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Centrafrique : les Casques bleus très critiqués après des accusations de viol
Publié le dimanche 23 aout 2015  |  AFP
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© Autre presse par DR
Les casques Bleus de L`ONU en Centrafrique
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La multiplication des accusations de viol portées contre les Casques bleus de la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca) suscite de nombreuses critiques, mais n'occulte pas le fait que le viol est fréquent dans ce pays, même s'il est vivement condamné par tous.

La Minusca, forte de 12.000 Casques bleus, fait face à au moins 61 accusations de fautes, dont 12 concernant des cas d'abus sexuels.

Dans la plupart des quartiers de Bangui, les critiques fusent à l'encontre de la Minusca.

"Ils affirment qu'ils ne sont pas venus pour faire la guerre, ni pour désarmer les détenteurs illégaux d'armes de guerre, et qu'ils ne viennent pas mourir pour les Centrafricains. Il suffit de se lever tôt et de longer leur caserne pour voir les capotes usagées abandonnées", déclare un journaliste oeuvrant à la Maison de la Presse et des Journalistes (MPJ), voisine de la caserne et qui a requis l'anonymat.

"Ils se baladent jour et nuit dans de grosses voitures, et chaque jour on compte les morts, les braquages et les viols qui n'arrêtent pas. Ils sont venus désarmer les hommes, et s'amusent avec leurs femmes", dit sur un ton moqueur, Albertine Nguéngo, commerçante à Simbanza un marché d'un quartier sud.

"Elle a parfaitement raison, renchérit Josiane, vendeuse de beignets. Ils agissent plus vite sur les mineures, les jeunes filles et les femmes, au lieu d'appuyer sur leur gâchette contre les braqueurs, les détenteurs d'armes, les anti-balaka et ex-Séléka".

Désignant un véhicule 4X4 de l'ONU transportant des Casques bleus de la République démocratique du Congo (RDCongo), Boniface Voyémadé, lâche: "Ce sont des affairistes, ils vendent de tout: bouteilles d'eau, carburant, ceinturon, couteau commando, tenue, chaussures. Ils disent qu'ils ne gagnent pas assez".

"Et avec le fruit de la vente, ils sont là, nombreux, le soir autour de leur caserne, en quête de sexe. Tout compte pour eux: petite, jeune, grande, métisse, teint clair, noire", poursuit Simplice, vendeur de cigarettes.

Mais ces critiques envers les Casques bleus n'empêchent pas les Centrafricains de reconnaître que leur société, comme les autres pays africains, est confrontée aux violences sexuelles depuis longtemps.

Le code pénal centrafricain réprime les cas de viol sur mineure, et prévoit des peines allant de un à cinq ans de prison ferme.

Chaque année, de nombreux cas font l'objet de traduction de leurs auteurs en justice. Mais nombreux sont ceux dont les parents préfèrent des arrangements à l'amiable.

- Ministre condamné pour viol -

"Le viol n'est pas permis chez les musulmans", affirme Ali Mahamat, sociologue, selon lequel la douleur des victimes est fortement ressentie par la communauté.

"Idem chez les chrétiens. Les auteurs de viol doivent être traduits en justice, car il s'agit d'un crime. Et ceux qui le font sont des criminels, on ne peut pas transiger avec eux", assène Isabelle Moïona, catholique.

"Une fois, un homme de 60 ans a violé une fillette de 11 ans. Conduit chez le chef du quartier, il a reconnu les faits, disant avoir agi ainsi pour pouvoir l'épouser", s'indigne Jean Niaka, peintre en bâtiment.

"La famille était prête à accéder à sa demande. Mais des filles l'ont dénoncé et il a été lapidé, jusqu'à ce que la police intervienne pour le libérer et ensuite l'arrêter contre la volonté de la soeur aînée de la victime !", affirme Jean.

En mars dernier, une personnalité issue des milices chrétiennes anti-balaka, Romaric Vomitiadé, ancien ministre du Tourisme, a été accusé de viol sur mineure. Arrêté, jugé et condamné à deux ans de prison ferme, il a fui en RDCongo, pays voisin qui l'a ensuite extradé.

"Si M. Vomitiadé avait donné un peu d'argent aux parents, il serait toujours au gouvernement", assure Bienvenu Pago, juriste, pour qui, "c'est avant tout un fait de société. La fillette, la fille, la femme, sont l'objet de traitements dégradants et inhumains. Ce sont aussi les conséquences de la pauvreté".

La violente crise intercommunautaire qu'a connue le pays en 2013 et 2014, a accentué le phénomène : de nombreux cas de viols commis par les anti-balaka et l'ex-rébellion Séléka ont été enregistrés à Bangui et en province.

L’Unicef indique ainsi à l'AFP avoir recensé plus de 800 cas de violences sexuelles sur mineurs en 2014 (90% de filles). Et cela ne concerne que les cas portés à la connaissance des humanitaires.
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