RCA: pourquoi ont-ils démissionné ?

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Publié le mardi 13 octobre 2015 | Les Plumes de RCA

© Autre presse par DR
L’Autorité Nationale des Elections (ANE)

La démission discrète des deux têtes pensantes de l’Autorité Nationale des Elections marque l’absence singulière de fortes personnalités centrafricaines capables de sortir la RCA de l’abîme.

En RCA, tout se passerait comme s’il n’y avait plus de fortes personnalités éclairées, pénétrées des grands principes de morale, de justice et d’opiniâtreté pour guider le peuple à s’émanciper et à conquérir son indépendance.

Je crois fermement que le premier et principal combat à mener dans la situation catastrophique de la RCA est un combat pour la liberté d’information car « plus un peuple est éclairé, plus ses suffrages sont difficiles à surprendre… Même sous la Constitution la plus libre, un peuple ignorant est esclave. » (Condorcet).

Messieurs Godefroy MOKAMANADE et Dieudonné KOMBO-YAYA, quelles informations avez-vous à communiquer aux centrafricains concernant les raisons de votre démission ? Vous avez accepté une mission, celle d’organiser des élections libres et transparentes. Quels sont les mobiles de votre démission ? De qui avez-vous peur ? Avez-vous subi des pressions ? Démissionner pour démissionner, ça rime à quoi ?

Depuis votre démission, ni la presse, ni les centrafricains ne sont au courant des raisons qui vous ont poussé à vous retirer de l’Autorité Nationale des Elections. Votre silence est un motif supplémentaire démontrant l’absence totale de fortes personnalités en République centrafricaine. Il contribue à attiser les folles rumeurs, déjà nombreuses, sur la structure que vous avez dirigée.

J’estime que les centrafricains ont le droit d’être informés de ce qui se passe au sein de l’organe censé organiser les élections. Cet organe essentiel censé nous permettre de sortir de la grave crise actuelle. Je crois que les centrafricains ont soif de l’information et la transparence. Information et transparence sur l’enrôlement, le vote des réfugiés et centrafricains résidant à l’étranger, le financement des élections, le découpage électoral, etc.…

Cette démission serait un exemple pour tous si elle contribue efficacement à éclairer les centrafricains sur les risques auxquels ils s’exposent : l’éventualité d’une élection maudite qui pourrait nous conduire à une guerre civile. Le peuple centrafricain fait face à une accumulation de rumeurs qui se conjuguent et s’aggravent mutuellement concernant la tenue des prochaines élections. Il est de votre devoir, en ayant vécu les choses de l’intérieur, de lancer un cri de cœur afin d’expliquer, d’informer les centrafricains des réalités liées aux futurs scrutins car la Centrafrique n’est ni à vous, ni à Catherine SAMBA-PANZA et son gouvernement, ni aux membres du CNT, ni à la communauté internationale, ni aux partenaires, ni aux antibalaka, ni aux séléka, mais à nous tous.

Je crois que vous pouvez contribuer à faire changer le système qui est injuste et je crois comprendre à travers votre démission que vous n’aimez pas l’injustice. Vous pouvez concourir à améliorer les faiblesses dans l’organisation de ces élections en publiant les imperfections et en fournissant les innovations majeures dans le processus électoral en réponse aux exigences de professionnalisme et de transparence exprimées par le peuple centrafricain. Les nombreux défis liés au processus électoral exigent de votre part des informations sur les irrégularités et les dysfonctionnements dans l’essentiel du processus électoral, dès la collecte des données pour l’établissement des listes électorales, le découpage électoral, jusqu’au moment de votre départ de l’ANE.

Des cohortes de prétendants attendent aux portes de l’ANE, vous ne pouvez pas l’ignorer. Sauriez-vous sortir de votre silence pour prendre enfin la mesure de la crise que traversent la RCA et le peuple centrafricain ?

S’il vous plaît, veuillez aider le centrafricain à comprendre les enjeux au sein de cette Autorité Nationale des Elections. Vous aidez ainsi votre peuple à grandir, à ne plus être esclave. Vous devez la vérité à la République.

Martial ADOUMBOU !