La fin de la transition en Centrafrique a ouvert depuis des mois déjà une boîte de Pandore où les débats de prise de position vont bon train. Les enjeux et les intérêts sont tellement énormes que personne ne sait quelle sera l’issue. Dans ce brouillard opaque où les marabouts de tout poil ont et auront beaucoup de mal à lire dans leurs zékés, leur boule de crystal, l’eau ou le sable, tous miroirs de tout un avenir, ajouté au fait que les candidatures à la prochaine élection présidentielle s’apparentent à une inscription au concours d’entrée en sixième, qui peut vraiment dire ce qu’il adviendra de ce pauvre pays livré depuis longtemps à des mains fouineuses en quête des billets de banque, des carats de diamants, des pépites d’or, et des privilèges du pouvoir ?
Entre tenir très rapidement les élections majeures et les repousser le plus longtemps possible en attendant que tout le pays soit sécurisé, les camps sont bien divisés et il ne manque plus que les canons et les mitraillettes pour tirer à vue et gagner la bataille. Nous ne nous étalerons pas sur cette métaphore satanique qui a plié le peuple et le pays pendant les moments les plus sombres de la crise qui a tout soufflé sur son passage. Nous voulons tout simplement demander un peu plus d’apaisement dans les esprits car il faut arriver à un consensus général pour mener des élections crédibles.
Tenir des élections maintenant et assez rapidement ou les retarder pour attendre le moment propice ne changent rien à la donne. L’issue de ces élections dépendra de l’homme qui sortira des urnes. La vérité est que les centrafricains peuvent élire un bon président lors d’une élection pendant laquelle la sécurité n’est pas totalement instaurée sur toute l’étendue du territoire, tout comme ils peuvent élire un mauvais président avec la sécurité rétablie, vice versa.
C’est tout simplement montrer que les actions et la détermination d’un seul homme ( bien évidemment entouré d’une bonne équipe) peuvent aider le CENTRAFRIQUE à se remettre très rapidement sur les deux jambes.
Il est vrai que les risques sont grands à organiser des élections « bâclées » pendant que le peuple ne peut pas dormir tranquillement, mais quand on sait que dans ce pays les textes ne sont jamais respectés, ( nous avons oublié qu’il n’y a pas si longtemps un forum s’était tenu à Bangui et avait émis des résolutions) il est certain qu’à vouloir rallonger indéfiniment la transition, à force de repousser les élections, on va finir avec un régime inqualifiable, qui pourra durer le temps qu’il faudra, sans qu’on sache si on a affaire à une transition, un « trisénat, invention centrafricaine qui ne pourra surprendre personne », un quinquénat ou un septenat sans un mandat clair du peuple.
Alors, au lieu de toujours se pencher sur la fin de la transition ou sa prolongation, le bon sens commande qu’on se préoccupe de l’avenir de ce pays. Aussi, nous nous demandons quelle influence les partis politiques et le pouvoir en place exercent sur la communauté internationale pour mettre un terme à cette liberté qu’ont les forces illégales à porter au vu et au su de tout le monde, les armes qui leur permettent de maintenir l’insécurité dans le pays ?
Au Mali, il n’a pas fallu deux ans pour repousser les rebelles et sécuriser le pays dans presque sa totalité.
Pourquoi faudrait-il qu’il y ait encore des porteurs d’armes à Bangui, aux alentours de Bangui et dans certaines localités bien ciblées, pour empêcher le pays d’évoluer vers un processus de normalisation nationale ?
Que disent les prétendants à la location du Palais de la Renaissance ?
Une chose est de le dire ou de le dénoncer, une autre est de savoir le dire, savoir le dénoncer pour être entendu.
La « réhabilitation » des FACA et leur réarmement sont deux priorités qui devaient compter en première ligne dans le discours des chefs de file des lignes politiques centrafricaines car, s’il est vrai qu’on ne peut pas conduire de bonnes élections tant que l’insécurité gangrène une grande partie du pays, on ne peut en rien prétendre avant tout d’être candidat dans un tel contexte. Mais puisque le paradoxe semble devenir le costume taillé sur mesure des hommes politiques centrafricains, on pourra toujours se faire, la mort dans l’âme, à cette triste réalité.
Ainsi les élections seront une chose, mais le CENTRAFRIQUE aura besoin d’un homme qui se démarque réellement.
Adolphe PAKOUA