STRASBOURG -- Le Parlement européen (PE) a exhorté jeudi, à Strasbourg, les marchands de diamants et les autorités de la République centrafricaine (RCA) à tout faire pour mettre fin au commerce illégal de diamants qui alimente le conflit en RCA alors que le conflit risque de dégénérer en guerre civile, ont-ils prévenu.
Dans une résolution non contraignante adoptée à main levée, les eurodéputés rappellent que l'origine des diamants doit être examinée avec le plus grand soin par les sociétés internationales importatrices.
D'après un rapport d'experts de l'ONU, le commerce illicite de diamants qui finance les grands acteurs du conflit en RCA - d'où leur appellation de "diamants du sang" - implique de plus en plus de pays voisins.
"140 000 carats de diamants, d'une valeur de 24 millions de dollars, ont été clandestinement emmenés hors du pays depuis l'interdiction de 2013 de l'exportation des diamants bruts", affirme un rapport de l'ONU transmis début septembre au comité des sanctions de la RCA et à un panel d'experts du Conseil de sécurité des Nations Unies.
La situation en RCA "pourrait amener le pays au bord d'une guerre civile si les frontières ne sont pas contenues", alertent les parlementaires européens.
Près d'un demi million de personnes déplacées à cause du conflit ont un besoin urgent de nourriture, d'eau et de soins médicaux. Les organisations humanitaires ont été prises pour cibles.
L'exportation de diamants en provenance de la RCA a été interdite en mai 2013 par le Processus de Kimberley, qui représente 81 pays, y compris les Etats-Unis, l'Union européenne, la Russie, la Chine et tous les principaux pays producteurs de diamants.
Un rapport d'Amnesty International rendu public fin septembre dénonce "les failles du système de régulation du commerce international de diamants".
"En théorie, le régime de certification des diamants bruts qu'impose le dispositif doit garantir au consommateur qu'il n'achète pas des diamants du sang. Mais les sanctions et les contrôles sont trop faibles pour dissuader les fraudeurs", indique le rapport.
Le PE demande aux autorités du pays comme aux entreprises étrangères d'"aider à renforcer la gouvernance dans le secteur des industries extractives en se conformant à l'Extractive Industries transparency Initiative" (Initiative pour la transparence dans les industries).
Le gouvernement de la RCA doit se concentrer sur la lutte contre l'impunité et la restauration de l'état de droit, insistent encore les parlementaires européens qui déplorent que, malgré l'embargo de l'ONU sur les armes, le renforcement des milices continue en RCA.
Le PE exhorte par ailleurs les entreprises européennes qui négocient avec les compagnies d'exploitation forestière de la RCA à respecter la réglementation européenne sur le bois.