processus électoral, l’on se demande si la date des élections est vraiment tenable. A moins de douze (12) semaines du prochain scrutin, la liste électorale n’est toujours pas reconstituée. Si d’un côté l’Autorité Nationale des Elections évoquent un manque de moyen financier pour le déploiement effectif des agents de recensement sur le terrain, de l’autre côté elle parle plutôt d’une faible affluence des potentiels électeurs vers les centres d’inscription. Tout porte à croire que l’actuel processus électoral risque d’offrir aux Centrafricains un chapelet de surprises. Déjà certaines voix souhaitent que les élections se tiennent au courant de l’année 2016. D’autres militent pour que le processus soit rallongé d’un mois. D’autres encore voudraient une troisième transition pour rectifier le tir de la « Sambapanzerie ». A entendre ces différents courants de pensée,on a curieusement l’impression que chacun voit juste minuit devant sa porte. Et c’est cela le syndrome de la « Centrafricainité ». Qu’en est’il de ce syndrome ?
Le syndrome de la « Centrafricanité »
De tout temps, la Centrafrique a souffert de ce syndrome. Presque toutes les couches sociales en ont été victimes. Il suffit juste d’assister à un débat politique entre les partisans des régimes successifs pour se rendre à l’évidence. D’emblée, chaque partisan défend son église et jette plutôt l’anathème de la décadence du pays sur l’autre camp. Vous me direz que c’est tout à fait légitime. Sauf qu’aucun n’a réussi à sortir la Centrafrique de l’ornière. Au lieu de dénoncer cela chaque camp préfère se complaire dans l’auto-apitoiement. Bien que la Centrafrique file un mauvais coton depuis des années, certaines régimes pensent que ce sont les autres qui ont entraîné le pays dans ce bourbier engloutissant. Le discours est encore plus rude lorsqu’on écoute parfois les personnalités qui profitent du système en place. A titre d’exemple, un personnage nous écrivait avant hier sous couvert d’anonymat en ces termes : « Mr le polémiste, Mme Samba Panza doit-elle prendre l’entière responsabilité de la déliquescence des Forces Armées Centrafricaines ? Ne saviez vous pas que c’est Bozizé et son fils Francis qui ont détruit l’armée national ? Sachiez que ce n’est qu’une transition et la présidente ne pourrait pas régler tous les problèmes laissés par Bozizé et sa famille ». En réalité, ce n’est pas une réaction qui sort des sentiers battus. C’est du déjà lu, déjà entendu. A cet effet, nous lui avons répondu de la manière suivante : « Monsieur ou Madame, nous vous remercions de l’intérêt que vous portez à notre article. En vérité, nous n’avons nullement demandé à la présidente de porter l’entière responsabilité de la dégénérescence des FACA. Aussi, nous ne sommes pas là pour distribuer des cartons rouges à certains régimes et dédouaner d’autres. Si les choses étaient claires dans l’armée au temps de Bozizé, on ne se serait pas arrivé à ce niveau. Si elles sont également bien faites sous Samba Panza, on ne sonnerait pas tout le temps l’alarme. Arrêtez un peu de préserver votre « gambo » et pensez aux Centrafricains d’en bas et à ceux d’en-dessous. Dîtes moi Monsieur ou madame; quand est-ce que la Centrafrique connaîtra enfin le déclic national, la métamorphose socio-politique et économique ? » Fin de citation.
En somme, certains fils et filles du pays pensent que leur ethnie, régime et parti politique sont souvent au dessus des autres centrafricains. D’autres pensent qu’ils sont d’abord Chrétiens, Musulmans, Animistes et Athées avant d’être des Centrafricains. Et que dire de ceux qui estiment que leur propre ventre passent avant l’intérêt national. Lorsque ce syndrome de la « Centrafricanité » disparaîtra, la Centrafrique amorcera le chemin du développement durable. Encore un mot contre les maux.
Rodrigue Joseph Prudence MAYTE
Chroniqueur, Polémiste