Le secrétaire général du parti de l'ex-président centrafricain François Bozizé, Bertin Béa, arrêté samedi alors qu'il allait prendre un vol pour Paris, a été libéré par des militants qui ont attaqué le tribunal de Bangui, a appris l'AFP vendredi de sources concordantes.
"Pendant qu'il était auditionné jeudi après-midi au tribunal de grande instance de Bangui, plusieurs individus en moto munis d'armes sont arrivés, ont assiégé le tribunal avant de jeter une grenade lacrymogène dans le cabinet du juge d'instruction, le faisant sortir à toute vitesse. Et ils ont libéré Bertin Béa", selon une source proche du Parquet.
L'avocat de Bertin Béa, Hugues Dongoyo, confirme: "Le juge lui a fait savoir qu'il a diffusé des informations provoquant la haine à l'égard des autorités, de nature à troubler l'ordre public, et il l'a placé sous mandat de dépôt. Quand les militants ont appris la nouvelle ils se sont opposés à ce qu'il soit déféré à la prison centrale".
"Plus de deux cents militants du KNK (Kwa na kwa), certains munis d'armes sont arrivés peu après. Scandant: +Béa libéré+, ils l'ont placé dans un véhicule escorté par d'autres, qui klaxonnaient, à destination du fief du parti", précise la source proche du Parquet.
Selon cette source, les forces de sécurité (Forces de défense et de sécurité intérieures (FSI)) et force onusienne (Minusca), positionnées autour du tribunal "n'ont rien pu faire". Et d'ajouter: "les militants du KNK avaient adressé un ultimatum de 72 heures au parquet pour sa libération".
Bertin Béa avait été arrêté samedi à l'aéroport alors qu'il allait prendre un vol pour Paris où il devait assister aux obsèques d'une proche. Son passeport lui avait été retiré, selon son parti.
D'après une source au sein de la gendarmerie, "il faisait l'objet d'une enquête ouverte par le Parquet, à la suite de déclarations qualifiées d'incitation au trouble et à l'ordre public", qui auraient été prononcées en juin dernier.
Il avait annoncé publiquement le 7 août la candidature de François Bozizé à la présidentielle d'octobre 2015, déplorant que "tout (soit) mis en œuvre pour barrer la route au président François Bozizé".
Le général Bozizé avait pris le pouvoir par la force en 2003, et fut renversé 10 ans plus tard, le 24 mars 2013, par une rébellion à dominante musulmane, la Séléka, ce qui plongea le pays dans la plus grave crise de son histoire depuis son indépendance en 1960.
Il est l'objet de sanctions onusiennes pour son soutien aux milices anti-balaka, responsables de nombreuses exactions comme l'ex-rébellion Séléka au cours des violences intercommunautaires de 2013 et 2014.