Vendredi 2 octobre dernier, dans son décryptage des dernières développements de la situation sécuritaire à Bangui, le Chargé d’Affaires à l’ambassade des Etats unis, David Brown a ostensiblement pointé du doigt l’ancien président François Bozizé d’être derrière ces violences. « Je crois qu’il y a ceux qui diraient que la main de Bozizé (François) est derrière quelques-unes des activités malheureuses de cette semaine. Cela ne semble pas raisonnable. Il faut que ce Monsieur arrête immédiatement tout soutien à la violence ici (en RCA). » a déclaré le diplomate américain avant d’annoncer que Bozizé court même le « risque » d’être inculper par le CPI. Cette déclaré a suscité une vive réaction au sein du parti Kwa na kwa (KNK), le parti de François Bozizé. Bertin Bea, Secrétaire général dudit parti dénonce un acharnement sans fondement sur son président dans l’interview ci-dessous.
Corbeaunews.ca (CNC) : Bertin Bea, Bonjour ! Vous êtes Secrétaire général du parti de l’ancien président François Bozizé, le KNK, et suite aux dernières violences survenues à Bangui ayant fait une quarantaine de tués, quelques trois cent blessés, ainsi que plus de quarante mille nouveaux déplacés internes, sans compter les dégâts matériels importants, le nom de Bozizé circule parmi les instigateurs de cette situation. En témoigne l’accusation ouverte portée par le Chargé d’affaires à l’ambassade des Etats unis en Centrafrique. Qu’en dites-vous ?
Bertin Bea (BB) : Bonjour Monsieur le journaliste ! Je crois que ces accusations ne sont pas nouvelles et cela ne nous surprend pas, non plus. La stratégie des autorités de la transition, c’est toujours de chercher des bouc-émissaires. Je tiens à rappeler que Madame la Présidente m’a reçu, le 8 septembre, à ma demande pour lui délivrer le message du présidente Bozizé. Le président Bozizé a estimé qu’avant l’arrivée du Pape François chez nous, les centrafricains doivent se parler et se pardonner, car il s’agit d’un événement important. En France, la visite du Pape est prévue en 2018 ; aux Etats unis, il vient de passer il y a une semaine ; donc c’est un événement important. Cela veut dire que le Président Bozizé est dans la logique d’un dialogue, mais un dialogue inclusif et non exclusif. Parce que l’exclusion est une bombe à retardement. Et, la démarche du dialogue ne peut pas sous-tendre en même temps celle de la violence.
CNC : Ainsi, quelle est la lecture de votre parti, le KNK sur cette résurgence de violences à Bangui ?
BB : Tout ce qui s’est passé ces derniers temps dans notre pays, c’est le résultat de la découverte du cadavre d’un individu, semble-t-il de la confession musulmane, c’est véritablement l’élément détonateur de ce que nous avons vécu depuis le 26 septembre. Alors, dès qu’on a amené ce corps au niveau de Km5, on a immédiatement connu des représailles ; les assaillants ont brûlé le commissariat de police du 5ème, égorgé le commissaire, égorgé les prisonniers qui étaient dans la geôle, égorgé des militaires, je pense ici au célèbre musicien du Groupe ‘’Musiki’’ qui a été assassiné avec sa femme chez lui. Et donc, d’autres compatriotes qui ne sont pas des musulmans, notamment des Anti-balaka et des FACA ont estimé qu’il fallait porter secours à leurs frères centrafricains qui avaient été pris en otage, surtout les femmes qui vendaient des légumes au Km5. Ils ont ainsi réagi dans une position de légitime défense. Il y a également les jeunes qui ne pouvaient plus supporter de certains comportements des forces internationales, notamment de la Minusca qui a tiré sur des gens dans la marche pacifique qui a conduit jusqu’au Pk 0. Cela veut dire qu’il n’y a pas le parti ‘’KNK’’, il y a plusieurs partis politiques et d’autres compatriotes qui sont exaspérés par ces comportements aujourd’hui qui réclament le départ de Madame Samba Panza et ont décidé de marcher. Alors, imputer tout cela au KNK, je dis non !
Je crois que cette politique de bouc-émissaire qui a trop duré – politique qui consiste à masquer l’incapacité des autorités à mettre en œuvre la feuille de route de la transition. Le ministre Abdou Karim Meckassoua qui est un musulman, après son intervention sur Rfi où il condamné ces dernières violences, a reçu la visite des gens qui veulent lui faire du mal, en plein Km5. Et, on va encore dire que tout cela, c’est le ‘’KNK ‘’? On voit mal le fait que les gens voient la main du ‘’KNK’’ partout. Donc, le ‘’KNK’’ rejette en bloc toutes les accusations portées contre lui.
Au nom de notre parti, je présente mes condoléances et toute ma compassion à celles ou ceux qui ont perdu proches et biens dans cette situation.
CNC : En vue d’arriver à un dénouement de la situation, surtout sur le plan politique, la Présidente de la transition a annoncé dans son adresse du 30 septembre à la Nation, une rencontre avec les forces vives de la Nation. Avez-vous des attentes particulières ?
BB : Ce qui est important aujourd’hui, c’est qu’au-delà de ce qui s’est passé, Madame la présidente a fait une déclaration à la Nation, et ce qui m’a retenu l’attention dans cette adresse, c’est l’idée qu’on puisse se retrouver, ce qu’elle va rencontrer les forces vives de la Nation pour échanger avec elles, et je pense que ce sera l’occasion pour qu’on puisse remettre tout à plat, et qu’on puisse faire un dialogue véritablement inclusif, c’est-à-dire avec la présence de tous les acteurs, notamment François Bozizé et Michel Djotodia en leur qualité de principaux acteurs qui ont été écartés lors du Forum national de Bangui la dernière fois. Sinon, nous allons encore assister à une parodie, à un simulacre de dialogue comme cela s’est passé au mois de mai dernier. Il faudra sortie définitivement de cette situation de comédie politique.
CNC : Bertin Bea, merci.