Dans la Centrafrique d’antan, les règles de bienséance étaient enseignées dès l’abord à toutes les personnalités occupant ou appelées à occuper des postes de responsabilité. Sous l’ère totalitaire de Bokassa, une personnalité nouvellement nommée à une haute fonction de l’état, devait d’abord apprendre le savoir vivre et le savoir être avant d’occuper officiellement son poste. C’est ainsi que bon nombre de personnalités centrafricaines ont appris tour à tour les bonnes manières. En d’autres termes, ils ont appris à se tenir à table, à s’asseoir, à marcher, à s’habiller selon l’agenda officiel, à respecter les symboles de l’état, à ne jamais utiliser les biens publics (mobiliers ou immobiliers) à des fins personnelles. A vrai dire, l’apprentissage de cette positive attitude avait vraiment eu ses lettres de noblesse en Centrafrique, car le président, les ministres et les diplomates étaient très respectés en ces temps-là et jouissaient d’une grande notoriété. A cette époque, les autorités, fussent-elles ministres ou députés ou en encore ambassadeurs, ne mangeaient pas à tous les râteliers comme c’en est le cas de nos jours.
De fil en aiguille, les régimes successifs se sont attelés à détricoter ces bonnes mœurs et à accentuer leur dépravation. C’est ainsi que l’on assiste aujourd’hui à la désacralisation de la fonction présidentielle, de la diplomatie, des postes ministériels, etc…Si bien que le savoir vivre et le savoir être n’ont plus droit de cité dans le pays. Très peu d’autorités Centrafricaines maîtrisent à l’heure actuelle les règles de la bienséance. Et les exemples sont légions. Il suffit d’observer le comportement des ministres, diplomates, directeurs généraux, conseillers à la présidence et à la primature, pour se rendre à l’évidence. Les véhicules officiels deviennent les voitures de courses des maîtresses et amants. Ces véhicules sont parfois utilisés comme moyens de transport en commun lors des places mortuaires. A l’extérieur, certaines représentations diplomatiques servent même de lieux de cultes, de maquis, de réunions des partis politiques, de soirées, etc…
Ce qui est davantage pathétique, la plupart des personnalités qui vont en mission, préfèrent dormir chez leurs proches parents plutôt que d’aller dans les hôtels qui leurs sont officiellement réservés. Même si derrière ce comportement rétrograde se cache une envie folle d’économie, il est injuste que cela se fasse sur un fond public alloué à cet effet. En logeant à l’hôtel pendant une mission officielle, les batteries relationnelles se rechargent à coups sûr et l’on contribue davantage à la promotion du pays.
En fin de compte, si les règles de bienséance étaient toujours enseignées en Centrafrique, on aurait pas connu le fâcheux épisode de ministre violeur, la série noire des ministres rebelles, braqueurs etc…Faille t-il encore des mots contre les maux pour que le savoir vivre et le savoir être soient institutionnalisés en Centrafrique ? Que les prétendants au fauteuil présidentiel s’emparent alors de cette noble question.
Rodrigue Joseph Prudence MAYTE