La lenteur enregistrée dans le processus électoral qui a sans doute motivé le départ du vice président de l’ANE M. Godefroy Mokanamadé , continue de défrayer la chronique au sein des acteurs de la politique, des religieux et de la société civile centrafricaine. Les élections auront-elles lieu en octobre 2015 en RCA? Voici la réaction de Martin Ziguélé qui a été recueillie sur Africa 24.
« L’ANE a fixé la date du premier tour de la présidentielle et des législatives au 18 octobre et le second tour au 22 novembre 2015, un chronogramme qui ne risque pas d’être respecté.
Le recensement ne peut pas se faire en totalité avant décembre, c’est une évidence. Au moment où je vous parle le recensement n’est pas achevé dans tout le pays en dehors de la ville de Bangui. Le recensement est en cours ou mieux dans la moitié ouest ou est. Dans certaines préfectures comme la Ouaka qui est la plus grosse dans le centre du pays, cela n’a même pas encore commencé.
Lorsqu’on parle de finir les élections le 30 décembre, je veux bien mais je ne sais pas comment cela se fera. Mais ce n’est pas possible.
La transition politique qui a été mise en place après la crise de 2013-2014 a été prolongée du 18 aout au 30 décembre 2015 sur recommandation de la Communauté Économique des États de l’Afrique centrale. L’objectif était de permettre l’organisation des élections crédibles et transparentes.
C’est politiquement correct de dire que la transition fini le 30 décembre mais la charte dit aussi que la transition fini aussi avec les élections. Moi je pense que ça soit l’un ou l’autre, ce qui doit être fait, c’est qu’on aille aux élections le plutôt possible et le mieux possible.
Maintenant s’affranchir du fétichisme calendaire-là qui inhibe toutes initiatives, que les gens ne se prononcent pas alors qu’il est évident que sur le terrain, le processus connait beaucoup de difficultés, beaucoup d’atermoiements, mais il avance.
Il ne s’achèvera pas avant le 30 décembre. Maintenant il faut se rendre compte de cette évidence et se dire que les élections se tiendront peut être fin décembre, début janvier. Mais dire que la fin du mois de décembre est la date fatidique, moi je pense qu’il faut relativiser cette position, c’est ce qui fait un blocage dans l’esprit de tous. »
La première étape de ce processus électoral devrait débuter le 4 octobre 2015. En effet le projet de la constitution a été adopté le 30 aout 2015 et doit être soumis à un référendum national. Mais la non convocation du corps électoral à ce jour augure un nouveau report des élections.
Alors que le secrétaire général adjoint des Nations Unies M. Hervé Ladsous a confirmé la tenue des élections au 18 octobre, il a rejeté en bloc l’idée d’une troisième transition. Mais les faits étant têtus nous nous dirigeons bel et bien vers un énième report des élections qui va à nouveau rouvrir les plaies de l’éternelle prorogation, et de la sempiternelle question du maintien des autorités décidées à conserver par tous les moyens le juteux pouvoir qui leur est tombé du ciel.
Les masques qui entourent le bourbier centrafricain commencent à tomber. Pour la première fois 90% des partis politiques se sont exprimés pour se réapproprier le sort de leur pays qui se décide depuis des décennies et surtout le début de la crise par Paris, Brazzaville, Ndjamena, Libreville et Adis Abeba. Même si l’AFDT s’est désolidarisée de la nouvelle plate forme qui veut le départ du trio Samba-Panza-Nguedet- Kamoun, la déclaration du président Martin Ziguélé est évocatrice, d’une nouvelle ère politique en terre centrafricaine.
Alexandre-Ferdinand Nguendet, le président du Conseil national de transition (CNT) est revenu dernièrement sur les nombreux problèmes liés à l’organisation des prochaines en RCA chez nos confrères de Jeune Afrique. Répondant aux questions sur le referendum sur la constitution, et le maintien du calendrier électoral, il s’est exprimé en ces termes: »C’est un chronogramme motivé par des raisons bassement politiciennes et impossible à tenir. Le pays ne dispose même pas d’un fichier électoral ! Aujourd’hui, on ne peut que constater les retards d’enregistrement sur les listes. De même, l’ouverture des inscriptions des candidats, prévue le 9 août, a été reportée à une date ultérieure, sans autre précision. Le référendum est censé se tenir le 4 octobre et le décret convoquant le corps électoral devait être publié trente jours plus tôt, mais rien n’a bougé car les enregistrements n’ont pas été faits sur l’ensemble du territoire« .
Notons que le sérieux archevêque de Bangui Mgr Nzapalainga alias le courageux a émis des réserves sur la destination que la communauté internationale veut conduire la RCA « l’ANE, chargée d’organiser des élections, nous dit qu’il n’est pas possible d’aller aux élections, il ne sert à rien de courir pour avoir plus tard des frustrations, des injustices où nous allons nous enfoncer davantage.
Il propose une concertation beaucoup plus large pour définir un nouveau calendrier. « Il faut se mettre ensemble et définir un nouveau calendrier Je demande à ce que nous soyons réaliste, en regardant les choses, en les analysant pour nous dire que si nous n’avons pas tous les moyens, il va falloir que nous puissions honnêtement, raisonnablement et humainement reporter afin d’avoir des élections de sortie de crise.
Après le souhait de la majorité des partis politiques de mettre en place une nouvelle transition, après le refus du bailleur qu’est la communauté internationale, d’entrevoir une nouvelle transition, au vu de la déclaration du président Ziguélé qui a estimé que les élections n’étaient pas possible avant décembre, voire janvier, le président du CNT a été catégorique sur le maintien de l’exécutif « Mais hors de question de prolonger la transition. Elle n’a que trop duré. On ne peut que constater l’inexpérience avec laquelle elle est menée ».
Quelle est la réaction du peuple centrafricain qui est la principale victime de ses basses manœuvres? Wait and see