Lorsqu’on veut devenir le président d’un pays en ruines, un pays qui n’a plus d’État, un pays qui n’a ni eau, ni électricité, qui manque des infrastructures routières et de tout, on doit éviter de soutenir la classe sociale à laquelle on appartient même si on est socio-démocrate.
La RCA est certainement le seul pays au monde où on ne devient pas milliardaire grâce au fruit de son labeur mais plutôt après avoir exercé une haute fonction. 55ans après son indépendance, aucun dignitaire à l’exception du dictateur Jean Bédel Bokassa n’a construit les infrastructures dignes comme c’est le cas dans d’autres pays. Les dirigeants centrafricains ont dans leur ensemble brillé par le détournement des deniers publics, le clanisme, la gabegie, le népotisme, le clientélisme, le nombrilisme et le privilège de leurs intérêts égoïstes et catégoriels.
«Nous sommes certainement l’unique pays au Monde qui clochardise ses anciens Chefs d’État avec autant délectation » a déclaré Anicet Georges Dologuélé lors d’une interview avec nos confrères de Diaspora magazine.
Notons que lors d’une conférence de presse, ce candidat qui risque d’être le président des «riches» si les centrafricains ne le sanctionnent pas dans les urnes, avait ouvertement pris position pour dénoncer avec véhémence la misère et le dénuement dans lesquels des anciens dignitaires centrafricains ont trouvé la mort. Dologuélé aurait sans doute aimé bénéficier des indemnités à vie même si on ne manque pas de signaler que les fonctions politiques ont fait de lui l’une des rares personnalités riches de la RCA.
En proposant d’élargir les indemnités aux anciens premiers ministres et aux anciens présidents de l’assemblée nationale qui sont les responsables de la banque route de son pays, Dologuélé qui est également un ancien premier ministre qui avait échoué sur toutes les lignes, a semblé manquer du respect aux 99% des centrafricains qui croupissent dans la misère depuis l’acquisition de l’indépendance de leur pays.
«Ce n’est pas quelques indemnités, une sécurité et des privilèges en nature accordés aux anciens Chefs d’Etat, aux anciens Président de l’Assemblée Nationale et aux anciens Premiers Ministres qui vont ruiner notre pays». Dixit Anicet Georges Dologuélé.
Les anciens dignitaires peuvent être assimilés aux princes même quand ils sont responsables de la débâcle de leur pays. En analysant cette réflexion on a l’impression qu’il n’est pas donné à tout le monde de devenir dignitaire dans ce pays. Et pourtant plusieurs personnalités ont été promues premiers ministres grâce aux liens amicaux, régionaux ou de parentés avec les présidents. Dans un passé récent, le tristement célèbre président du Conseil national de transition M. Alexandre N’Guendet n’était qu’un chômeur. Grâce à la marche funèbre de soutien au dictateur Djotodia, il a été promu par les moyens que l’on sait président du parlement de transition. Pire, il a été président de la transition pendant deux semaines après la démission forcée de son mentor.
En réalité les premiers ministres, les présidents de l’assemblée nationale et les présidents de la république centrafricaine ont toujours bénéficié des privilèges liés à leurs fonctions. Certains ont même procédé aux détournements des deniers publics ou ont accédé aux pratiques mafieuses qui leur ont permis d’acquérir des biens immobiliers partout dans le monde.
L’arrivée hasardeuse de Mme Samba Panza au pouvoir en est la parfaite illustration. Alors qu’elle avait été élue pour relever les défis du retour de la cohésion sociale et de la création de la fondation de la nouvelle RCA après de nombreuses années d’échecs de ses frères, CSP s’est enrichie in no time. La présidente de la transition a acquis en à peine un an et 8 mois de règne, plusieurs patrimoines immobiliers à Bangui et à l’étranger. La présidente qui n’a toujours pas fait ramener les occupants du Ledger de Bangui M’poko chez eux s’est même tapée le luxe d’acheter dans le quartier Ngaragba, la célèbre villa du feu docteur Mokofio, propriétaire de la pharmacie Notre dame pour 425 millions de FCFA .
L’on se souvient que Dologuélé a entamé la construction de sa célèbre villa située au bas de la colline de Basoubangui à proximité du lycée André Malraux quand il était au gouvernement. Cette maison peut être évaluée à plusieurs millions de francs en dépit de la vacuité des caisses de l’État à l’époque. Ce dernier aurait des maisons au Congo, au Cameroun voire en France.
Grâce à la transition Djotodia a acquis l’ancienne maison de M. Bascule pour plus de 200millions, Nguendet a acheté un immeuble au centre ville de Bangui pour 100millions CFA tandis que Nzapayèkè a mis 300millions CFA en jeu pour une villa au Bénin. L’actuel locataire de la primature est également cité dans les affaires d’acquisition illicite de plusieurs maisons qui appartenaient à l’État centrafricain. Si demain ils dilapidaient tous ces biens gagnés en exploitant leur peuple et mourraient dans la misère, ce serait la faute des centrafricains? affaire à suivre.