Dans une correspondance adressée à la Fédération internationale des ouvriers du transport, le Syncprotcam estime que les chauffeurs qui se rendent en RCA vont à «une mort quasi-certaine»
Les transporteurs assurant le transit de marchandises sur le corridor Douala-Bangui doivent souscrire à une assurance vie, recommande le Syndicat national des chauffeurs professionnels des transports du Cameroun (Syncprotcam).
Le Syndicat que dirige Ibrahima Yaya a adressé à cette fin, à la fin du mois de juillet, une correspondance à l’attention de M. Bayla Sow, coordonnateur de la Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF en anglais), pour l’Afrique francophone et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Dans ce document, parvenu à Journalducameroun.com le 05 août dernier, les transporteurs parlent d’une «recrudescence de l’escalade entre les différentes factions militaires» à Bangui.
«Actuellement en terre centrafricaine, le climat s’est encore plus dégradé depuis quatre jours avec une recrudescence de l’escalade entre les différentes factions militaires. Ce qui justifie notre action et nous renforce dans notre conviction de ne pas envoyer nos camarades à une mort quasi certaine», relève la correspondance.
On se rappelle, parmi d’autres actes similaires déjà dénoncés par le Syncprotcam, que quatre camionneurs ont perdu la vie en Centrafrique le 18 juillet 2015.
Au moins 634 camions seraient stationnés actuellement en attendant la mise en place de solutions concrètes et efficaces pour la sécurité des chauffeurs. «Il s’agit des camions garés à partir de Yaoundé la capitale jusqu’à Garoua Boulaï (localité frontalière avec la RCA, à l’est du Cameroun). Ce nombre ne tient donc pas compte de ceux qui sont restés sur place au Port autonome de Douala et les parcs à camions environnants», précise M. Ibrahima Yaya.
Les transporteurs indiquent que le Cameroun, à travers le ministère des Transports, a mis sur pied un cadre interministériel pour trouver une voie de sortie à la crise; mais que les autorités gouvernementales centrafricaines ne manifestent «aucune réelle implication». Le Syndicat estime ainsi que la résolution du problème «relève par conséquent de la diplomatie».
Le Syncprotcam demande par exemple au commandement des forces des Nations unies en Centrafrique de réaménager l’effectif des soldats chargés d’assurer l’escorte des camions. «Que les Burundais, Rwandais et Camerounais reprennent la responsabilité des escortes comme par le passé, car les Bangladeshi sont pour 80% responsables de la mort de tous nos camarades», critique M. Ibrahima Yaya.
Les propositions faites par le Syncprotcam à l’attention des gouvernements camerounais et centrafricain:
1. Que chaque transporteur souscrive pour son chauffeur une assurance vie avant le départ de ce dernier en RCA; au niveau de Garoua-Boulaï, le syndicat se chargera de vérifier l’authenticité de cette police d’assurance avant de donner son quitus pour le départ du chauffeur;
2. Que les Burundais, Rwandais et Camerounais reprennent la responsabilité des escortes comme par le passé, car les Bangladeshi sont pour 80% responsables de la mort de tous nos camarades;
3. Qu’aucune escorte ne dépasse 60 camions par voyage;
4. Qu’avant toute formalité de transit au niveau du BGFT (Bureau de gestion de fret terrestre camerounais, ndlr) et du BARC (Bureau d’affrètement routier centrafricain, ndlr), les camions devant transporter la marchandise pour la RCA soient soumis à un checking effectué par les techniciens des syndicats. Pour l’USCC à partir de l’ONAF à Bangui et pour le Syncprotcam à partir du Port autonome de Douala; tout ceci en collaboration avec les deux organes techniques de gestion du fret sur ce corridor;
5. Que les autorités centrafricaines cessent d’obliger les chauffeurs à transporter des passagers dans et sur leurs camions;
6. Que le gouvernement centrafricain nous donne des gages fermes de son implication dans la sécurité des chauffeurs qui desservent la RCA ainsi que les cargaisons transportées.