- Centrafricaines ;
– Centrafricains ;
– Chers compatriotes.
J’ai décidé ce jour de rompre le silence que j’ai observé depuis quelques mois pour m’adresser à vous en commençant par exprimer à tous ma compassion et mes encouragements pour les moments difficiles que notre nation a vécus.
Chacun d’entre nous, à sa manière, mieux que quiconque, est à même de se souvenir des atrocités subies. D’une manière générale, toute la population de notre cher pays en partage, la République Centrafricaine, a souffert et continue de souffrir des conséquences de ces événements douloureux qui ont mis à mal notre pays depuis le dernier trimestre de l’année 2012.
Beaucoup d’entre vous se sont interrogés et s’interrogent encore sur mon silence observé depuis que j’ai quitté le magistère de la primature le 17 janvier 2013. Je puis leur répondre sans fioritures que je me suis toujours donné comme mot d’ordre, celui de toujours faire confiance à ceux des nôtres qui se battent pour accéder aux hautes fonctions de l’État dans notre pays, si tant est qu’ils en ont la capacité ainsi qu’ils le clament.
Lorsque, suite aux Accords de Libreville du 11 janvier 2013, je devais, en ma qualité de Premier Ministre, Chef du Gouvernement, passer le relais à un fils du pays de l’Opposition Démocratique, je n’avais pas hésité un seul instant. Je l’avais fait avec un cœur pur, léger, sans haine ni remords.
Je plaçais, ainsi que vous tous, ma pleine confiance dans nos dirigeants que j’estimais à la hauteur d’emmener notre chère République Centrafricaine à réaffirmer son ancrage dans la démocratie afin de garantir le bien-être de tous.
La confiance que nous avons placée, vous et moi, à la nouvelle équipe dirigeante de notre pays, qui était issue des Accords de Libreville, était fondée sur les déclarations rassurantes que les compatriotes de l’opposition d’hier faisaient et dont le peuple tout entier était témoin.
Comment ne pas nous faire confiance les uns les autres? Faille-t-il, vaille que vaille, après que j’aie quitté mes fonctions de Premier Ministre, Chef du Gouvernement, que je me livre dans des invectives, des contestations systématiques; ou que je me livre dans des diverses déclarations tendant à perturber le fonctionnement de nos institutions? Non!
J’estimais pour ma part qu’il était sage de laisser libres nos dirigeants conduire le navire Centrafrique à bon port.
Le début de toute entreprise est certes difficile, j’en conviens mais malheureusement la confiance que vous et moi avions placée en nos dirigeants a été trahie. À qui la faute?
La carence en matière de gouvernance a conduit le peuple centrafricain à vivre des situations les plus dramatiques que le pays n’a jamais connues. Des exactions de tout genre ont été commises. Je ne puis les citer toutes mais, ainsi que nous le savons tous, les cours d’eaux Oubangui, Ouaka, Kemo, Kotto, Nana, Pende, Ouham que sais-je encore, charriaient des corps sans vie de nos compatriotes, victimes de la folie des hommes, vers des destinations inconnues sans que des sépultures dignes ne leur soient réservées. Prions Dieu pour que leurs âmes reposent en paix. Les unités de production ont été détruites. Les bâtiments scolaires et hospitaliers ont été vandalisés sinon détruits. Les greniers incendiés. Le tissus social a été déstabilisé occasionnant le déplacement de nombreux compatriotes sur des sites de refuge pour se placer sous la protection des forces de défense et de sécurité des pays amis et des Nations-Unies à qui je tiens à témoigner toute ma gratitude. Nos mamans et nos sœurs ont été violées. Les édifices cultuels ont été profanés, les serviteurs de Dieu violentés s’ils ne sont pas assassinés. L’administration de l’Etat est réduite à sa plus simple expression au grand dam de nos populations.
Aussi, je tiens à adresser très sincèrement et du fond du cœur, toute ma gratitude aux organisations non gouvernementales étrangères et nationales qui ont su efficacement pallier la carence de l’État en apportant à la population centrafricaine la dignité et l’humanité dont elle a besoin.
Toutefois, J’adhère à cette maxime qui dit: <
Nous devons tout mettre en œuvre pour bâtir une République Centrafricaine que nous aimons tous et où il fera bon vivre en paix, dans la justice, l’équité, la cohésion sociale et le droit d’aller et venir sur tout le territoire. Pour y parvenir, nous devons suivre les principes qui, désormais, doivent régir nos vies; à savoir: le respect de L’éthique, de l’intégrité; le sens de la responsabilité; le Respect de nos lois et règles; le respect des autres citoyens; l’amour du travail; la volonté de bien faire; la promotion de l’intérêt général et surtout la lutte contre la corruption. Nous n’avons désormais qu’un seul mot d’ordre: faire grandir les autres pour grandir soi-même.
Les élections que nous souhaitons tous libres, transparentes et démocratiques sont une occasion capitale pour chasser définitivement de notre pays les démons de la haine, de la division, de la soustraction pour ne privilégier que l’addition et la multiplication de tous autour des idéaux de Barthélémy Boganda.
Tous, nous devons prendre l’engagement solennel de changer le cours des événements nocifs récurrents qui perturbent la vie de nos paisibles concitoyens.
Les défis sont certes grands mais, je ne doute pas un seul instant de notre détermination, vous et moi, à les relever. Entre autres défis les plus urgents auxquels nous devons nous attaquer, je puis citer:
La corruption, je dis bien la corruption, qui est érigée en mode de gestion, la sécurité et la paix mises à rude épreuve dans notre pays; sans oublier la santé, l’éducation et l’emploi des jeunes.
Ensemble, nous devons gagner ce pari en apportant des réponses appropriées à toutes ces préoccupations.
Ensemble nous devons imprimer les valeurs d’Unité, de Dignité et de Travail, socles de notre identité, à notre chère patrie pour honorer la mémoire du Président fondateur de notre chère République Centrafricaine, Barthélémy Boganda.
Face aux contraintes qui s’incrustent dans notre pays et qui pénalisent son développement, je prends à mon compte la déclaration faite par Barthélémy Boganda qui disait je cite: <
Oui, la République Centrafricaine connaît des moments difficiles de son histoire, mais je suis résolu à me battre de toutes mes forces pour lui redonner avec vous un avenir meilleur.
Je suis persuadé que, face aux problèmes qui se posent à nous, une vision claire de notre avenir, accompagnée d’un engagement sans faille permettra de redresser la situation.
Je vous le dis en me fondant sur mes modestes expériences de cinq (5) années à la tête du Gouvernement où j’ai pu me rendre compte non seulement de l’immensité de la tâche de reconstruction de ce pays, mais surtout de ses atouts si nous fixons le meilleur cap.
Je le dis aussi parce que je suis confiant au projet de société que je vais vous présenter et qui décline une réelle ambition pour la République Centrafricaine et pour chacun de vous.
Je le dis encore parce que la République Centrafricaine regorge de nombreuses ressources naturelles et qu’elle offre des atouts pour l’agriculture et l’élevage. Pour ce faire, nous avons besoin, pour leur mise en valeur, d’un capital humain particulier. Notre jeunesse doit être bien formée dans la maîtrise de la science et de la technique pour transformer en richesse ce que la nature nous offre gracieusement.
Je m’engage à restaurer la justice pour qu’elle devienne le fondement de notre nouvelle société. Il n’y aura plus de justice des plus forts face à celle des plus faibles.
Les Centrafricains doivent pouvoir vivre de leur travail, avec des emplois dans les secteurs public et privé. Les jeunes diplômés seront au centre de nos préoccupations pour qu’ils trouvent leur place dans la société.
Chacun doit avoir accès aux soins et aux services essentiels tels que l’eau, l’électricité, le transport etc…
Nos anciens ont droit à une retraite digne pour les efforts qu’ils ont déployés pour soutenir notre pays; et à une prise en charge des droits liés à leur retraite. Je ferai du payement régulier des pensions une priorité du Gouvernement comme je l’ai fait par le passé à la satisfaction des bénéficiaires.
L’égalité des droits pour tous, entre les hommes et les femmes; entre les handicapés et les personnes valides; entre les minorités et les autres composantes de notre nation, doit enfin devenir une réalité.
La culture traditionnelle centrafricaine, essence de notre existence, doit être mise en avant pour promouvoir le développement de notre pays fondé sur ses réalités.
Je veux enfin que notre pays retrouve toute sa place et sa voix dans le concert des nations au moyen d’une diplomatie que je vais réformer en profondeur pour la rendre plus efficace.
Je veux redonner à la République Centrafricaine la dimension d’un État laïc, solidaire, avec la déconcentration et la décentralisation des pouvoirs de l’État pour qu’ils soient proches des populations grâce au choix que vous allez faire.
Je m’engage à œuvrer de toutes mes forces pour rendre les institutions de la République démocratiques et fortes avec un Président qui préside, un Gouvernement qui gouverne, un Parlement respecté. L’indépendance de la justice et des médias doit être assurée. Les syndicats doivent être actifs pour défendre les intérêts des travailleurs.
Je veux plus que tout rassembler, rassembler tous les Centrafricaines et les Centrafricains qu’ils soient de l’Est, de l’Ouest, du Nord ou du Sud, de toutes les confessions religieuses pour qu’ensemble nous reconstruisions notre cher et beau pays que nous aimons tous, la République Centrafricaine.
Ainsi, j’ai décidé ce jour de déclarer solennellement ma candidature à l’élection présidentielle d’octobre 2015, en tant que candidat indépendant, en comptant, bien entendu, sur votre soutien et votre suffrage pour rendre possible notre rêve partagé de reconstruire notre pays dès 2016.
Vive la République Centrafricaine!
Que Dieu bénisse le peuple centrafricain!
Je vous remercie.