Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Centrafrique    Publicité
aBangui.com NEWS
Comment

Accueil
News
Afrique
Article
Afrique

Obama au Kenya: cahier d’un retour au pays ancestral
Publié le vendredi 24 juillet 2015  |  L'Observateur Paalga
Barack
© Autre presse par DR
Barack Obama, président des Etats-Unis d`Amérique
Comment




Même à quelques heures de l’événement, la capitale n’en finit pas de faire sa toilette. Telle une fiancée dans l’attente fiévreuse d’un prince charmant. Manicure, pédicure, gommage, séance de lifting complet, Nairobi la coquette ne s’épargne rien pour être à la hauteur de ce rendez-vous politico-sentimental avec ce fils né loin là-bas.

C’est que, pour la première fois depuis qu’il est devenu l’homme le plus puissant de la planète, Barack Hussein Obama effectue un pèlerinage sur les terres de ses aïeux. C’est le cahier d’un retour au pays ancestral (1) qui s’écrit en lettres d’or. Tant beaucoup de fébrilité, d’émotion et d’obsession sécuritaire entoure ce voyage dans un Kenya particulièrement éprouvé par les actions terroristes des Shebabs.

N’empêche, les Kényans sont depuis quelques jours transis d’amour filial, à commencer par le premier d’entre eux, le président Uhuru Kenyatta, lequel entend faire de cette visite une source d’amnistie sur son implication supposée ou réelle dans les violences postélectorales de 2007-2008. Que dire de Sara Anyango Obama, grand-mère par alliance de l’illustre hôte, laquelle a décidé de retourner aux fourneaux afin de concocter de mets traditionnels pour son petit-fils chéri ? Mais il y a peu de chances que les recettes du cru de Mama Obama aient la même valeur que les madeleines de Proust, car ce n’est pas sûr que président américain les ait déjà goûtées pour que la saveur lui ravive quelques bons souvenirs.

Preuve que ce « frère perdu » reste tout de même un frère, un jeune avocat kényan a créé l’événement en décidant d’offrir au président américain, tenez-vous bien, 50 vaches, 70 moutons et 30 chèvres en échange de la main de sa fille, Malia Obama, comme l’exige la tradition locale.

Mais trêve d’anecdotes pour jeter un coup d’œil dans l’agenda du chef de la Maison-Blanche. Il y sera beaucoup question d’économie et surtout de lutte contre le terrorisme dans une Corne de l’Afrique impuissante face au péril islamiste.

Si au Kenya cette visite d’Obama est célébrée comme le « Jour des Rameaux » où les gens étendaient leurs vêtements sur le passage du Christ et d’autres coupaient des branches d’arbres pour les joncher sur le sentier, ailleurs sur le continent noir, ce voyage suscite des sentiments bien mitigés.

Beaucoup d’Africains ayant vite déchanté de l’arrivée, en 2008, d’un Noir à la Maison-Blanche. L’Obamania qui s’était emparée de toute la planète est retombée, tel un soufflet, chez plein de groupies du 44e président des Etats-Unis. En Afrique surtout mais aussi ailleurs dans le monde.

En effet, depuis que le sénateur noir de l’Illinois a accédé à la plus haute marche de l’Administration américaine, sur le continent noir, on s’était mis à attendre de lui comme on attendrait de la Providence. Il y en a même qui croyaient que le premier acte du nouvel impétrant de l’époque serait la suppression du visée d’entrée entre l’Afrique et l’Amérique. Un doux rêve qui a vite viré au cauchemar. C’était ignorer que qui que soit le président des States, il n’a jamais les coudées franches pour décider de la politique de son pays. Tout se décide au Congrès.

En août 2008, alors que Barack Obama venait d’être investi candidat des démocrates, dans un éditorial intitulé : « Obama, notre frère noir », nous écrivions déjà ceci : « Pensez-vous que parce que sa grand-mère paternelle fume la pipe quelque part au fin fond du Kenya, ce pays recevra un dollar de plus d’aide s’il venait à s’installer dans le bureau ovale ? Non ! Pour faire badin, cet Obama, il n’est pas mon "frère noir", il est Américain, un point un trait.

Il sera donc obligé, s’il y parvenait, de faire avec les contingences de la politique états-unienne, de composer avec le Congrès, le lobby juif américain, le complexe militaro-industriel et tous ces centres de pouvoir qui font souvent de l’homme le plus puissant du monde un otage d’"Air Force one".

On aurait donc tort de prendre notre "communauté de couleur" pour une communauté de destin. Tant qu’à faire d’ailleurs, autant être déçu par un Blanc que par un "frère noir". C’est bien connu, celui qui n’attend rien ne sera pas déçu ». Un article inspiré non pas de quelque prémonition mais du réalisme.

Mais rendons à « notre frère » ce qui est à « notre frère » : à l’image de ses récents prédécesseurs qui ont initié de grands projets en faveur de l’Afrique comme l’AGOA, le MCA et nous en passons, le « Black » de la White-House nous a gratifiés d’un important programme d’électrification connu sous le nom de « Power Africa » ; une initiative de sept milliards de dollars US pour le renforcement des ressources énergétique en Afrique d’ici 2020.

Si malgré tout déception il y a, elle procéderait de nos attentes insensées et de notre candeur.

Alors, « Welcome home, mister president »!

Alain Saint Robespierre
Commentaires


Comment