La cheffe de l’Etat de transition en Centrafrique, Mme Catherine Samba-Panza ne semble plus avoir la maîtrise du navire. Plusieurs évènements ont, visiblement, eu raison de la détermination affichée par cette femme, lorsqu’elle prenait en janvier dernier, la destinée de la République Centrafricaine.
Le pouvoir a son langage que Mme Catherine Samba-Panza connait désormais par expérience. Il parait évident qu’en accédant à la magistrature suprême de l’Etat, le 20 janvier 2014, Catherine Samba-Panza avait sa petite idée. Elle n’avait pas conscience du visage sombre du pouvoir. Pour elle, c’est qu’elle avait gagné et qu’elle allait inscrire son nom dans l’histoire de ce pays qui l’a vu naitre.
L’image que l’on garde du 20 janvier 2014, est celle d’une femme débordée de joie, brandissant ses mains en l’air en signe de victoire. Il était certain que la cheffe de l’Etat, n’avait pas totalement conscience de ce que le pouvoir pouvait lui réserver dans les mois avenir, afin de définir un angle de gestion et surtout projeter sa politique de gouvernance. Samba-Panza, savait qu’elle était désignée pour commander, gérer la République pendant la transition, c’est tout. Mais les écueils liés à la gestion du pouvoir n’étaient pas l’affaire de cette première femme faite présidente en Centrafrique ainsi que pour ses proches.
C’est dans cet esprit là que dès le départ, Mme Catherine Samba-Panza a lancé le bras de fer avec les forces politiques en refusant de respecter les accords de Brazzaville qui ont posé les bases de la transition qu’elle venait d’hériter, le tour pour masquer sa faiblesse pour les nominations ethnico-amicales. Les multiples dérapages verbaux de la présidente dus d’une part à son inexpérience politique et d’autre part à sa sagacité et surtout l’ignorance du revers de pouvoir, expliquent bien l’état d’âme avec lequel elle avait commencé son mandat. Aussi, la présidente a décidé de pratiquer la politique de diviser pour régner. Elle l’a commencé avec les politiques en recevant régulièrement certains (ceux considérés comme grands) au détriment des autres (dits petits). Elle a poursuivi cette politique avec les groupes armés qu’elle a tentés de diviser par coup de billets de banque.
Puisqu’en politique, les erreurs finissent toujours par rattraper ceux qui les commettent, Catherine Samba-Panza est en train de se faire rattraper par ses errements politiques dus d’un coté par son inexpérience et de l’autre par sa volonté d’écraser. C’est ce qui est arrivé à Patassé et Bozizé, deux chefs d’Etat qui ont payé des erreurs politiques lamentables commises au cours de leurs règnes.
La politique de division instaurée par Samba-Panza n’a pas marché à 100%. Les partis politiques qu’on a fait comprendre à la cheffe de l’Etat comme étant de petits, ont réussi une prouesse en se réunissant pour poser un problème politique fondamental qui conteste le maintien de CSP au poste après le 30 décembre, dernier délai de rigueur de la transition conformément à la charte et aux décidions de la CEEAC. Ces partis politiques écartés à dessein par le régime de transition ont ainsi réussi à non seulement à poser un problème politique mais aussi à remettre en cause la grandeur des formations politiques avec lesquelles Catherine gère officieusement le pouvoir.
L’idée de la transition, défendue par ces partis considérés comme petits et rejetée par les « grands », semble de plus en plus gagner du terrain. Ils ont aussi réussi à écorcher l’image de la cheffe de l’Etat de transition qui passe désormais pour une incapable face à la situation sécuritaire.
La division n’est pas aussi passée du coté des groupes armés. La cheffe de l’Etat s’attendait à ce que les groupes armés se rentrent dedans pour se fragiliser. Au départ, les choses ont évolué dans le sens voulu par l’autorité. C’est ce qui a fait que la Séléka s’est disloquée pour engendrer quatre fractions (UPC de Ali Daras, le RPRC de Djotodia-Nourredine, la Séléka rénovée de Dhaffane et le PRC de Dhono). Au début de son règne, CSP a remis beaucoup d’argent à Dhaffane afin qu’il s’oppose au duo Djotodia-Nouredine. La même stratégie est utilisée pour séparer Djono de Dhaffane ainsi que Ali Daras de tous les autres.
La même stratégie est utilisée au sein des Anibalaka qui se retrouvent avec plusieurs groupes et de multiples tendances. Le régime a, par coup de billet de banque monté Wénézoui contre Ngaissona et les autres petits leaders contre Wénézoui…
Les ex-Séléka et les Antibalaka ayant compris se sont retournés contre CSP d’où la revendication de son départ exigée par tous publiquement ou e cachette par ceux qui continuent de manger dans les mains de la dame de Bangui.
Toutes ces réalités sociopolitiques ont eu raison en 21 mois de Catherine Samba-Panza. Catherine Samba-Panza d’octobre 2015 n’est pas la Catherine Samba-Panza de janvier 2014. Elle a changé. Elle a été ruinée par le pouvoir. Catherine Samba-Panza n’est désormais que l’ombre d’elle-même. C’est une présidente essoufflée et dépassée.
Essoufflée Samba-Panza l’est car, la mission essentielle qui lui a été confiée n’est pas assumée. En plus de vingt mois, Catherine Samba-Panza n’a pas réussi à sécuriser 10% de la RCA malgré la présence des casques bleus. Aussi, elle n’est pas à même d’organiser les élections comme prévu par les textes fondateurs de la transition.
Dépassée, CSP l’est aussi. Les évènements ont réussi à dépasser la présidente de la transition qui ne maitrise plus rien. Les mouvements de masse, les mouvements sociaux, les problèmes politiques et surtout les caprices des groupes armés.
CSP ne maitrise rien en Centrafrique. Elle est dépassée et essoufflée à telle point que dans les couloirs du palais, on évoque l’exaspération de CSP. Un conseiller de la cheffe de l’Etat a confié à Sangbilegue « la cheffe de l’Etat ne veut plus le pouvoir. Même si c’est demain, elle va partir. Son soucis c’est que l’on en finisse le plus vite possible ». Cette phrase cache mal l’essoufflement de CSP qui veut quitter le pouvoir le plus vite possible, non parce qu’elle le veut mais parce que les réalités du pouvoir l’ont dépassée et essoufflée.
La situation dans laquelle se trouve CSP aujourd’hui n’est que la résultante de son inexpérience politique et de la politique de précipitation aveugle qu’elle a adoptée dès le début de son mandat. Essoufflée et dépassée, la cheffe de l’Etat Catherine Samba-Panza assiste au pillage du pays, à la montée en puissance de l’insécurité et à l’impossibilité de tenir des élections de sortie de crise souhaitées et attendues par la majorité du peuple de la RCA.