La diaspora centrafricaine est à l’image des autres diasporas africaines, composée d’éléments disparates qui constituent les différentes couches sociales de la République Centrafricaine. Cette diaspora, qui a commencé à se développer dans les années 80, n’a rien à avoir avec les quelques centaines de centrafricains venus plus tôt en Europe, pour y effectuer des études ou passer quelques années de formation ou de stage.
Aujourd’hui, la diaspora centrafricaine est un mélange hétéroclite de tous ces hommes, ces femmes, ces jeunes sans formation, ces étudiants ayant fini leurs études et n’ayant pas eu la possibilité de rentrer chez eux pour des raisons diverses, ces retraités de la fonction publique centrafricaine qui ont quelques attaches avec la France, l’Amérique ou l’Europe à travers leurs progénitures restées sur place dans ces différentes parties du monde, ces hommes politiques qui ont vu le vent tourner pour les pousser à un exil parfois imaginaire pour certains, et autres aventuriers qui ont su saisir l’occasion de leur vie pour s’échapper du traquenard centrafricain qui rend la vie difficile sur place.
Après ce balayage exhaustif de la composition de la diaspora centrafricaine, peut-on tirer une conclusion hâtive pour mettre tout le monde dans le même panier ?
Loin de faire une distinction entre les hommes par rapport à leur présence en France, en Europe ou en Amérique, nous voulons tout simplement montrer que parler de la diaspora centrafricaine comme on le lit ici et là pour la condamner de son inaction dans le développement économique du pays, pour dénoncer sa passivité dans les débats politiques de grande envergure ou pour tout simplement la ranger au dernier rang des diasporas africaines à cause des tares relevées plus haut, il convient de se poser la question de savoir pourquoi les choses ainsi.
Sans parler des migrateurs politiques centrafricains qui ont une grande part de responsabilité dans l’immobilisme économique de notre pays, ces hommes qui ont eu à exercer des responsabilités publiques qui leur auraient permis d’orienter la politique générale du pays vers un horizon plus prometteur, mais qui se sont contentés d’assurer leur propre bien-être au détriment de celui plus général de leur pays et de leurs populations, ces hommes que nous condamnons sans la moindre complaisance à cause de leur manque de personnalité et de dignité, nous n’aurons pas le même jugement par rapport à ces braves centrafricains qui se battent en France, en Europe ou en Amérique pour survivre de leurs efforts dans des pays où l’on ne peut rien avoir, si l’on ne se lève jamais tôt.
Condamner ces hommes et dire qu’ils ne font rien pour leur pays est un jugement injuste, et quand on sait parfois que les erreurs judiciaires peuvent parfois produire des effets destructeurs incommensurables, la retenue devrait être de rigueur avant de prononcer tout jugement décisif pour ne pas dire punitif.
Quand on énonce que la diaspora centrafricaine ne peut pas être comparée aux autres diasporas africaines parce qu’elle n’investit pas dans son pays, nous nous érigeons en défenseur indéfectible de cette diaspora.
Beaucoup de compatriotes de la diaspora ont tenté de mettre en place de petites structures économiques pouvant permettre au pays de connaître une croissance économique non négligeable, avec à la clef des créations d’emplois, que cela soit dans le domaine du commerce, du transport, de l’habitat, de l’agriculture ou même de l’éducation, ces efforts ont été, soit vite étouffés, soit détruits parce que la politique du pays n’encourage, ni ne protège de telles initiatives privées, qui constituent une concurrence farouche aux hommes politiques car ceux-ci ne voudraient en aucune manière, perdre les privilèges qui sont les leurs, à savoir principalement celui de toujours faire croire à tout le monde qu’ils sont les plus riches du pays, et qu’aucune autre force économique ne peut voir le jour, en dehors de la sphère politique, et surtout au sein des centrafricains « débrouillards », nous dirons plutôt combattifs.
Alors, peut-on s’étonner que des facilitations douanières ne soient pas accordées aux compatriotes qui veulent investir au pays ? Peut-on s’étonner qu’aucune mesure ne soit prise pour protéger les investissements des nationaux tout le temps et plus particulièrement en période de crise ?
Comment peut-on être encouragé à investir dans un pays où le national est plus étranger que le commerçant venu d’ailleurs ?
Quand vous savez que lorsque vous faites un investissement, cela ne durera pas plus de deux ou trois ans parce qu’un coup de force viendra tout balayer, avez-vous le même engouement pour investir dans de telles conditions ?
A ceux qui condamnent la diaspora centrafricaine de ne rien faire pour le pays, voilà des questions auxquelles il va falloir répondre avant de juger cette diaspora qui pour la plupart, aimerait tout faire pour voir son pays, hissé parmi les pays performants dans ce concert de nations d’abord africain avant d’être mondial.
Le problème de la diaspora est un problème politique, comme l’est le problème centrafricain sur toutes les coutures.
C’est donc pourquoi, nous disons à haute voix :
La politique tue ce pays, il faut changer de politique.