Près d’un millier de soldats camerounais sont descendus mercredi dans la rue à Yaoundé pour réclamer le paiement de leurs primes de participation à des missions de paix en République centrafricaine (RCA), en crise depuis l’offensive militaire de l’ex-coalition rebelle de la Séléka contre le régime de François Bozizé renversé en mars 2013 à Bangui.
D’un effectif estimé à 960 hommes sur un total de 1.504, d’abord sous l’égide de l’Union africaine (UA) puis des Nations Unies, ces forces de défense et de sécurité ont investi la principale artère menant du ministère de Défense au siège de l’Assemblée nationale (Chambre basse du Parlement) à Yaoundé, où ils sollicitaient une rencontre avec le chef de cette institution, Djibril Cavaye Yéguié.
"Ils ont assez trompé le chef de l’Etat. Vous ne pouvez pas être un père, vous envoyez un enfant à l’école sans cahier. Mais il y a toujours eu les résultats. J’ai une tenue camouflée, je vais en mission sans Rangers", tempêtait l’un d’eux, rencontré par Xinhua.
"Moi, je meurs aujourd’hui", a renchéri un autre, brandissant un dossier d’avance de solde, alors que "je reviens d’une mission internationale".
"On était allé 1.504 en Centrafrique, on est 960 à avoir été rappelés au pays", a-t-il ajouté. Parmi ces soldats, certains ont servi en RCA depuis plus de deux ans. Ce qui équivaut à une prime de prise en charge individuelle d’un montant de plus de 9 millions de francs CFA (18.000 dollars), déjà payée par l’UA et les Nations Unies mais non reversée aux bénéficiaires, à les en croire.
En plus de ces frais, les ex-soldats de la paix exigent en outre le paiement de leurs primes de relève, estimée quant à elle à 112.000 francs CFA (224 dollars).
Dans l’attente de l’audience sollicitée avec le président de l’Assemblée générale, les grévistes, qui s’estiment avoir été abusés par leurs supérieurs et auraient été désarmés à leur départ de Bangui, selon leurs explications, ont reçu la visite du général Benoît Asso’oEmane, commandant de la première région interarmes basée dans la capitale du pays, venu les calmer.
La situation était tendue mercredi en mi-journée aux abords du palais de l’Assemblée nationale, aussitôt bouclés et fermés à la circulation sous le contrôle de la gendarmerie.
Une déclaration du ministre de la Communication Issa Tchiroma Bakary est annoncée dans les prochaines heures sur le sujet.
Depuis plus d’une dizaine d’années, le Cameroun envoie à l’instar d’autres pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) des troupes aider à un retour à la paix et la sécurité en RCA.