Moins de quatre mois après la révélation de graves accusations mettant en cause des casques bleus français, les forces de maintien de la paix déployées en République centrafricaine sont à nouveau au centre d’un scandale portant gravement atteinte à leur image et à leur fonction dans ce pays toujours meurtri.
Dans le cas présent, les soupçons de viol d’une fillette de 12 ans ainsi que « deux homicides aveugles », révélés par une organisation de défense des droits de l’homme, semblent suffisamment sérieuses pour avoir poussé le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, à relever de ses fonctions son représentant spécial en République centrafricaine (RCA), deux jours seulement après la publication de l’enquête d’Amnesty International.
« Le tourment et la honte »
Rompant avec son langage diplomatique habituel, le Sud-Coréen Ban Ki-moon a ainsi laissé poindre son exaspération. « Il m’est impossible de mettre en mot la colère, le tourment et la honte que je ressens après ces accusations, récurrentes au fil des années, d’exploitation sexuelle et d’abus commis par des forces onusiennes (…). Je ne tolérerai aucun agissement de ceux qui remplacent la confiance par la peur (…). Trop, c’est trop », a martelé le secrétaire général. Sous pression, le chef de la mission de l’ONU en Centrafrique (Minusca) a démissionné, mercredi 12 août.
Le diplomate sénégalais, Babacar Gaye, 64 ans, « a remis sa démission à ma demande », a déclaré Ban Ki-moon. M. Gaye a lui-même corroboré ces propos, affirmant à la chaîne de télévision France 24 que son départ représentait « la réponse à une attitude qui est tout simplement inacceptable de la part de soldats venus défendre un peuple et le protéger ». Il a été remplacé par un Gabonais, Parfait Onanga-Anyanga.