De retour à New York après une visite de trois jours en République centrafricaine (RCA), le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, a fait le point vendredi sur les allégations d'abus sexuels impliquant des Casques bleus dans le pays, tout en annonçant une série de propositions pour mettre fin à ce phénomène inacceptable à l'avenir.
Depuis le déploiement l'an dernier de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), 63 allégations de mauvaise conduite impliquant le personnel onusien ont été dénombrées, a déclaré M. Ladsous lors d'une conférence de presse au siège de l'ONU. Sur ces 63 allégations, a-t-il ajouté, 15 ont trait à de possibles cas d'abus et d'exploitation sexuels, dont 13 d'entre eux impliquent des Casques bleus.
« Quinze cas, c'est définitivement 15 cas de trop, et j'ai eu une longue réunion sur la question avec le personnel en uniforme à Bangui [la capitale de la République centrafricaine] : je n'ai pas mâché mes mots », a déclaré M. Ladsous, précisant que des enquêtes sont en cours dans la plupart de ces cas.
Le Secrétaire général adjoint a indiqué que, suite à 9 de ces allégations, l'ONU a annoncé aux Etats membres dont les soldats de la paix concernés sont les ressortissants sa décision de suspendre les paiements aux Etats membres ; et dans un cas en particulier, a-t-il souligné, l'Organisation a ordonné le rapatriement de sept membres du personnel militaire de la Mission.
Suite à l'une des dernières allégations d'abus sexuels à avoir fait surface, l'ONU a convoqué l'ambassadeur du pays contributeur de troupes impliqué, la République démocratique du Congo (RDC), et a fortement insisté pour que le pays envoie en RCA une équipe d'enquêteurs congolais de façon à faire la lumière sur ces allégations, a par ailleurs déclaré M. Ladsous, précisant que la RDC a répondu favorablement à cette demande et que l'Organisation attend désormais les conclusions de l'enquête.
M. Ladsous a également annoncé que le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, se réunira avec les pays contributeurs de troupes la semaine prochaine afin de discuter des mesures à prendre en vue de lutter contre ce problème récurrent.
« L'une des questions à l'ordre du jour est de savoir si nous pourrions nommer les pays concernés [par les allégations]. Je ne parle pas de nommer pour humilier, car l'humiliation est quelque chose d'une autre nature, mais de nommer parce que les responsables doivent être connus », a indiqué le Secrétaire général adjoint, qui a remis à M. Ban une feuille de route contenant 40 propositions pour réduire les cas d'abus sexuels par des soldats de maintien de la paix.
Allégations de viols en Centrafrique: l'ONU autorise l'audition de la rédactrice du rapport
BFMTV 11/09/2015 à 16h41
L'ONU a autorisé l'audition de son employée qui avait rédigé un rapport sur des accusations de viols portées par des enfants centrafricains contre des militaires français, a appris vendredi de source judiciaire.
Les Nations unies ont accepté la "levée d'immunité juridictionnelle dont jouit la rédactrice du rapport afin qu'elle soit entendue comme témoin", a expliqué la source. Cette audition devra se dérouler en présence d'un représentant du secrétaire général, Ban Ki-moon, a-t-elle précisé.
Il s'agit d'une Française désormais en poste au Chili, a ajouté une source proche du dossier. Révélé au printemps par le quotidien britannique The Guardian, son rapport fait état des témoignages de six enfants de 9 à 13 ans, qui dénoncent des abus sexuels commis par des militaires français de l'opération Sangaris, dans le camp de l'aéroport M'Poko à Bangui, entre fin 2013 et mai-juin 2014.
Par la rédaction avec AFP