Le Décret N°15.266, signé le 13 juillet 2015, portant organisation et fonctionnement du ministère de la Communication et fixant les attributions du ministre supprime quatre directions. De l’Agence Centrafrique Presse à la Radio Rurale, en passant par la Direction des Etudes et de la Cinématographie, ces directions sont soit fondues dans un service de la Radio Centrafrique, soit supprimées de l’organigramme.
De l’Agence Centrafrique Presse (ACAP)
L’ACAP, créée par la Loi en 1961, a été rattachée au Cabinet du Ministre en 1982 par la reforme structurelle. Depuis cette année, elle bénéficie de la subvention de l’Etat pour son fonctionnement. Dans le nouvel organigramme, elle n’apparait nulle part. On peut lire dans le décret une direction de la Radio Centrafrique intitulée ‘’Direction de l’Information et de la presse et un service de reportage, photographie et sport’’. « Rien n’explique dans le décret que c’est l’ACAP qui est fondue. Le décret ne mentionne nulle part la place de l’ACAP et où vont le personnel de l’ACAP », a fait observer un cadre du ministère de la Communication sous l’anonymat.
« L’ACAP a été créée par une Loi. Le décret ne peut pas abroger une Loi », a relevé la source.
Les responsables de l’ACAP se réservent de se prononcer sur ce changement, en attendant la réaction officielle.
L’ACAP est affiliée à la Fédération Atlantique des Agences de Presse Africaines (FAAPA), avec 32 membres en réseau de partage et de diffusion des informations à l’échelle mondiale. Cette agence de presse nationale est aussi partenaire de l’Agence Marocaine de Presse, qui appui la formation et l’échange d’expérience.
Dans le décret dont le RJDH a obtenu copie, la situation du site Internet de l’ACAP n’est pas mentionnée. « Nous ne savons pas comment va fonctionner ce site Internet. Dans le cas contraire, nous allons fermer le site », a dit un agent de cette agence.
Selon le décret en son article 26, « La Direction des Informations a pour mission la détermination de l’orientation spécifique de chaque édition tant sur le fond que sur la forme, la recherche, la collecte, l’analyse, le traitement, la diffusion par des moyens modernes de communication, des informations recueillies ».
La Direction de la Radio Rurale intègre la Direction des Programmes de la Radio Centrafrique
La Direction de la Radio Rurale, qui était à part entière doit désormais faire partie de la Direction des Programmes. La Radio Rurale propose des programmes pour le monde rural et dispose des tranches spéciales à la Radio Centrafrique. Elle compte trois services.
« La Direction des Programmes et de la Radio Rurale a pour missions la programmation de toutes les émissions radiophoniques, l’appui de la politique du Gouvernement en matière de développement rural et l’élaboration périodique de la grille des programmes », précise le décret en son article 23.
La Radio Rurale est le fruit d’un accord de partenariat entre la République Fédérale d’Allemagne et la République Centrafricaine. Elle est aussi le résultat d’une analyse des moyens de production, de diffusion et de l’organisation de la Radio Centrafrique. Cette structure qui est installée au sein de la Direction Générale de la Radio Centrafrique a été créée en 1984 grâce à la coopération allemande et est devenue opérationnelle le 17 juillet 1988.
Les 16 préfectures du pays sont couvertes par les correspondants de la Radio Rurale, même si la crise retarde encore le redéploiement de certains dans leurs postes.
« Au moment où on cherche des moyens à redéployer nos agents pour appuyer la politique de la Décentralisation et du développement Local, on ramène cette direction sous la direction des programmes qui a aussi ses tâches à accomplir. Au lieu que le gouvernement cherche à développer les choses, il réduit l’effort que font les autres », a commenté un cadre du ministère de la Communication, qui a ajouté que « les responsables des directions concernées n’ont pas été associés à cette reforme ».
Les directions des Etudes et du Cinéma touchées par cette reforme
La Direction des Etudes n’apparait nulle part dans le nouvel organigramme du ministère de la Communication. Cette direction s’occupe de l’analyse des projets du ministère. Elle a été rattachée au cabinet.
Cette direction accueille les cadres du ministère qui perdent leurs postes ou en attente de leur prise de fonction.
La direction de la cinématographie, à la Télévision Centrafricaine a été aussi touchée par cette reforme. Cette direction, selon nos informations appui la réalisation des films sur la RCA et sélectionne des films d’ailleurs qui sont autorisés à passer sur la Télévision nationale. Elle devrait désormais faire partie de la direction des programmes.
Des personnels réagissent sur cette reforme
Selon les informations recueillies auprès des agents du ministère de la Communication, « cette reforme n’a pas été préparée ». « Nous sommes surpris d’entendre le décret à la radio. Il n’est pas possible au moment où on doit redynamiser les structures, les fragiliser encore », dit un agent.
« (…), prenons l’exemple de l’ACAP qui est une agence de presse nationale. C’est inadmissible de la ramener dans un service de la Radio Nationale. Le développement des novelles technologies voudraient que cette agence soit soutenue, qu’elle installe des correspondants à travers le pays pour qu’elle reprenne sa place d’autant. C’est une fuite de responsabilité du gouvernement, en signant ce décret », a fait observer une source du ministère sous l’anonymat.
« Je pense que ce texte a été préparé par ceux qui ne maitrisent pas le domaine de la communication. Il suffisait d’ériger ces directions aux Directions Générales au lieu de les faire disparaitre », a souligné un journaliste de la presse privée.
Au cabinet du ministre et aux directions touchées par cette reforme, les gens préfère garder le silence. Pour eux, le nouveau ministre nommé le 20 juillet, après sa prise de fonction pourra répondre aux préoccupations des journalistes et donner des raisons qui ont poussé le gouvernement à prendre valider ce nouvel organigramme.