«La secte islamique Boko Haram est désormais présente en RCA. Elle est même présente dans la capitale. Boko haram est présent dans le quartier km5 depuis plusieurs mois et est sur la voie de s’implanter au centre-ville de Bangui » a déclaré Abdoulaye, un jeune opérateur économique centrafricain de 35 ans habitant à Kokoro dans le 3è arrondissement.
Après avoir incendié l’église évangélique de la Pentecôte Centre 1 de Bria, chef-lieu de la préfecture de la Haute kotto le 7 septembre, des hommes aux allures des islamistes ont frappé simultanément Bangui, la capitale de la RCA dans le 6è et le 3è arrondissement.
Hier aux environs de 19h d’après des sources dignes, des hommes en tréllis sont arrivés en moto au niveau de la station de Total du quartier Pétévo dans le 6èarrondissement. Sans motif apparent, ils ont dégoupillé des grenades et les ont lancées en direction de la station d’essence. Leur objectif était d’atteindre cette station-service et provoquer une grave explosion dans le quartier. Des faits similaires se sont aussi déroulés à Fatima à proximité du bar dancing Air Force One à la même heure.
Maladroits, les terroristes n’ont pas atteint leur principal but qui était de décimer ces quartiers et semer la mort et la désolation dans les ménages centrafricains déjà touchés par trois années de détresse et de souffrance. Ces incidents présentent un bilan lourd : un mort sur le coup à Pétévo et treize blessés dans un état très grave. A Fatima, on a déploré trois blessés dont les pronostics vitaux sont engagés. Aux dernières nouvelles, on est passé à neuf morts.
Les policiers centrafricains de l’aéroport de Bangui m’Poko dont les pouvoirs sont limités se disent exaspérés par l’arrivée massive de plusieurs mercenaires dont la majorité ne parle ni le français, ni le sango qui sont les deux langues les plus parlées dans ce pays. Il suffit de se rapprocher de la police des frontières de l’aéroport Bangui M’Poko pour constater quotidiennement le retour en masse des hommes aux noms à consonance arabo-musulmanes.
C’était déjà le cas au mois de mai dernier. Ce jour, la police avait interpellé quatre suspects, trois de nationalité tchadienne et un libanais. Interpellés, transférés au commissariat du port et présentés à la justice centrafricaine, nous ignorons à présent où se trouvent ces derniers. Notons que l’un de ces malfrats M. Mahamat Seny Abdelkerim est connu comme un dangereux assassin du KM5 sous le magistère de la Séléka. Il égorgeait les chrétiens et les musulmans qui ne voulaient pas rallier leur rang et les jetait dans les puits.
Souvent arrêtés à leur arrivée et transférés au commissariat du port fluvial, les policiers reçoivent l’ordre de la part des autorités pour libérer ces malfrats, qui gonflent aussitôt le rang des milliers terroristes qui se trouvent déjà dans la capitale, notamment au KM5.
Au terme de trois années de tergiversation, des enrichissements illicites, de la démission et de l’irresponsabilité, les autorités de la transition et la classe politique sont incapables de trouver un terrain d’entente pour imposer le retour des forces armées centrafricaines à la communauté internationale.
Ces derniers pour des intérêts égoïstes et pour servir leurs maîtres, préfèrent utiliser les motifs ethniques et tribaux pour empêcher le réarmement de leurs propres militaires.
La communauté internationale dominée par des puissants pays s’accommode de la bassesse de l’esprit des centrafricains et de l’absence de leur patriotisme pour faire main basse sur les richesses de leur sous-sol en laissant librement les groupes armés semer du désordre et devenir de facto leurs chiens de garde.Les autorités controversées de la transition pour lesquelles la vie des centrafricains ne vaut pas un beignet, n’ont jamais manifesté une volonté ferme pour faire intégrer les FACA au sein des unités de la MINUSCA comme c’est le cas dans tous les pays assistés.
M. Ladsous, Sécretaire général adjoint des Nations Unies qui a séjourné dernièrement en RCA, a confirmé l’entente tacite qu’il y a entre son institution et le trio des affamés qui dirigent actuellement la RCA au sujet du blocage du retour des FACA.Il a affirmé entendre «l’appel des autorités de la Centrafrique pour la remise sur pied des Forces armées centrafricaines (FACA) ». Les Nations unies travailleront «de concert avec les autorités pour une armée professionnelle, représentative et équilibrée ».
En attendant la supposée mise en place de cette armée professionnelle, représentative et équilibrée Boko Haram a commencé à frapper et frappera sans doute encore.Nous sommes bien en Centrafrique, le pays de tous les paradoxes
Wilfried Maurice SEBIRO
La phrase du jour
Mgr Dieudonné Nzapalainga « Il faut que les autorités de ce pays prennent leurs responsabilités pour atténuer la souffrance des populations. La communauté internationale aussi qui est venue a également une responsabilité à prendre pour que la violence ne puisse pas être exponentielle mais réduite le plutôt possible. Or, on a l’impression parfois où on est passif ou on est incapable.