Centrafrique, Congo, Egypte, Djibouti: le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian s’est envolé mercredi soir pour une longue tournée en Afrique, qu’il arpente et où il a noué des relations étroites depuis sa prise de fonction en 2012.
De jeudi à lundi, M. Le Drian, parfois surnommé "ministre de l’Afrique", visitera les troupes françaises et discutera avec les dirigeants de ces pays de problèmes variés: transition politique, attaques jihadistes, matériel militaire...
Plusieurs des étapes étaient envisagées de longue date, mais Jean-Yves Le Drian a été bloqué en France par la prolongation des débats sur la loi de programmation militaire, finalement adoptée vendredi.
En Centrafrique, il fera le point sur le désengagement progressif du contingent français de l’opération "Sangaris", passé de 1.700 à environ 800 hommes. "Si la météo le permet, il ira en province pour voir les dernières troupes se retirer, puisque l’idée est d’avoir un dispositif concentré à Bangui", a expliqué son entourage à l’AFP.
Le renversement en mars 2013 du président centrafricain François Bozizé par une rébellion à dominante musulmane, la Séléka, avait plongé cette ex-colonie française dans le chaos et la plus grave crise de son histoire depuis son indépendance en 1960. Pour enrayer les massacres entre communautés musulmanes et chrétiennes, la France avait déployé l’opération "Sangaris" en décembre 2013.
Après de nombreuses pressions internationales, une autorité de transition avait été mise en place en janvier 2014. Après plusieurs reports (la première date envisagée était novembre 2014) et dans un contexte toujours hautement instable, elle vient de fixer la tenue des élections présidentielle et législatives au 18 octobre.
Jean-Yves Le Drian fera le point sur ce processus avec la présidente de la transition centrafricaine, Catherine Samba Panza, puis ira au Congo pour faire de même avec le président Denis Sassou Nguesso, qui joue le rôle de médiateur chez son voisin.
Le ministre français changera ensuite totalement de sujet au Caire, où il discutera de la crise libyenne avec le président Abdel Fattah al-Sissi, avec qui il entretient de bonnes relations.
"Vieux couple"
Depuis la chute du régime du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est en proie au chaos, avec deux gouvernements qui se disputent le pouvoir et des jihadistes qui profitent de la situation pour gagner du terrain.
Des combattants proches du groupe Etat islamique (EI) se sont ainsi implantés dans l’est du pays, non loin de la frontière avec l’Egypte, qui doit déjà affronter la menace jihadiste dans le Sinaï.
Dans ce contexte, l’Egypte cherche à renforcer rapidement son armement. En début d’année, Le Caire a acheté à la France 24 avions de combat Rafale et une frégate multimissions, en demandant à ce qu’ils soient livrés le plus vite possible. Trois des Rafale et la frégate viennent de rallier ses rangs. "Le ministre va discuter des suites des livraisons de matériel", a précisé son entourage.
Ensuite, cap à l’Est: Jean-Yves Le Drian sera le premier ministre français de la Défense à se rendre à Djibouti depuis 2004, bien que ce petit pays de la Corne de l’Afrique abrite l’une des principales bases militaires françaises à l’étranger (2.000 hommes).
La France et Djibouti sont "comme un vieux couple", a déclaré en amont de la visite une source diplomatique locale. "On vit ensemble depuis 150 ans, mais on ne prend pas forcément le temps de faire un dîner aux chandelles. Cette visite, c’est le dîner aux chandelles..."
Mais l’heure ne sera pas aux roucoulades: le ministre, qui sera reçu par le président Ismaël Omar Guelleh, devrait officialiser une baisse significative des effectifs militaires français. Selon des sources proches du dossier, le contingent sera réduit de 300 personnes cet été, et d’au moins 300 autres d’ici deux ans.