Grande interview de Martin ZIGUELE, candidat du parti MLPC à l’élection présidentielle du mois d’octobre dans L'Agora N°2708 du jeudi 23 juillet 2015
L’Agora : Absent de Bangui, vous êtes revenu au pays. Quelle est votre lecture du processus électoral à savoir la date des élections, l’enrôlement des électeurs ?
Martin Ziguélé : Je vous remercie. Je veux commencer d’abord par le chronogramme électoral, je pense que la transition avait été prévue pour 18 mois, puis reportée à 24 mois. Puis devant l’impossibilité matérielle d’organiser les élections en juin, juillet ; vous avez constaté au forum que des résolutions étaient prises, invitant à la tenue des élections avant la fin de l’année pour qu’au début de 2016 notre pays puisse renouer avec une situation constitutionnelle normale afin de se consacrer aux tâches de développement. Ce chronogramme a l’avantage d’indiquer un horizon et je pense que c’est une très bonne chose, il faut toujours indiquer un cap et lorsqu’il y a des ajustements internes à faire ; ses ajustements surviendront. Mais cela traduit la volonté de chacun d’aller à ces élections et c’était la même chose pour le forum de Bangui, beaucoup de gens doutaient de la tenue du forum.
C’est vrai ! Ce forum avait été prévu pour le mois de janvier, il a été tenu cinq (5) mois plus tard au mois de mai, mais il s’est tenu ! De la même manière ses élections sont prévues en octobre, le processus a démarré et c’est l’essentiel que le processus démarre, s’il y a des ajustements à faire, ses ajustements doivent être faits dans la vitesse mais sans précipitation et nous puissions arriver à redonner la parole au peuple pour qu’il choisisse ses dirigeants. Par rapport au démarrage du processus lui-même. Je pense que le mouvement se trouve en marchant, le processus d’enrôlement des électeurs a commencé Bangui de manière très laborieuse, très lente, c’est vrai ! Parce que tout simplement nous sommes dans une situation psychologique et politique où la population est presque désabusée. Donc il faut faire des efforts beaucoup plus importants pour convaincre en période de crise les citoyens de la nécessité pour eux d’aller exercer leur devoir civique c’est-à-dire de voter et pour choisir leur dirigeant. Mais nous avons constaté heureusement qu’il y a une mobilisation, après ce constat de long démarrage, y a une mobilisation, un regain, un sursaut qui a impliqué tout le monde, les autorités locales, les ONG, les diverses associations citoyennes qui sont désormais nombreuses dans notre et je leur tire mon chapeau pour leur réactivité.
Aujourd’hui, je crois qu’il y a un engouement certain ; en tout cas y a une pression plus forte de la population, il y a un déplacement beaucoup plus forte de la population vers les centres d’enrôlement, il faut encourager le mouvement. Je tiens à saluer également le pragmatisme et la lucidité des autorités aussi bien de l’ANE que, des autorités de la transition, de tous nos amis, de tous les compatriotes qui ont demandé et obtenu qu’à Bangui, qu’il y ait une prolongation d’enrôlement sur la liste électorale jusqu’au 27 Juillet. Donc je renouvelle l’appel citoyen que j’avais lancé qu’i y a quelques jours pour que les centrafricains ne soient pas spectateurs, pour être des acteurs de leur propre sort, pour être déterminants en leur avenir, il faut qu’ils sortent de chez eux, qu’ils aillent dans le centre d’enrôlement, qu’ils s’inscrivent sur les listes électorales. Je ne répèterais jamais assez la phrase de Nelson Mandela qui s’est battu toute sa vie pour avoir le droit de voter dans son propre pays l’Afrique du sud, le jour où l’apartheid est tombé, il a dit : « La plus grande arme d’un citoyen, ce n’est pas la Kalachnikov, c’est le bulletin de vote ». Parce que le bulletin de vote permet non seulement de choisir celui qu’on veut ou celle qu’on veut pour diriger le pays, mais ça permet aussi de ne pas choisir celui qu’on ne veut pas à la tête de son pays.
Quelle est la situation des électeurs centrafricains qui vivent notamment en France ?
En France, depuis 1981 où y a eu des élections multipartistes, puis les autres élections qui se sont tenues par la suite ; nos compatriotes qui sont en France et qui ont vraiment un cœur très proche de leur pays d’origine c’est-à-dire de la RCA, participent à ses élections et ce sera la même chose pour les élections à avenir, les démembrements de l’ANE en Europe ont été mis en place, pas seulement en France, mais en Belgique, aux Etats-Unis ; les compatriotes sont très mobilisés pour cela. Naturellement, en tant que Président du MLPC, nous avons une fédération Europe-Amérique. Nous avons une direction de campagne Europe-Amérique également, j’ai tenu une grande séance de travail qui nous a pris toute la journée pour qu’ils s’organisent afin que les camardes puissent le moment venu participer au choix des dirigeants de leur pays.
L’ANE croit que d’ici le 27 juillet 2015, elle sera en mesure d’enrôler les 300.OOO électeurs potentiels de Bangui, quelles sont vos impressions en tant que leader du parti politique et candidat à l’élection présidentielle du mois d’octobre ?
Je préfère parler en tant que citoyen, parce qu’il ce qui importe c’est mon pays. Nous avons tous pleurés, soufferts, nous avons été victimes des violences, d’invectives et de beaucoup de souffrances morales et physiques. Pendant ses dernières années à cause des troubles que notre pays a connu et je pense que pour le démocrate que je suis et pour le citoyen que je suis. La seule voie de sortie de crise, c’est de redonner la parole au peuple à travers ses élections. C’est pour cela que c’est extrêmement important que nous dépassions même le chiffre des 300.000 inscrits sur la ville de Bangui qui est la capitale du pays et qu’à l’intérieur du pays également qu’il y ait des inscriptions massives de nos compatriotes. Parce que demain, lorsque ces élections se seront déroulées, il faut que les centrafricains aient le sentiment légitime que ceux et celles qu’ils ont élu comme député est le fruit du choix majoritaire. Que celui ou celle qu’ils auront élu comme Président de la République à la légitimité nécessaire pour se consacrer à la tâche difficile de demain, qui sera le redressement de notre pays sur tous les plans. Donc ce n’est pas quelques choses d’anodin. L’enrôlement sur la liste électorale,
Ce n’est pas une formalité, c’est un acte de foi dans l’avenir de notre pays. Si nous croyons à l’avenir de notre pays, si nous aimons notre pays, si nous aimons nos enfants, parce que nous sommes à l’âge où nous sommes, nous construisons pour l’avenir, pour nos enfants, pour nos petits-enfants. Comme hier et comme avant-hier, la génération des Boganda, des FAYAMA, des KANGALA, des NGOUGNON se sont battus pour qu’il ait une Centrafrique indépendante. Des générations de Dacko, etc. sont morts à la tâche pour que ce pays soit debout et c’est un redoutable devoir, c’est un redoutable défi, c’est une lourde responsabilité pour nous centrafricains aujourd’hui que, nous ne déméritons pas des anciens, que nous ne faisons pas honte aux anciens là où ils se reposent aujourd’hui. C’est pour ça que les centrafricains, les centrafricaines partout où ils sont, à Bangui, en province, dans les camps de réfugiés demain, il faut que tout le monde aille s’inscrire sur les listes électorales et que demain ; quelqu’un ne dise pas non ce régime n’est pas le mien. Il n’y a pas de régime pour une partie des centrafricains, ce sera le régime que les centrafricains auront voulu.
Des voix s’élèvent pour demander le départ du 1er Ministre et de son gouvernement pour incompétence ?
Vous savez le Président B. Boganda, paix à son âme disait que : « Lorsque vous montrez une étoile à un demeuré, il regarde votre doigt, il ne voit pas l’étoile ». Le problème de la RCA, ce n’est ni le gouvernement de transition, ni le Conseil National de Transition, ni quelque autorité de transition. Le problème de la RCA, c’est que nous sommes en crise et que nous sommes dans une situation de transition politique, parce que tout a échoué avant et, que nous devons sortir de cette situation par des élections. Consacrons nos efforts pour la sécurité de notre pays, consacrons nos efforts pour réconcilier les cœurs, consacrons nos efforts pour rassembler et consacrons nos efforts pour qu’il y ait des élections et les élections ne sont pas une fin en soi ! Après les élections, il y aura la RCA, il y aura les problèmes de développement, de santé, d’éducation et d’emploi des jeunes. Tous ces problèmes qui nous ont emmenés par cette crise- là. Donc le problème n’est pas le problème d’individu, ni de personne. La position du MLPC, nous l’avons suffisamment exprimé à travers le mémorandum de l’Alliance des Forces démocratiques de la Transition (AFDT) a soumis au forum. Nous voulons la stabilité des institutions jusqu’aux élections.
D’ici au 18 Octobre, le MLPC est-il prêt pour le 1er tour des élections ?
Je voudrais très modestement et rappeler que le MLPC participe à toutes les élections en République Centrafricaine depuis 1981, parce que le MLPC a été créé en 79. Deux ans après notre création, nous avons participé aux élections. Nous sommes un parti de masse, un parti d’élection, nous sommes prêts à tout moment, je dis bien à tout moment pour aller devant le peuple.
Y compris également votre programme politique ?
Le programme politique du MLPC, c’est la volonté du peuple centrafricain,
1- C’est la réconciliation ;
2- Le rassemblement ;
3- La réconciliation ;
4- La paix
5- Le pain.
Nous le savons, parce que nous sommes dans le peuple et nous sommes un parti du peuple
. Nous sommes un parti progressif, nous sommes un parti social-démocrate et nous sommes un parti socialiste. Nous vivons avec le peuple, nous savons ce que le peuple veut. Nous n’avons pas besoin de rédiger mille (1000) pages de programme. Nous allons dire au peuple ce que le peuple nous demande de le dire, en quelque sorte, comme dit les progressifs, nous demandons au peuple centrafricain de nous donner le pouvoir pour que nous le lui restitutions.
M. le Président, sur cette question du vote des compatriotes exilés dans certains pays, comment peut-on techniquement procéder à leur enregistrement et assurer le contrôle des scrutins le jour du vote ?
Je vous remercie, c’est une question très importante que vous venez de poser et je venais de vous dire que le MLPC est parti progressif, un parti qui défend les valeurs de la République et au cœur de la République, il y a les questions de la citoyenneté. Si vous regardez les causes de la crise qui est survenue et continue dans notre pays, à la base, vous avez la question de citoyenneté d’exclusion. Et par principe le MLPC est pour une démarche inclusive c’est-à-dire notre objectif c’est la réconciliation du peuple centrafricain ; notre objectif, c’est le rassemblement du peuple centrafricain, notre objectif c’est la reconstruction de notre pays.
Lorsque nous rappelons ses principes, c’est pour dire que nous sommes également respectueux de la volonté profonde des centrafricains. Les compatriotes qui sont aujourd’hui refugiés à l’extérieur, ils sont partis à l’extérieur parce tout simplement qu’il y avait une crise dans le pays, ces compatriotes ont été recensés par le Haut-Commissariat aux réfugiés ou par d’autres organismes et la majorité de ses compatriotes sont dans des pays où vivent déjà des centrafricains immatriculés auprès de nos chancelleries et qui sont donc indentifiables. Deuxièmement, la Cour Constitutionnelle de Transition, je ne suis pas juriste. Mais la Cour Constitutionnelle de Transition qui, à ma connaissance est la juridiction qui juge en dernier ressort et, a déjà dit que les centrafricains réfugiés à l’extérieur doivent participer au référendum constitutionnel et aux élections présidentielles.
Maintenant, s’il y a des questions pratiques (2fois), c’est le lieu de réunir les partis politiques, les autorités de transition, la Communauté Internationale et nos représentants à l’extérieur pour voir quelles sont les attentes des uns et des autres, quels sont les écueils à éviter pour que cela ne donne pas lieu à des inquiétudes par rapport aux fraudes etc. La critique fondamentale qui est portée à la question de vote des réfugiés à l’extérieur, c’est le risque des fraudes et il y a des moyens de prévenir la fraude. Je vous rappelle (2foi) qu’il y a un pays qui nous a précédé dans la crise, c’est le Mali ! Et je vous dis puisque c’est un camarade socialiste qui a gagné des élections au Mali que les maliens réfugiés en Mauritanie, en Algérie et ailleurs ont voté. Ils ont été recensés avec le concours des autorités maliennes, concours des organisations internationales qui ont une expertise dans la gestion des réfugiés dont le HCR et pas uniquement le HCR et ces personnes ont voté et cela n’a pas donné à des problèmes particuliers. Il y a le principe et il y a les moyens de garantir le principe.
Le moyen pour garantir le principe, c’est une démarche transparente qui ne puisse pas permettre le risque des fraudes. Voilà la position du MLPC sur la question. Troisièmement, il faut toujours lire les leçons de l’histoire, pourquoi croyez-vous que la République Démocratique du Congo est en guerre depuis 20 ans ? C’est parce que justement, le problème des réfugiés se sont ma réglés. Pourquoi y a eu la guerre au Rwanda avait fait plus de un million (1.000.000) de morts ? 800. 000 morts, c’est parce que le problème des réfugiés au Rwanda qui s’est posé en 1858 et en 1960 n’a pas été réglé. Donc la politique ne consiste pas seulement à refuser de voir les problèmes. La bonne gouvernance consiste à identifier les problèmes à être lucide devant ces problèmes et à mettre en œuvre une batterie de mesures qui permettent d’éviter les fraudes, d’éviter la perversion de l’application du principe.
S’il faut respecter les lois de la République, on doit respecter la Charte Constitutionnelle de transition qui, en son article 1O6 interdit à certaines personnalités (ancien président de la Transition, premier ministre et ministres de la transition) de prendre part aux futures échéances. Et pourtant, votre parti qui fait partie de l’AFDT à une autre interprétation de disposition, qu’en pensez-vous ?
Je vous disais tantôt que la question des votes des réfugiés soulève des questions légitimes, y a la question de l’identification des personnes, y a les risques des fraudes, y a la possibilité de faire compagne etc. Je n’ai pas dit qu’il y a des problèmes. Je dis qu’il y a des problèmes, mais ses problèmes doivent être examinés et ces problèmes doivent avoir des solutions. La question des principes que vous posez sauf si je me trompe ; dans un pays lorsqu’une décision a été prise par la Cour Constitutionnelle de Transition, y a aucune autre institution qui peut la remettre en cause. C’est un problème de droit. Si vous me dites que la Cour Constitutionnelle de Transition est une institution de transition qu’on peut la remettre sa décision donc ça veut dire qu’on peut dire la même chose pour les autres institutions de la transition qui sont aussi nées d’un consensus temporaire. Je pense qu’il faut faire attention à des choses que nous disons et ce que nous faisons.
Cette question n’est pas uniquement une question de droit mais c’est une question politique. Nos compatriotes qui se sont réfugiés à l’extérieur et vous le savez en majorité, parce qu’il y avait eu des graves violences inter-communautaires. Ses compatriotes se disent et se sentent exclure, il ne faut pas que par notre démarche, nous renforcions le sentiment d’exclusion, ça risque de nous revenir sur la figure de manière beaucoup plus violentes. C’est pour cela que nous disons qu’il faut être serein dans ce type de problématique. Le principe a été énoncé par la Cour Constitutionnelle de Transition, on ne choisit pas des décisions de la Cour Constitutionnelle de Transition ; on dit celle- là on respecte et l’autre on ne respecte pas.
En ce moment- là on sort de l’Etat de droit et on arrive à l’arbitraire. Parce que l’arbitraire justement consiste à agir selon sa volonté en dépit de ce que la loi dit ou de ce que les juridictions sont censées de dire la loi disent, donc il faut éviter de tomber dans ce travers. Dès le moment la Cour Constitutionnelle de Transition a déjà pris une décision, c’est aux autorités de la transition, avec toutes les parties prenantes de voir l’applicabilité de ses décisions en tenant en compte la préoccupation des uns et des autres pour que le problème principal de la fraude ne soit pas une réalité pour que les mesures soient prises ou des arrangements soient faits pour que ces personnes puissent avoir accès aux informations pendant la période électorale. Cela n’est pas impossible (2) fois, il ne faut pas que les décisions que nous prenions rendent encore plus difficiles la solution à la crise centrafricaine, parce que notre pays est encore dans une situation d’extrême fragilité sociale et politique.
Et ceux qui ont pris part à la transition, doivent-ils participer aux élections ?
Je suis à l’aise pour vous répondre à cette question, j’étais à Libreville quand les accords ont été discutés et l’accord disait que ceux qui organisent des élections, ceux qui sont à la tête du pays pendant l’organisation des élections ne peuvent pas être candidats. Parce que quand les accords de Libreville se négociaient, personne n’imaginait que l’équipe qui dirigerait la transition pouvait être changée, c’était ça l’esprit de départ. Si vous avez bien lu la déclaration de l’AFDT ; l’AFDT a demandé un arbitrage.
Mais vous n’avez pas eu ?
Nous sommes dans une démarche où nous demandons un arbitrage et nous nous engageons à respecter la décision de cet arbitrage. Et c’est une décision plus politique que de droit à mon avis. Parce que lorsque vous entrez dans un processus où il est énoncé un certain nombre de conditions pour l’exercice d’un droit. Vous vous engagez et qu’il y ait un changement entre temps, vous demandez aux personnes compétentes, est ce que l’interprétation que vous avez de la loi, est ce qu’elle est juste ? Elle est normale ou pas ? C’est un arbitrage que nous avons demandé. Nous n’allons pas dire qu’on va mettre le feu à la RCA, si les responsables de l’AFDT ne sont pas candidats ? Ce n’est pas ce qu’on a dit. Nous avons dit qu’on a une autre lecture, parce que nous étions à Libreville et lorsque l’accord a été signé, donc nous nous savions dans quelle condition et dans quel esprit ces textes ont été faits. Si aujourd’hui et c’est normal que d’autres compatriotes ont eu une lecture et qui sont fondées et ils doivent développer leurs arguments, puisque nous étions témoins de l’histoire. Nous avons dit que, ce n’était pas l’esprit qui était à la base. Si maintenant que l’arbitrage que nous avons sollicité aura lieu et on nous dit que vous avez tort, nous en prendrons acte !
M. le Président, pendant ce dernier temps, vous faites l’objet des diatribes sur les réseaux sociaux, on vous impute la responsabilité morale et matérielle qui a eu lieu dans notre pays, vos réactions ?
Je répète toujours la même chose ! Lorsque nous étions à Libreville déjà, vous le savez ! Les médias d’Etat ont mobilisé des compatriotes et ont défilé dans la rue ici à Bangui pour dire que l’AFDT avait la même position que l’ex coalition Séléka et par conséquent nous étions complices des Séléka. Lorsque l’accord de Libreville a été signé, les mêmes personnes qui ont marché dans la rue, sont revenues dans la rue pour crier à la victoire du parti au pouvoir à l’époque, parce que les accords de Libreville n’ont pas débauché au départ de leur chef. Ils fêtaient plutôt cette victoire, donc soit nous étions complices de Séléka et nous avions obtenu le départ à Libreville et nous n’étions pas complices, puisque le parti au pouvoir a célébré la victoire c’est-à-dire les accords de Libreville leur convenaient et il y a eu des développements ultérieurs. Ces développements se sont passés entre ceux qui étaient au pouvoir et qui étaient dans la rébellion. Et c’est ce conflit qui a amené à ce changement
En 2003, les compatriotes ont considéré le coup d’état de Bozizé était un sursaut patriotique, mais nous avons condamné le coup d’état de la Séléka ; moi-même sur RFI, j’étais la première personnalité centrafricaine de 25 mars au matin sur les ondes de RFI, invité de Boibouvier, nous avions condamné ce putsch. Et nous avions insisté pour que l’esprit des accords de Libreville demeure. C’est pour ça qu’il y a eu réunion des Chefs d’Etat de la CEEAC pour qu’on mette en place un processus de transition avec le CNT et les institutions de la transition. Lorsque les compatriotes affirment que c’est moi qui l’importateur de la Séléka ou c’est moi qui même financier la Séléka, mais je demande qu’une seule chose, qui est un principe universel de droit. Lorsque vous accusez quelqu’un, vous en apportez la preuve. Parce qu’il y a des personnes qui ont dit que j’ai signé un document avec la Séléka pour qu’elle vienne prendre le pouvoir, voire ;;; d’autres disent que j’ai financé. Mais quand vous financez, ce n’est pas un mandat de western de 1000 euros, y a des virements, des transferts. Y a même qu’ils disent que j’ai fait des réunions avec la Séléka à l’extérieur.
Depuis que je ne suis plus premier ministre, j’ai un passeport diplomatique centrafricain, y a des cachets de déplacement sur mon passeport, y a beaucoup d’éléments que les uns et les autres peuvent être vérifiés. Si quelqu’un me dit que ce que je n’ai pas dit est vrai, je demande une seule chose, c’est d’apporter les preuves de leurs accusations. Dans quel pays au monde, on demande à un accusé qu’il est innocent ? C’est à l’accusateur d’apporter les preuves de son accusation. Ça fait trois ans que j’attends cette preuve. Je vais ajouter quelque chose, vous avez vu que depuis le mois de novembre et décembre dernier, les deux principaux de cette première transition se réunissent régulièrement en Afrique de l’Est et se sont mêmes réconciliés, c’est l’occasion pour l’un de donner à l’autre l’ensemble de preuves pour mon implication dans la Séléka et que ses preuves soient publiées. Pourquoi les centrafricains croient-ils aux Fables ? J’ai aucune immunité, je n’exerce aucune fonction, je ne suis pas membre de CNT, je ne suis pas membre du gouvernement, je suis un citoyen comme tout autre. Il y a une Cour Pénale Spéciale qui vient d’être créée, il y a la CPI, il y a les juridictions internationales et il y a même la juridiction locale centrafricaine.
Que tous ceux qui ont une preuve quelconque de mon soutien financier, matériel, politique en matière d’arme, en matière de munition, ou j’ai fourni des hommes, qu’ils saisissent immédiatement sans délai aussi bien les juridictions nationales et qu’internationales et que tous les centrafricains découvrent que Ziguélé est finalement quelqu’un qui a participé à une insurrection armée. Or personne sous ce ciel n’a aucune quelconque preuve et c’est l’ancien parti au pouvoir qui alimente ces rumeurs. Mon maître en politique, c’est le Président Patassé et il avait l’habitude de dire que : « Le mensonge court beaucoup plus vite que la vérité. Et la vérité est comme la tortue, elle avance, elle tombe, elle se relève. Mais à un moment elle vient, elle dépasse le mensonge, elle frappe le mensonge ». ça fait trois ans qu’on me raconte la même chose, que Dieu fasse que cette personne ait le courage de sortir les preuves des transferts de fonds, des photos de réunions ou bien des factures d’armes et je n’attends que cela.
Pendant ce dernier temps, on appelle le candidat Martin Ziguélé « grand pigeon vert », êtes optimiste à remporter ses élections ?
Vous savez, je suis un militant, un militant se bat c’est parce qu’il espère toujours pour apporter quelque chose à son pays. Si les centrafricains pensent qu’après plusieurs années que j’ai passés dans l’opposition, ici dans ce pays à leurs côtés, à cause des prises de position que j’ai prises pour renforcer la démocratie dans ce pays et à cause de ma constance aux côtés du peuple centrafricain que nous avions mené et que vous-mêmes vous aviez vu, quand on a été lapidé et c’est parce qu’on pouvait pas faire un simple meeting. On est resté dans ce pays et on s’était battu. Il ya un proverbe de chez moi dit que, « lorsque la bouillie est refroidie, vous pouvez les boire par vos narines ». Donc la bouillie est refroidie et y a beaucoup de démocrates. Mais hier vous étiez témoin, nous étions combien à nous battre dans ce pays, Pour que ce pays ne soit pas ensevelie par la dictature.
Si les centrafricains me font confiance, je serai présent. L’élection présidentielle, c’est une rencontre entre un homme et son peuple. Les centrafricains me connaissent, ils savent ce dont je suis capable, mais je suis un être humain, j’ai aussi des insuffisances et c’est ensemble avec eux que nous allons reconstruire ce pays.
Je ne peux pas ventre la peau de l’ours avant de le tuer. Je ne sous-estime pas tous les compatriotes qui sont mes adversaires politique et qui eux aussi pensent qu’ils ont quelque chose à donner à ce pays.
Mais le dernier choix revient au peuple centrafricain, la seule chose que je dis aux compatriotes, regardez-ceux qui ont été toujours à vos côtés dans ce pays ici et qui sont battus avec vous. Parce qu’on a dit dans l’évangile, « au dernier jour, y a beaucoup de prophètes qui arrivent et ce ne sont pas les vrais.
Donc il y a des prophètes de malheur ?
Je vous laisse compléter
Propos recueillis et scriptés par Jean-Bruno GAMBI du quotidien de l’Agora