Les seigneurs de la mort de la séléka qui gouvernent le quartier KM5 avec la complicité des autorités impopulaires de la transition de la RCA ont encore endeuillé de nombreuses familles chrétiennes. Tout est partie des représailles faisant suite à l’assassinat d’un chauffeur musulman de taxi moto par des jeunes chrétiens à Combattant. D’après des sources non confirmées, on aurait gravé sur le corps de la victime »bonne fête de Tabaski« , ce qui a été suffisant pour matérialiser la colère des éléments de la Séléka parmi lesquels des mercenaires tchadiens et des soudanais qui ont dernièrement résisté à la MINUSCA lors de l’arrestation manquée d’Aroun Gaye. Décidés à se faire la justice eux même, ils ont semé la mort, la panique et la désolation ce matin dans le 3è et le 5è arrondissement de Bangui.
Selon nos confrères de Diaspora Magazine, le bilan provisoire fait état de 21 morts parmi lesquels le chef du quartier Yakité M. Abel Yakité et sa campagne Melle Bénguelet Yabissa 28 ans, et d’une quarantaine de blessés. D’après des sources familiales le chef Yakité et sa campagne s’étaient enfermés dans leur maison après d’incessantes détonations des armes de guerre pour se mettre à l’abri. Mais c’était sans compter sur la furie des barbares de la Séléka décidés à exterminer tous les chrétiens des quartiers proches de leur fief du KM5. Les sanguinaires qui connaissaient bien le domicile de M. Yakité ouvrent par hasard la porte centrale de sa maison et l’égorgent avec sa moitié. Leurs deux enfants de moins de 10ans ont eu la vie sauve parce qu’ils se trouvaient avec leurs demi frères chez les voisins qui ont eu la chance de ne pas recevoir la visite de ces seigneurs de guerre.
Ces actes barbares font resurgir le problème de la justice et de l’impunité en Centrafrique où en l’absence des institutions fortes et des forces républicaines, des individus préfèrent se faire la justice eux-mêmes. Notons que le mercenaire tchadien Ousmane Mahamat Ousmane qui a écopé d’une lourde peine après avoir perpétré plusieurs massacres n’a plus donné de ses nouvelles après avoir bénéficié d’une permission pour soins, il y a deux mois. Se trouve t-il aujourd’hui au KM5? Est -il parti se faire soigner dans un pays arabe comme il entendait le faire? Seules, les autorités exécutives de la transition devraientt répondre à ces questions.
Le quartier Boyrabé considéré comme un fief de Bozizé est souvent comparé avec le KM5 comme des zones de non droit. Ce qui n’est pas totalement vrai. Boyrabé a subi plusieurs désarmements alors que le KM5 n’a pas même pas expérimenté un seul. Après avoir chassé les policiers du 3è arrondissement et brûlé leur véhicule de fonction, ces seigneurs de la mort du KM5 ont encore mis le feu aujourd’hui au commissariat du 5è arrondissement, alors que celui du 4è qui se trouve au pied de Boyrabé n’a jamais été caillassé.
Au lieu d’appeler au rassemblement, à l’organisation d’une marche ou d’un meeting pour imposer le réarmement des FACA, ou passer les autorités de la transition à la démission, les leaders politiques à l’heure où nous mettons ce papier sous presse, se sont appelé pour se mettre à l’abri. Au lieu de se réapproprier du destin de leur peuple, ces petits politicards centrafricains vont encore s’en remettre demain aux mesurettes sans foi de la communauté internationale dont les soldats ne sont que des spectateurs de cette scène théâtrale qui se joue depuis presque 3 ans dans leur pays. Après tout nous sommes en Centrafrique, le pays de tous les paradoxes.
Wilfried Maurice SEBIRO