Dans une interview accordée au RJDH, le vendredi dernier, Gaston Mandata Nguerekata, président du Parti pour la Renaissance Centrafricaine (PARC) et candidat déclaré à la présidentielle d’octobre-novembre 2015 s’est dit favorable au vote des réfugiés. Pour lui, les écarter serait une source de tension. Gaston Mandata Nguerekata a aussi abordé les questions relatives aux opérations du recensement électoral, au respect du chronogramme électoral et à son retour pour les élections.
Sylvestre Sokambi (SS) : Professeur Gaston Mandata Nguerekata, bonjour.
Gaston Mandata Nguerekata (GMN) : Bonjour
SS : Vous êtes président du Parti pour la Renaissance Centrafricaine (PARC) et candidat déclaré à la présidentielle d’octobre-novembre 2015. Depuis le 29 juin, l’Autorité Nationale des Elections conduit les opérations du recensement électoral. Quelle lecture faites-vous dudit recensement, plus d’un mois après le lancement des opérations ?
GMN : L’Autorité Nationale des Elections a mis l’appareil électoral en marche avec la publication du chronogramme électoral et le lancement des opérations du recensement électoral. Je pense que c’est déjà une bonne chose que la machine ait été mise en marche. Mais je crois qu’il y a beaucoup de ratés du à l’impréparation. Nous savons que plusieurs zones n’ont pas été couvertes, des agents recenseurs qui ne sont pas bien formés et qui n’ont pas perçu leurs primes. Tout cela jette un peu l’ombre sur le processus. Malgré tout, nous estimons qu’il faut encourager l’Autorité Nationale des Elections et l’appeler à la persévérance car rien n’est parfait. L’essentiel c’est que l’Autorité Nationale des Elections arrive à corriger les imperfections d’aujourd’hui pour recadrer le reste du processus.
SS : Par rapport aux primes des agents recenseurs, l’Autorité Nationale des Elections a déclaré que c’est au PNUD de les régler. Comment vous appréciez cela ?
Il s’agit là, une fois de plus de la preuve que les Centrafricains n’ont pas le contrôle de leur destin. Vous savez autant que moi, que depuis quelques temps, nous avons perdu notre souveraineté et c’est la communauté internationale qui dans les faits, gère les affaires courantes de la République Centrafricaine. Mais, ce n’est pas une fatalité. Le plus important aujourd’hui, c’est de profiter de tous les appuis que nous avons pour réussir les élections de sortie de crise afin de sauver ce pays qui n’a fait que souffrir depuis l’indépendance. Je crois que l’Autorité Nationale des Elections est en train de faire des efforts qu’il faut soutenir.
SS : Les opérations du recensement étaient prévues du 27 juin au 27 juillet. Ce délai n’est pas respecté, ce qui va certainement jouer sur le calendrier initial. Croyez-vous encore au premier tour des élections d’ici 18 octobre ?
GMN : Tous les ratés au niveau du recensement électoral, auront des répercussions sur le chronogramme initialement établi, chronogramme qui a fixé le vote référendaire au 04 octobre, le 1er tour des élections au 18 octobre et le second tour le 22 novembre. Aussi, il existe des pesanteurs diverses qui sont organisées à dessein pour faire prolonger une fois de plus la transition dans ce pays. Mais là n’est pas le problème le plus grave, car même dans les pays normaux, nous assistons à des reports d’élections. Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est de continuer à pousser la barque de telle sorte de déjouer toute volonté qui cherche à retarder les choses pour des raisons évidentes. Je tiens à relever que cette première étape est fortement menacée parce qu’il y a des partis politiques et des leaders politiques bien connus qui sont en train de d’organiser des fraudes. Ils ont amené des citoyens de la RDC pour les faire inscrire sur les listes. Ces cas ont été enregistrés un peu partout en provinces notamment à Paoua où ces fraudes sont organisées par ces gens là.
SS : Vous faites allusion à quelles formations politiques et quels leaders ?
La presse centrafricaine, certains journaux notamment ont bien identifié ces leaders politiques. Je ne vais pas revenir dessus.
SS : Attendez-vous déjà à un report des élections ?
GMN : C’est à l’Autorité Nationale des Elections de nous dire si report il y aura ou non parce que c’est l’organe technique de l’organisation des élections. Mais vu la réalité, il est possible de penser au report.
SS : Le vote des réfugiés pose problème divise les institutions de la transition ainsi que la classe politique centrafricaine. Quelle est votre position sur la question ?
Nous relevons deux aspects par rapport à cette question. Il y a les aspects juridique et politique. Au plan juridique, il n’ya plus rien à dire puis que la cour constitutionnelle de transition qui décide en dernier ressort, a déjà dit qu’il fallait que les réfugiers puissent avoir à remplir leur devoir de citoyens. Maintenant, reste l’aspect politique. Je pense que ces réfugiers là ne sont pas partis d’eux mêmes. Ils ont été contraints au refuge. Aussi, nous sommes en train de chercher à sortir d’une crise multidimensionnelle. Si on empêche nos compatriotes qui sont refugiés ailleurs, de voter, cela va dégénérer en révolte en opposition. Sur le vote des réfugiers, il faut jouer à l’apaisement et donner la chance à tout le monde de participer à ces élections.
Je n’ignore pas l’inquiétude de ceux qui affirment que le vote des réfugiers donne l’occasion à des étrangers de participer aux scrutins. Mais cette inquiétude peut être traitée sur le plan technique et administratif. Il faut donner la possibilité à l’Autorité Nationale des Elections qui a fait ses preuves car elle a pu découvrir les étrangers qui ont été amenés à s’inscrire sur les listes électorales, de traiter la question. Il est aussi possible que la Minusca qui est venue aider, mette les moyens à la disposition de l’ANE pour vérifier qui est Centrafricain et qui ne l’est pas. Je pense que c’est faisable.
SS : A un mois et demi des élections, vous êtes encore à l’étranger à lors que les autres conquérants sont sur le terrain. Comment vous comptez rattraper ce retard ?
GMN : J’ai commencé à rencontrer les Centrafricains depuis plusieurs mois. Vous comprenez que je n’ai pas pris du retard. Je suis retenu pour le moment à l’étranger pour raison de santé. Mais je suis sur le point de rentrer chez moi pour la victoire finale. J’ai, toutefois, mon équipe qui continue de travailler tant à Bangui que dans toutes les provinces de la RCA. Donc loin de la RCA, je continue d’œuvrer pour qu’un jour ce pays puisse connaitre un lendemain meilleur.
SS : Gaston Mandata Nguerekata, merci.
GMN : Merci à vous.
Propos recueillis par Sylvestre Sokambi