Les négociations pour faire taire les armes en Centrafrique ont été suspendues mardi à Brazzaville alors qu’il reste moins de vingt-quatre heures aux délégués pour parvenir à un accord.
Les représentants de l’ex-rébellion Séléka ne se sont pas présentés à la reprise des travaux du "Forum pour la réconciliation nationale et le dialogue politique" qui s’était ouvert la veille dans la capitale congolaise.
En leur absence, les deux principaux ateliers de négociations, celui la cessation des hostilités et celui sur le désarmement des groupes armés ont suspendu leur séance dès l’ouverture, et n’avaient pas repris leur session à 13h00 (12h00 GMT).
Seule la troisième commission, sur la poursuite du processus politique, a repris ses travaux à huis clos.
La médiation internationale de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) lui a demandé de tenir sa session pour faire le point, selon un membre du comité d’organisation congolais ayant requis l’anonymat.
De même source, on indiquait que la délégation de la Séléka avait reçu un projet de l’accord final de la conférence devant être signé mercredi. Les délégués de la Séléka qui n’ont pas quitté leur hôtel seraient toujours en train de l’étudier.
Aucune précision n’avait pu être obtenue sur le contenu de ce projet d’accord, mais l’objectif annoncé du Forum est d’aboutir mercredi matin à un engagement des parties concernées à cesser toute violence, et à la signature d’un accord de cessation des hostilités et de désarmement des groupes armés, préalables à un nouveau processus politique.
- "Refroidissement" -
Dès son ouverture, la rencontre avait suscité des doutes sur les résultats dont elle pourrait accoucher du fait de l’absence d’un certain nombre d’acteurs de la crise.
Après les échecs de rencontres précédentes à l’étranger, un certain nombre de personnalités politiques et religieuses ainsi que de représentants de la société civile ont décidé de ne pas faire le voyage de Brazzaville, souhaitant que le dialogue ait lieu à Bangui.
La question de la légitimité des représentants des groupes armés pour parler au nom de l’ensemble des milices était également posée du fait du grand éclatement de celles-ci, entre branche dissidente et branche officielle pour la Séléka, ou d’une multitude de cellules indépendantes en l’absence de véritable organisation pour les anti-balaka. La branche dissidente de la Séléka n’a envoyé ainsi aucun représentant à Brazzaville.
Depuis le renversement en mars 2013 du président François Bozizé par la rébellion Séléka, la Centrafrique, ancienne colonie française riche en diamants, en pétrole et en uranium, est plongée dans le chaos. Les violences inter-communautaires quasi quotidiennes ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés.
Les ex-rebelles Séléka et les milices anti-balaka s’affrontent dans un cycle sanglant d’attaques et de représailles dont les civils sont les premières victimes, et d’autres groupes armés sont par ailleurs présents dans le pays.
Mardi matin, plusieurs délégués ont évoqué des propos rapportés par la radio française RFI, selon laquelle le chef de la délégation Séléka, Mohamed-Moussa Dhaffane, aurait réclamé un partage de la Centrafrique comme préalable à toute négociation.
Me Guy-Hervé Gbangolo, délégué pour le Front démocratique du peuple centrafricain (FDPC) a estimé que les propos prêtés à M. Dhaffane créaient "un petit refroidissement". Le FDPC est un groupe armé présent dans l’Ouest du pays, près du Cameroun, et qui compterait environ 300 combattants.