Interrogé ce 28 septembre la Radio BBC au sujet de la résurgence de la crise centrafricaine, le Directeur d’International Crisis Group a dit pour sa part que l’absence d’exécution du processus Désarmement Démobilisation et Réinsertion des groupes armés de Centrafrique est à l’origine de la crise. Ce processus qui devait être porté par les Nations-Unies n’a pas évolué sinon que la signature des accords de DDRR du mai 2015, en marge du forum de Bangui. Une réaction qui fait suite au dernier développement de la situation sécuritaire dans certains quartiers de la capitale centrafricaine.
« Le pré-DDR devrait en principe se mettre en œuvre avant la tenue des élections. Or là présentement, c’est le contraire que nous observons. Les Nations Unies ont pris l’engagement de porter ce processus de DDR mais en réalité rien n’a été fait jusque-là si ce n’est que la signature des accords de DDRR du mai dernier », a indiqué Thierry Vircoulon de Crisis Group.
Dans un rapport publié par la même organisation le 21 septembre 2015, le mode de désarmement des groupes armés est décrié. Thierry Vircoulon l’a repris dans cette interview, « L’approche actuelle du désarmement des groupes armés, formalisée par l’accord signé lors du forum de Bangui en mai dernier, sous-estime la dimension communautaire de la violence ainsi que la criminalisation et la fragmentation des groupes armés ».
Dans le milieu des groupes armés, la question est également évoquée et les critiques sont également faites. C’est le cas de l’Union pour la Paix en Centrafrique (UPC), une faction de l’Ex-Séléka dirigée par Ali Darass. Le 26 septembre dernier, dans un entretien de Ali Darass aux confrères de la RFI, celui-ci a ramé dans le sens de Thierry Vircoulon.
« Il y a des difficultés. Le DDR, c’est d’abord un processus politique. Plusieurs groupes armés ne respectent pas les accords signés. Le gouvernement a traîné. Le comité de suivi a été mis en place tardivement. Pour l’instant, on est au stade du pré-DDR. Rien n’est fait. Que voulez-vous qu’on fasse de plus ? On est dans le processus, on est engagé en faveur de ça. Mais avant tout le désarmement, il faut que la sécurité revienne. C’est l’unique préalable », a-t-il fait savoir.
Du côté des partis politiques, le débat a évolué. Pour Martin Ziguélé du Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain, (MLPC), la question du désarmement n’est pas à négliger. Il s’insurge également contre ceux qui lient le désarment et la sécurité aux candidats des prochains scrutins. « C’est la question de la sécurité de la population que nous devons nous en préoccuper prioritairement et non celle des candidats aux élections », dit-il en insistant.
Ces réactions font suite au regain de violence dans la capitale centrafricaine, depuis samedi 26 septembre. La mort d’un conducteur de taxi-moto a été à l’origine de cette violence.