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Centrafrique: élections à hauts risques
Publié le samedi 19 septembre 2015  |  Contrepoints
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© aBangui.com par Dr
Elections en Centrafrique
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La reconstruction de l’État centrafricain et la tenue des élections prévues d’ici la fin de l’année 2015 suscitent des interrogations. La réponse de la communauté internationale et des autorités locales à la gestion de la crise centrafricaine est la reconstruction de l’État (statebuilding). Elle est censée garantir le rétablissement de la paix et de la sécurité dans le pays. Néanmoins, face aux difficultés rencontrées pour stopper définitivement les violences, la reconstruction de l’État centrafricain et la tenue de l’élection présidentielle et des législatives prévues d’ici la fin de l’année 2015, suscitent des interrogations.

Élections en 2015 : autorité ou légitimité de l’État ?

Pour la communauté internationale, les élections constituent souvent le passage obligé pour reconstruire l’État. Cependant, le fait de privilégier à tout prix l’autorité de l’État au détriment de sa légitimité mène souvent à des dérives. Selon Thierry Vircoulon, directeur pour l’Afrique centrale du think tank International, Crisis Group, lorsqu’il s’agit d’un pouvoir de transition, reconstruire l’État par le biais de l’élection « est le fruit de compromis et de négociations armées, et la probabilité est forte pour que cette élection porte au pouvoir un tandem de seigneurs de guerre et de politiciens corrompus qui ont tous une part de responsabilité dans le conflit passé » (tribune ID4D – AFD, 17/03/2015).

En Centrafrique, l’imposture politique est devenue quasi-institutionnalisée. Dans ce contexte, impossible de sortir de la crise de confiance politique dans laquelle elle s’enlise depuis des décennies. Malheureusement, l’histoire de ce pays a montré à quel point des dictateurs habités par un désir de toute puissance n’ont pas eu de limite. Aujourd’hui, les Centrafricains subissent encore les conséquences désastreuses des mauvaises décisions, de l’inaction ou de la mauvaise gouvernance passée. Un leader politique motivé avant tout par ses intérêts propres au détriment de ceux du peuple ne peut favoriser durablement la reconstruction, le développement et la stabilisation d’un pays. Il faut cesser de sélectionner et de faire élire des « leaders politiques narcissiques » voués à devenir des pompiers pyromanes entraînant dans leur chute la nation toute entière.

Les Centrafricains ne veulent plus vivre dans la violence et dans la pauvreté alors même que des dirigeants s’enrichissent sans aucun état d’âme. La prise de conscience citoyenne et les discours politiques ne suffiront pas à rassurer les populations et à donner l’espoir d’une vie meilleure. Pour reconstruire le pays et rétablir la confiance entre les citoyens, l’État et les politiques, il est fondamental de poser des actes forts et de réformer la gouvernance. La confiance des citoyens ne peut exister sans le respect des engagements politiques sur le plan économique, social et sécuritaire. De nombreux experts ont longtemps souligné la nécessité d’assainir les finances publiques, de relancer l’économie formelle et de contrôler l’économie illicite. Par ailleurs, les services sociaux de base ont trop souvent été assurés en partie par les ONG et n’ont pas constitué une priorité pour les gouvernements. Entre l’économie de prédation, les ingérences et les chantages financiers en tout genre provenant de l’État, de chefs de groupes armés, de politiques ou d’entrepreneurs, la corruption est devenue une normalité. Comment un pays peut-il se développer sans un minimum de confiance ? C’est d’abord aux autorités nationales et aux politiques de donner l’exemple pour redonner espoir et confiance aux citoyens !
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