La Présidente de transition Catherine Samba Panza est rentrée en début d’après midi à Bangui, alors que la ville connait un calme après 5 jours de troubles. Dans son adresse à la Nation, la cheffe de l’Etat de transition a déclaré qu’il faut aller au désarmement sans discrimination des milices armées, à la protection des populations civiles et à l’usage de la force en cas de résistance.
Les propos de Catherine Samba Panza
Centrafricaines, Centrafricains, Mes chers compatriotes,
Il y a quelques jours, je me suis adressée à vous depuis New York.
Au regard de la gravité de la situation, j’ai décidé de revenir au pays. Car En tant que Chef de l’Etat, je suis garante la paix et de la sécurité de notre pays. Je me devais d’être parmi vous pour vous rassurer et apporter l’appui nécessaire à tous ceux qui sont en train de défendre les populations civiles, l’Etat et les Institutions de la transition. Je me devais d’être aux côtés du Gouvernement de Transition dirigé par le Premier Ministre Mahamat KAMOUN, qui n’a ménagé aucun effort pour faire face à l’état d’insurrection qu’on voulait installer dans le pays.
Je suis également revenue pour partager ma compassion avec les familles endeuillées, ainsi que les blessés et les déplacés internes. Je voudrais par dessus tout exprimer ma profonde reconnaissance à la population qui, en sa vaste majorité, est restée sereine. Je voudrais dire toute ma satisfaction à la population qui n’aspire à la paix et qui a entendu les nombreux appels aux calmes lancés par nos compatriotes épris de paix. Ces remerciements vont également à l’endroit de la police, de la Gendarmerie et des éléments des Forces Armées Centrafricaines qui ont su protéger les populations et défendre les institutions du pays, avec courage, malgré leurs faibles moyens.
Je voudrais exprimer toute mon admiration et la reconnaissance des autorités de la transition aux forces internationales (MINUSCA et Sangaris) qui ont su s’interposer, au prix de leur vie, pour éviter que les Centrafricains ne s’entretuent. Je voudrais exprimer toute ma sympathie aux ONG humanitaires dont les biens ont été pillés mais qui demeurent au chevet des populations centrafricaines en détresse.
Mes chers compatriotes,
Ceux qui poussent les Centrafricains à s’entretuer n’auront jamais la conscience tranquille ni la légitimité d’entre entendus. Car les événements douloureux de ces derniers jours n’ont pas leurs raisons d’être.
En effet, j’ai toujours été ouverte à la concertation et au dialogue. La transition en cours a réussi beaucoup de réalisations là ou certains s’attendaient à des échecs. Le processus électoral avançait positivement, avec un engouement certain des populations sur les listes électorales. Les populations centrafricaines se préparaient à aller aux élections qui vont déterminer la légitimité des prochains dirigeants du pays. Mais, avec la dernière tentative de coup de force, que nous venons de vivre, les élections risquent bien de s’éloigner.
La nature politique de ces évènements est évidente. Il s’agissait ni plus ni moins d’une tentative de prise de pouvoir par la force. Une manipulation savamment orchestrée d’une partie de la population à se soulever et à faire resurgir les conflits interconfessionnels est manifeste, avec en toile de fond, le soulèvement de la population contre les forces internationales et contre la France. Les conséquences politiques majeures de ce coup de force sont évidentes: – Rupture du dialogue politique et du pacte républicain par une partie de la classe politique et de la société civile – Mise à dure épreuve des efforts de cohésion sociale et de l’autorité de l’Etat -Tentative de rupture si non de coup d’arrêt au processus électoral.
Avec cette tentative de coup d’état, nous devons tous prendre conscience qu’il existe des menaces certaines sur le processus de transition en cours. Mais quoi qu’il arrive, force doit rester l’Autorité de l’Etat soutenue par la population éprise de Paix et la Communauté Internationale.
Il faut aller au désarmement sans discrimination des milices armées, à la protection des populations civiles et à l’usage de la force en cas de résistance. J’appelle une fois encore vous tous mes compatriotes à faire bloc autour de la Transition, afin de faire échec à ces tentatives de coup de force reprouvée par l’opinion nationale et internationale. J’appelle en particulier toutes les forces vives de la Nation (groupes armés, partis politiques, organisation de la société civile, syndicats, confessions religieuses, etc.) à reprendre le chemin du dialogue, de la concertation et de la recherche du consensus. Le chemin est d’ailleurs tout indiqué par la Charte Constitutionnelle de Transition.
D’ailleurs, dans un délai très bref, j’inviterai toutes les entités sans exclusives à une large concertation afin d’examiner les voies et moyens de sortie de crise. Car rien ne saurait remplacer le Dialogue en pareille circonstance.
En attendant, ceux qui ont pris les armes contre leurs frères et sœurs doivent les déposer sans condition pendant que la justice fera toute la lumière sur les tenants et les aboutissants de ce nouveau complot contre la paix, l’unité et la démocratie.
Je décréterais exceptionnellement des journées de deuil national avec drapeau en bernes sur toute l’étendue du territoire nationale en mémoire de toutes les victimes innocentes de ce massacre. Enfin, j’appelle tous le monde à reprendre le chemin du travail. Je demande aux Forces Nationales de Sécurité et à la MINUSCA d’assurer la sécurité effective de cette reprise du travail, sur toute l’étendue du territoire. Que Dieu bénisse la République Centrafricaine.
Vive la République.