Le parti de Me Nicolas Tiangaye, la Convention Républicaine pour le Progrès Social a ouvert samedi 8 août à l’Hôtel Ledger Plaza de Bangui les travaux de son premier Congrès ordinaire destiné à remplacer le Directoire provisoire et par la mise en place des structures pérennes et des dirigeants élus de cette formation politique. Plusieurs partis politiques tant nationaux qu’étrangers invités ont répondu présents et lu à la tribune des messages de soutien comme le MLPC de Martin Ziguélé, le RDC de Désiré Kolingba, le PATRIE de Crépin Mboli-Goumba, KELEMBA d’Elie Doté ou encore l’ANC de Maxime Kazagui. Même le KNK de Bozizé n’était pas en reste. Il a dépêché Christian Guénébem pour délivrer son message. Au titre extérieur, un message de l’ancien Ministre d'Etat sénégalais Landing Savané, Secrétaire Général de And-Jëf/PADS a également été lu aux congressistes. Les travaux du congrès de la CRPS prendront fin ce lundi 10 août avec sans doute l’investiture de ses candidats aux prochaines élections législatives.
1er CONGRES ORDINAIRE (8, 9, 10 août 2015)
DISCOURS D’OUVERTURE DU PRESIDENT DU DIRECTOIRE POLITIQUE PROVISOIRE
Me NICOLAS TIANGAYE
Monsieur le Représentant de son Excellence Mme la Présidente de la République, Chef de l’Etat de Transition
Monsieur le Représentant de l’Honorable Président du Conseil National de Transition
Monsieur le Représentant de son Excellence Monsieur le Premier Ministre de Transition,
Monsieur le Représentant du Président de la Cour Constitutionnelle de Transition
Monsieur le Président du Haut Conseil de la Communication de Transition
Monsieur le Représentant du Président de l’Autorité Nationale des Elections
Excellences Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et représentants des Organisations Internationales
Mesdames et Messieurs les Chefs de Partis Politiques
Mesdames et Messieurs les leaders des Centrales syndicales
Messieurs les Représentants des Confessions religieuses
Mesdames et Messieurs les leaders des Associations de la Société Civile
Républicains membres du Directoire Politique Provisoire
Républicains membres des Fédérations et sous fédérations du Parti
Républicains membres des organes connexes du Parti
Républicains membres des organes de base du Parti
Chers congressistes
C’est avec une fierté légitime et une joie immense que je souhaite la bienvenue à nos illustres invités.
Excellences, Mesdames et Messieurs, distingués invités, votre présence au 1er Congrès Ordinaire de la Convention Républicaine pour le Progrès Social, malgré vos multiples occupations, rehausse de manière éclatante cette cérémonie d’ouverture. Daignez accepter par ma voix l'hommage de notre sincère reconnaissance pour votre bienveillante et constante sollicitude.
Je remercie ceux d’entre vous qui ont bien voulu nous délivrer des messages d’encouragement dont le contenu ne saurait nous laisser insensible.
L'Alliance des Forces Démocratiques pour la Transition (AFDT) au sein de laquelle nous menons notre combat occupe en ce moment historique, une place de choix dans nos pensées. Notre conviction profonde est que le salut réside dans l’unité d’action. Qu’elle trouve ici l’expression de nos salutations fraternellement militantes et de notre solidarité agissante.
Je salue particulièrement nos militants de provinces qui, malgré les difficultés de tous ordres, dont l'insécurité qui règne encore dans certaines régions de notre pays, ont bravé les dangers et fait le déplacement, témoignant ainsi leur indéfectible attachement aux idéaux de notre formation politique. Ils ont voyagé avec des moyens de fortune, qui en taxis-motos, qui à bicyclettes, qui en pirogues, qui à pieds. Je suis admiratif de leur courage. Leur sens du devoir nous donne des raisons d’espérer. En mon nom et en celui de tous les membres du Directoire Politique Provisoire, qu'ils reçoivent nos félicitations républicaines.
J’adresse mes encouragements à tous les représentants des Fédérations CRPS de France-Europe-Asie, du Sénégal et du Cameroun qui n’ont pas hésité un seul instant à faire le voyage de Bangui pour se joindre aux autres républicains afin de participer à ce Congrès.
Je félicite les membres du Comité d’organisation du Congrès qui n’ont ménagé aucun effort pour la réussite de ces assises. En leur nom, je sollicite votre indulgence pour les imperfections que vous aurez relevées.
A vous tous chers Congressistes, j'adresse mes salutations républicaines à l'occasion de ce 1er Congrès Ordinaire placé sous le signe de la paix, de la réconciliation et de l’unité nationale. En votre nom, je demande une minute de silence pour tous ceux qui, pendant cette crise ont été brutalement arrachés à l’affection de leur famille, aux militants du Parti disparus et aux soldats des Forces Internationales tombés pour la paix dans notre pays.
Chers Congressistes,
L’apprentissage de la démocratie se fait d’abord dans nos partis politiques. Nous devons avoir le sens de la critique, de l’autocritique et de la tolérance pour mieux nous projeter dans le futur.
Votre tâche au cours de ce Congrès se conformera aux statuts et règlement intérieur de notre parti, à savoir entre autres:
- prendre des résolutions,
- définir les grandes lignes politiques ainsi que les orientations stratégiques du Parti,
- élaborer et voter le projet de société, amender ou abroger toutes dispositions statutaires ou règlementaires, et autres documents fondamentaux du Parti,
- décider des sanctions, de la levée des sanctions ou de la réhabilitation des membres des organes sanctionnés après leur audition en commission ou en plénière,
- élire le Président du Parti et les autres membres du Comité Central, et du Directoire Politique,
- investir le candidat du Parti à l’élection présidentielle,
- élire les membres de la Commission Nationale de Contrôle et de la Commission Nationale chargée du contentieux.
Excellences Mesdames et Messieurs ;
Distingués invités;
Chers Congressistes;
La Convention Républicaine pour le Progrès Social (CRPS) est un parti politique qui a vu le jour le 24 mai 2008 lors de son Assemblée Générale Constitutive. Il avait participé au Dialogue Politique Inclusif de décembre 2008. J’avais au nom du Parti, siégé au Comité de suivi comme Président de la Commission Politique et Gouvernance. Le Parti avait participé aux élections législatives de 2011 et n'avait pas présenté de candidat à l'élection présidentielle. Ces élections entachées de fraudes massives sans précédent dans l'histoire de notre pays avaient été considérées comme "sujettes à caution" par les observateurs internationaux et avaient constitué le point de départ de la grave crise que nous connaissons actuellement.
Les soubresauts qui avaient secoué notre pays ne nous ont pas permis de tenir notre 1er Congrès Ordinaire en 2013. Toutefois le Parti a pris part à toutes les activités qui ont touché à la vie politique et à l’avenir de notre pays. Il a pris position soit individuellement soit collectivement au sein de plateformes de partis politiques comme « les Autres Partis », « le Collectif des Forces du Changement(CFC) », « le Front pour l’Annulation et la reprise des Elections de 2011 (FARE2011) », «la Coordination des Partis et Associations politiques de l’Opposition Démocratique (COD) » et enfin depuis janvier 2014 « l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Transition (AFDT) ».
La CRPS avait bénéficié de la confiance des formations politiques de l’opposition démocratique pour coordonner ses activités. Ainsi votre humble serviteur avait dirigé la délégation de l’opposition aux négociations qui avaient conduit à la signature de l’accord politique de Libreville du 11 janvier 2013.
Cet accord ayant concédé le poste de Premier Ministre à l’opposition démocratique, celle-ci à l’unanimité avait porté son choix sur ma modeste personne.
Le Parti siège au Conseil National de Transition. Il a participé au Forum National de Bangui, aux discussions sur l’adoption du code électoral et de la nouvelle constitution.
Conscient de ses responsabilités historiques, elle œuvre inlassablement avec les forces vives de la nation pour une transition apaisée et respectueuse de la Charte Constitutionnelle de la Transition afin d’aller à des élections justes, équitables, transparentes et inclusives.
Tout en respectant les choix des autres forces politiques et sociales, nous pensons qu’il y’a des défis communs que nous devons tous relever ensemble si nous voulons sortir de la spirale des violences cycliques dont notre pays est malheureusement coutumier.
Le premier défi est d’ordre sécuritaire. Nous ne le dirons jamais assez. Dans un contexte de terrorisme international, notre pays peut facilement devenir le sanctuaire de fondamentalistes aveugles capables de déstabiliser toute la sous-région.
C'est le lieu ici de saluer la communauté internationale et particulièrement les forces internationales sans l'intervention desquelles, le pays aurait inéluctablement connu une implosion. Je veux féliciter la FOMAC devenue la MISCA et ensuite la MINUSCA, ainsi que la Force SANGARIS et l'EUFOR-RCA. Je m'incline devant le sacrifice de leurs soldats tombés pour la paix en Centrafrique. Nous avons à l'égard de ces pays frères et amis une dette éternelle de reconnaissance, un devoir inoubliable de gratitude.
Si le défi sécuritaire n'est pas correctement réglé, il est à craindre que les autres aspects de la crise ne puissent trouver leur épilogue.
Nous restons convaincus que le désarmement des forces négatives, et la mise en orbite opérationnelle des Forces Armées Centrafricaines (FACA) restructurées sont des prérequis pour la stabilisation de la situation sécuritaire. C'est pourquoi, tout en louant les efforts de la communauté internationale, nous appelons à une approche et à une lecture plus cohérente des résolutions des Nations Unies qui placent le mandat des casques bleus sous le chapitre 7 de la Charte. Nous pensons que certaines situations requièrent l'usage de la force par les soldats de la paix. Ils l’ont courageusement fait à Batangafo et à Bria et récemment au Km 5. Nous les encourageons à continuer dans cette voie.
Le second défi est politique et porte d’une part sur l’effectivité de la mise en œuvre des conclusions du Forum National de Bangui dont nous saluons les recommandations fortes notamment le Pacte républicain et la signature de l’engagement de désarmement par les groupes armés, la lutte contre l’impunité et d’autre part sur les élections.
Il est important de relever que la quête de l’unité nationale ne doit pas rimer avec l’impunité nationale. Un proverbe africain nous enseigne que « l’indulgence envers le vautour est une injustice contre le poussin ».
Les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité dont a atrocement souffert notre peuple ne sauraient rester impunis. Nous saluons la création de la Cour Pénale Spéciale par les Institutions de la Transition et encourageons la Cour Pénale Internationale dans son initiative de poursuivre et de juger les auteurs de ces crimes.
Si les élections doivent consacrer le retour à l’ordre constitutionnel, elles peuvent soit atténuer, soit aggraver la crise selon qu’elles auront été bien ou mal faites. C’est pourquoi, nous lançons un appel pour que les consultations soient plurielles, inclusives, libres, justes et transparentes, dans le respect le plus strict des lois et règlements de notre pays.
A ce sujet, la CRPS rappelle les valeurs républicaines aux rangs desquelles on doit inscrire l’indépendance de la justice qui constitue la clé de voûte de toute démocratie. C’est un principe universel qui a aussi droit de cité en Centrafrique. Notre parti portera un regard critique sur toute velléité d’atteinte à cette indépendance judiciaire.
Si la CRPS salue l’action de la communauté internationale sans laquelle le pays aurait connu une désintégration totale, elle pense que c’est aux centrafricains et à seuls que revient la mission historique de définir les enjeux politiques de leur propre avenir. Ils ne sauraient être comptables des conséquences dommageables de décisions prises sans eux ou contre eux.
C’est pourquoi la CRPS voit avec appréhension une certaine prétention à vouloir décider à la place de notre peuple ou à imposer des solutions à nos institutions.
L’Histoire est là pour attester que la solidarité internationale n’a jamais existé à sens unique et qu’elle constitue le ciment unificateur de la civilisation humaine.
Quant à nous les acteurs politiques, nous devons reconnaître notre propre responsabilité dans la décadence de notre pays et les souffrances endurées par notre peuple à qui nous devons demander pardon pour n’avoir pas été à la hauteur de ses attentes et de ses espérances. Maintenant que le pays est déjà dans l’abîme par notre propre faute, nous devons prendre conscience de l’urgente nécessité de le sauver quelques soient nos divergences.
Un proverbe africain dit : « Les chiens se détestent, mais s’unissent dès qu’ils voient un chacal ». Alors mes chers compatriotes, si ne pouvons pas faire mieux que les chiens, au moins faisons comme eux. Nous unir face au péril de désintégration de notre pays est une exigence patriotique minimale de survie nationale.
Le troisième défi est d’ordre humanitaire : en effet la situation humanitaire dans l'ensemble du pays est très préoccupante avec plus de 2,7 millions de personnes ayant besoin d'assistance, 450.000 réfugiés dans les pays voisins et près de 400.000 personnes déplacées à l'intérieur du pays pour une population totale de 4,500.000 habitants. Tous les efforts doivent porter sur le retour des réfugiés et des déplacés dans leurs foyers. La réconciliation nationale est à ce prix.
Le quatrième défi est d’ordre économique et social. Le redressement économique de notre pays doit constituer un axe prioritaire de l’action gouvernementale. La CRPS au cours de ce Congrès adoptera un projet de société et un programme politique qui constitueront sa contribution à l’œuvre de reconstruction de notre pays.
Excellences, Mesdames et Messieurs
Distingués invités
Chers Congressistes
Je termine en disant avec humilité à mes concitoyens : « aucun de nous ne possède la lumière, mais chacun de nous peut apporter un éclairage » pour sauver notre pays.
Certains l’ont fait avec lucidité en tirant la sonnette d’alarme. Le 29 janvier 2010 déjà, le Président du Parti Social Démocrate (PSD) l’ancien Premier Ministre centrafricain Enoch DERANT LAKOUE prononçant le discours d’ouverture du Troisième Congrès Ordinaire de son Parti s’écriait en ces termes :
« JE DIS AUJOURD’HUI HAUT ET FORT CECI : ATTENTION, ATTENTION, ATTENTION AU FEU QUI COUVE SOUS LES CENDRES, A L’IMPREPARATION GENERATRICE DE CONTESTATIONS VOIRE DE GRANDS DANGERS.
NE DEMANDONS PAS A LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE DE REFLECHIR A NOTRE PLACE PUISQUE NOUS SOMMES MATURES.
TOUT CE QU’ELLE PEUT NOUS DIRE AUJOURD’HUI, ME SEMBLE-T-IL, C’EST NOUS CONSEILLER DE RESPECTER NOTRE PROPRE CONSTITUTION, DE TENIR NOS PROPRES ENGAGEMENTS DONT NOUS SOMMES SEULS COMPTABLES DEVANT NOTRE PEUPLE ET LE MONDE QUI NOUS OBSERVE.
TOUT CE QUE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE PEUT CONFIRMER C’EST QU’ELLE EST PRÊTE A NOUS ACCOMPAGNER DANS LES EFFORTS POSITIFS ET CONSTRUCTIFS QUE NOUS FERONS NOUS-MEMES ».
Ces propos prophétiques prononcés il y a plus de cinq ans sonnent encore aujourd’hui comme un ultime appel à la raison.
La communauté internationale ne restera pas éternellement à notre chevet.
Chez les Sénoufos en Côte d’Ivoire, on dit « qu’on peut aider quelqu’un à monter sur l’arbre. Mais la manière d’attraper les branches pour ne pas tomber le regarde ».
Mais l’optimisme qui m’habite me fait dire que le peuple centrafricain, même s’il tombe dix fois, il se relèvera onze fois.
Excellences M
esdames et Messieurs, distingués Invités, Chers Congressistes, c’est sur cette note d’espérance que je déclare ouverts les travaux du 1er Congrès Ordinaire de la Convention Républicaine pour le Progrès Social.
Je vous remercie pour votre bienveillante attention.