A quelques mois du terme de la décision n°76/CEEAC/CCEG/XVI/15 du Président en exercice de la CEEAC portant « ultime prorogation de la Transition » en République Centrafricaine, une crise, d’une violence inouïe, a éclaté en date du 26 Septembre 2015 provoquant plus d’une quarantaine de victimes, une centaine de blessés graves, des milliers de déplacés internes, des dégâts matériels et des pillages.
A l’origine de cette crise qui a émaillé la capitale centrafricaine, la découverte du cadavre d’un individu de religion musulmane. Cet engrenage infernal fait rappeler l’avertissement prémonitoire lancé par S.E Denis SASSOU N’GUESSO, Président de la République du CONGO et Médiateur International dans la crise Centrafricaine dans son allocution à l’ouverture du Forum National de Réconciliation de Bangui : « Faites bien attention, car c’est souvent au port que les navires chavirent ».
Rentrée précipitamment à Bangui alors qu’elle participait à l’Assemblée Générale des Nations Unies à New York, Mme le Chef d’Etat de Transition a adressé un message à la Nation en date du 30 Septembre 2015. Outre les accusations de tentative de Coup d’Etat lancées à l’endroit de nombreux leaders politiques, elle a mis l’accent sur les points suivants :
1) Le désarmement forcé des groupes armés non conventionnels ;
2) L’ouverture imminente d’un dialogue avec l’ensemble des forces vives de la Nation.
Le Bureau Politique du KNK rappelle que dans le document intitulé « SCHEMA CENTRAFRICAIN INCLUSIF DE SORTIE DE CRISE », l’ensemble des plateformes, Partis, Associations et Personnalités Politiques Indépendantes représentant 90% de la classe politique centrafricaine réunis en concertation élargie les 04 et 05 Septembre 2015 a fait l’amer constat qu’aucune des missions assignées aux Autorités de Transition et prescrites à l’Article 44 de la Charte Constitutionnelle de Transition n’a été réalisée avec succès. Toutefois, il y’a bien lieu de noter que l’annonce faite par Mme le Chef d’Etat de Transition au double sujet du désarmement et de la tenue d’un dialogue inter-centrafricain rejoint le contenu du document susmentionné.
Par ailleurs, tout le monde, mis à part les partenaires internationaux, s’accorde à reconnaitre que ni les conditions technique, de soutenabilité financière et de sécurité ne sont réunies pour la tenue d’élections législatives et présidentielle libres, démocratiques, transparentes, régulières et incontestées avant la fin de l’année 2015 au regard des récents évènements qui ont considérablement impacté le chronogramme électoral qualifié de "chimérique et dangereux" voire de "bombe politique" par Thierry VERCOULON, Directeur du Projet Afrique Centrale de l’International Crisis Group.
Dans un article publié en date du 22 Septembre 2015, ce dernier vient de dresser le constat suivant : « Bien que la feuille de route de sortie de crise qui prévoyait le désarmement des milices et un minimum de réconciliation ait déraillé, les partenaires internationaux maintiennent pourtant un calendrier électoral chimérique et dangereux. L’entêtement des partenaires internationaux à appliquer une feuille de route obsolète est politiquement contre-productif».
A l’entêtement des partenaires internationaux à vouloir organiser, coûte que coûte, ces élections avant la fin de l’année 2015, s’ajoutent leur détermination avérée ainsi que celle des Autorités de Transition de mettre à l’écart les principaux acteurs de la crise centrafricaine, à savoir les anciens Chefs d’Etat François BOZIZE YANGOUVONDA et Michel DJOTODIA.
Cette position tout aussi contreproductive vient d’être contrebalancée par le Conseil de Sécurité des Nations Unies qui a souligné « l'importance de la tenue d'élections présidentielles et législatives libres, justes, transparentes et inclusives, conformément à la charte constitutionnelle de transition… ». Le Conseil de Sécurité a également souligné la nécessité « qu'un dialogue national inclusif, comme celui initié au Forum de Bangui en mai 2015, est la seule voie possible vers la réconciliation et une paix durable ».
S’agissant de la nécessité d’un dialogue national inclusif, c'est-à-dire ouvert à tous les acteurs politiques, est-il besoin de rappeler la sage préconisation lancée par le Président Denis SASSOU N’GUESSO à l’ouverture du Forum de Bangui : « Je voudrais rappeler que la recherche du consensus inclusif à laquelle j’appelle l’ensemble des acteurs politiques et de la société civile, n’est pas incompatible avec la justice. Ce n’est pas un appel à l’impunité. Dans cette démarche, je le dis pour la Centrafrique comme je l’ai dis pour mon pays, nous devons veiller pour que tous ceux qui sont en mesure d’apporter leur pierre à la construction de la maison commune soient associés. A travers le monde et l’histoire, des exemples ne manquent pour soutenir cette sage prudence ».
Devant la gravité de la crise que vient de connaitre la capitale centrafricaine et de ses conséquences sur les plans politique, sécuritaire, humanitaire et socio-économique, le Bureau Politique du KNK :
1) Présente ses profondes condoléances aux parents des victimes de ces actes ignobles et barbares;
2) Condamne avec fermeté les violences perpétrées par des Musulmans et des Non-musulmans, les pillages et les destructions des biens meubles et immeubles ;
3) Exige l’ouverture d’une enquête internationale pour identifier les commanditaires, auteurs et co – auteurs de ces violences ;
4) Réitère sa pleine et totale adhésion au "SCHEMA CENTRAFRICAIN INCLUSIF DE SORTIE DE CRISE".
Afin d’éviter de reproduire le type de "Dialogue Exclusif" organisé en mai 2015, le Bureau Politique du KNK réclame la tenue, dans la capitale congolaise (Brazzaville) sous les auspices du Médiateur International, S.E. Denis SASSOU N’GUESSO, d’un Dialogue Inclusif pour débattre de l’avenir de la Transition en cours.
Fait à Bangui le 04 Octobre 2015
Pour le Bureau Politique
Bertin BEA,
Ancien Ministre,
Ancien Député