« …La lutte contre l’impunité doit être un maître mot et le pays ne peut continuer à vivre sous les menaces des armes diverses et des groupes hostiles à la paix et à la sécurité des citoyens… ». dixit Jean WILLYBIRO SAKO alias « NGU TI DÉ », candidat aux prochaines élections présidentielles.
Propos recueillis par Rodrigue Joseph Prudence MAYTE
Engluée dans une crise sans précèdent, la Centrafrique peine toujours à se mettre sur le chemin de la normalité. Quand bien même l’Autorité Nationale des Élections (ANE) ait officiellement publié le calendrier électoral, la fracassante démission de KOMBO-YAYA le président dudit organisme, remet en cause la tenue effective de ces élections.
Le pays a d’ailleurs renoué avec ses vieux démons. Les derniers événements malheureux qui ont endeuillé de nombreuses familles, risquent de freiner le processus électoral en cours. Et si tous les acteurs impliqués dans la crise Centrafricaine ne s’accordent pas en cette période trouble pour favoriser rapidement le retour de la paix, le vent qui souffle encore sur la braise des derniers événements finira par rallumer le feu des hostilités et embraser tout le pays.
Toutefois, à l’approche de ces futures échéances électorales, notre site Les plumes de RCA « LPRCA » a décidé de placer le gril de la transparence médiatique sur chacun des candidats à la magistrature suprême.
Nous espérons qu’à travers ce lampadaire de la raison critique, chaque potentiel locataire du Palais de la Renaissance pourra convaincre les électeurs sur sa vision d’une nouvelle Centrafrique permettant la communauté de vie et de destin de tous les Centrafricains sans exception. C’est dans cette optique que nous tendons aujourd’hui le micro du peuple au candidat Jean Willybiro-Sako alias NGU TI DÉ
LPRCA: Monsieur Jean Willybiro-Sako (JWS) , bonjour
JWS: Merci Les Plumes de RCA pour l’occasion que vous me donnez de m’exprimer sur votre site
LPRCA: La Centrafrique connait ces derniers jours un cycle de violence inouïe qui nous rappelle les pires heures de la crise. On dénombre plusieurs morts et blessés. Ces événements risquent d’avoir une incidence majeure sur le processus électoral en cours. Quelle solution disposez-vous dans votre mallette politique pour permettre au pays de contenir rapidement à court terme ces sempiternels regains de tensions ?
JWS: Une fois de plus il est à déplorer ces crises répétitives qui bloquent la paix et qui fait régresser le développement du pays.
La solution à ces crises relèvent en premier lieu du mandat de celles et ceux qui ont la charge de l’Etat, notamment les Responsables des différentes institutions de la transition.
Pour nous, acteurs de la vie politique, c’est d’apporter chaque fois notre contribution de manière positive aux initiatives du gouvernement, de la communauté internationale et autres, notamment à travers la participation aux rencontres et fora qui visent à rechercher des solutions concrètes et durables a ces crises, les conseils à donner à nos sympathisants à œuvrer dans la paix et la cohésion sociale et l’appui aux initiatives de certaines ONG ou communautés qui œuvrent pour l’atteinte de ces objectifs comme nous le faisons régulièrement pour la cohésion sociale et le dialogue intercommunautaire à Boda.
Aujourd’hui il faut que tous, nous soutenions les efforts de paix, la lutte contre la déstabilisation du pays, la prolifération des armes, la lutte contre l’impunité, le rétablissement des FACA et leur organisation ainsi que leur équipement rapide.
LPRCA: Au Burkina Faso, le président de la transition victime d’un putsch, a été rétabli quelques jours plus tard dans ses fonctions de chef de l’Etat, grâce à une forte mobilisation nationale et sous régionale. Que peut-on retenir de ce modèle atypique de démocratie ?
JWS: le Burkina Faso nous a donné de belles leçons de patriotisme et de mobilisation sociale pour défendre la démocratie et l’intérêt supérieur de la Nation au-delà de nos intérêts propres. Cela exige de tous, lucidité politique et des Forces de Sécurité Nationales qui défendent les intérêts du peuple
LPRCA: Depuis l’accession de la Centrafrique à l’indépendance, il y’a eu plusieurs coup d’état ou tentatives de coup d’état. Aujourd’hui, on continue d’entendre des bruits de bottes un peu partout à l’intérieur du pays. Pour l’ancien Officier de police, l’ancien Magistrat, le Criminologue et le spécialiste en Stratégie globale des gestions de crise que vous êtes, quelle solution proposez-vous pour régler définitivement la crise centrafricaine ?
Désarment volontaire ou forcée ? Justice sera-t-elle rendue aux nombreuses victimes ? Que deviendront les belligérants de la crise après le retour à l’ordre constitutionnel ?
JWS: Un pays qui est bâti sur des bases institutionnelles légales et qui a ses traditions et cultures doit donc être géré sur des bases légales dans le respect des loi de l’Etat, des droits de l’homme et de la démocratie véritable, de la recherche constante de l’unité Nationale et l’égalité des chances pour tous les fils et filles du pays, surtout les jeunes, sans distinction de races, de région, d’appartenance politique et le respect du caractère laïc de l’Etat.
Dans cet état fragile, le dialogue entre les dirigeants et la population et les différents groupes doit être fréquent et leurs propositions réellement prise en compte, les chefferies traditionnelles doivent continuer à jouer leur rôle de premier rempart contre l’injustice sociale et défenseur des valeurs culturelles et traditionnelles.
La lutte contre l’impunité doit être un maître mot et le pays ne peut continuer à vivre sous les menaces des armes diverses et des groupes hostiles à la paix et à la sécurité des citoyens. Il n y a pas lieu d’attendre avant d’agir car chaque jour qui passe est devenu un jour de deuil et de grincement de dents. Nous devons saisir la mobilisation de la Communauté Internationale à nos côtés pour poser des actions concrètes et efficace afin de mettre rapidement un terme à la souffrance du peuple, au blocage divers, à la peur endémique. Des services de police, de gendarmerie et des FACA restaurées et renforcées, une chaîne pénale sécurisée et rétablie permettront de mieux asseoir l’autorité de l’Etat et lutter contre l’impunité
LPRCA: De nombreux observateurs s’accordent à dire que le calendrier électoral n’est plus tenable. Au sein de l’ANE, on parle de plus en plus d’un léger réaménagement dudit calendrier.
Puisque le report des élections entraînera inéluctablement un autre prolongement de la transition, une partie de la classe politique réclame à cor et à cri une troisième transition. Quelle est votre position ?
JWS: Notre souhait est de voir les élections se tenir à temps pour éviter au pays un vide institutionnel au 30 Décembre 2015, selon l’ultime prolongation de l’actuelle transition décidée par les chefs d’Etat de la CEEAC. Que ferons-nous quand cette date fatidique arrivera ? Il faut réfléchir aux solutions qui éviteront au pays ce vide institutionnel. Des propositions ont été faites et seront certainement examinées quand toutes les forces vives seront réunies au moment venu pour retenir la décision la meilleure, eu égard à la durée nécessaire pour l’organisation des élections crédibles et non précipitée et l’investiture des nouvelles autorités
LPRCA : La création d’un Sénat figurant dans le projet de la nouvelle constitution divise énormément la classe politique Centrafricaine. Quel regard portez-vous sur ce projet ?
JWS : pour notre pays dont les ressources financières sont limitées, nous pensons qu’il s’agira d’une institution de luxe pour le recasement de certains sans un apport nouveau à la solution des crises récurrentes et à la défense de la démocratie, ce que l’Assemblée Nationale fait déjà. Cet argent peut servir à soutenir nos forces de défenses et de sécurité et les nombreuses actions sociales nécessaires pour résorber les conséquences des présentes crises
LPRCA: Pourquoi ambitionnez-vous de devenir Président ? Qu’est-ce qui différenciera le ministre que vous fûtes du Président de la République que vous souhaiteriez devenir ?
JWS: Vous savez que le Ministre membre d’une équipe gouvernementale peut émettre des avis, faire des propositions les meilleures, mais il n’est pas celui qui prend la décision finale pour l’adoption des mesures appropriées ou l’orientation du gouvernement. Cependant lors de ma longue carrière comme membre du gouvernement j’ai fait preuve à chaque fois d’efficacité, de compétence et d’abnégation à tous les postes que j’ai eu à occuper. Ainsi comme Président et surtout comme un Indépendant , conscient du délabrement actuel de l’Etat et de la crise sociale, j’obtiendrai très rapidement un consensus national autour de ce que nous devons faire, rassembler tous les fils et filles du pays pour un sursaut national véritable, introduire une meilleure gestion afin de négocier nos rapports avec les différents partenaires en vue de mieux mobiliser l’appui de la communauté internationale pour une sortie définitive de crise et la reprise rapide du développement du pays.
LPRCA: la plupart des candidats partent chercher des appuis à l’extérieur pour financer leur campagne. Nous savons tous que l’argent sale n’est jamais loin et les bénéficiaires de ces fonds étrangers sont parfois tributaires des groupes de pression et risquent d’avoir les pieds et mains liés une fois au pouvoir.
Comment comptez-vous financer votre campagne ?
JWS: Chacun s’organise à sa manière pour mener à bien son projet et nous n’avons donc pas de jugement à porter sur la manière dont chacun s’y prend pour atteindre ses objectifs. Cependant il est Judicieux d’éviter les appuis qui demain pourraient compromettre la liberté de manœuvre du nouveau dirigeant ou hypothéquer les ressources nationales.
Les contributions de toutes les personnes de bonne volonté ou des amis qui souhaitent donner la chance à un leader qui a les capacités réelles de relever ce pays sur le plan social, économique et sécuritaire, de mieux diriger demain dans l’intérêt de tous, d’améliorer l’image de marque du pays dans le monde nous serons d’une très grande nécessité.
LPRCA: En 2005, vous étiez le président de la Commission électorale mixte indépendante qui supervisait les élections présidentielles dont Bozizé fut vainqueur.
En 2010, le président Bozizé vous a rappelé d’urgence à Bangui pour devenir son ministre en charge de l’Administration du territoire et de la Décentralisation alors que vous étiez à l’époque l’ambassadeur de la Centrafrique en France. Nous rappelons que votre ministère veillait sur la bonne marche de l’organisation des élections de 2011 par la Commission Électorale Indépendante et Bozizé était de nouveau vainqueur de ces élections.
De nombreuses personnes clament que vous êtes le maître d’orchestre des élections de Bozizé de 2005 et ils affirment que c’est d’ailleurs la raison pour laquelle il vous avait rappelé à Bangui en 2010 pour faciliter sa réélection de 2011.
Que répondez-vous face à ces accusations ?
JWS: Ce sont des accusations qui se fondent sur un manque d’information et une mauvaise analyse de la situation. Pour reprendre les choses dans l’ordre chronologique, en 2005 nous avons organisé des élections apaisée qui se sont soldées par la victoire méritée du Président Bozizé au 2eme tour. Ces résultats ont été reconnus et acceptés par toutes les parties engagées dont la population, les candidats, les partenaires et la communauté internationale. De plus, tous ont reconnu que nous avions présidé la CEMI avec indépendance, neutralité, efficacité, autorité et dans la stricte bonne gestion de notre équipe, des moyens matériels et financiers de l’Etat et des différents partenaires mis à notre disposition. Ce qui nous a valu d’être retenu par l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) comme l’un des experts les plus sollicités pour appuyer l’organisation des élections dans de nombreux pays d’Afrique, même lorsque nous étions Ambassadeur de la RCA en France.
En 2011 l’organisation des élections était placée sous la responsabilité de la nouvelle Commission Électorale Indépendante (CEI) dont je n’étais pas membre. Vous vous rappellerez que la CEI avait démarré ses activités en 2009, et pour diverses raisons elle s’est plantée après quelque mois, entrainant le gel des financements de tous les partenaires. Eu égard à mes contributions reconnues fructueuses dans l’organisation des élections apaisée dans de nombreux autres pays et en RCA et sur recommandation des partenaires internationaux, le Président Bozize m’a fait appel pour sortir le pays de cet impasse en aidant cette CEI à se réorganiser pour mieux reprendre le plaidoyer auprès des différents partenaires. En tant que Ministre en charge de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, nous avions pris les dispositions nécessaires pour assurer la bonne marche de ces élections. Nous n’avions donc eu aucune influence sur les résultats desdites élections.
LPRCA: L’économie est en lambeau, le tissu social très fragile, les infrastructures vétustes. Aussi, l’injustice sociale, le népotisme, le clientélisme, l’affairisme, la gabegie, l’impunité, sont érigés en mode de gouvernance en Centrafrique.
Que feriez-vous concrètement pour remédier à tout cela ?
JWS: j’ai servi à de nombreux postes de responsabilité de haut niveaux dans le Pays et à l’étranger et tous ceux qui me connaissent savent que je n’ai jamais privilégié le tribalisme, le racisme, ni favoriser mes proches dans l’accès à des postes ou avantages de l’Etat non mérités. Tout ceci fait partie d’un vaste programme dont les solutions appropriés et pour chaque domaine sont à retrouver très prochainement dans notre programme d’action et nos engagements.
LPRCA: Que comptez-vous faire les 100 premiers jours de votre accession au pouvoir si le peuple vous accorde sa voix ?
JWS: En quelque mot nous pouvons dire que ce qui redonnera rapidement confiance aux compatriotes, ce serait de voir un gouvernement suffisamment représentatif de tout le peuple Centrafricain, constitué d’hommes et de femmes patriotes, compétents, crédible donc ne traînant pas de casseroles derrière eux, et qui seront capables d’élaborer très rapidement des projets dans leur domaine de compétence, de les soutenir afin de rapidement démarrer des actions pour le rétablissement de la Sécurité, la restauration de l’autorité de l’Etat y compris l’amélioration des conditions de travail et du rôle des responsables communautaires des différentes communautés de base et la relance de l’économie dans les secteurs prioritaires.
Vous retrouverez l’intégralité des actions à mener dans les 100 premiers jours ainsi que les documents de campagne et la profession de foi, les prochaines semaines quand les activités autorisées de la campagne seront lancées.
LPRCA: Les Centrafricains ont énormément souffert ces dernières années des comportements indélicats et très peu glorieux des proches des présidents, plus particulièrement leurs progénitures qui, pendant le règne de leur géniteur, font la pluie et le beau temps, se mêlent de la gestion de la chose publique, intimide le paisible citoyen et j’en passe.
Devons-nous craindre votre famille ? Saurez-vous mettre vos enfants au pas afin de nous éviter les dérapages du passé ?
JWS: Quand bien même que j’ai occupé de nombreux postes de responsabilité de hauts niveaux dans le pays aviez-vous un jour entendu parlé de mes enfants ? J’ai été Ambassadeur de la RCA à Paris Aviez-vous entendu parle de mes enfants ?
Pour les enfants, ce qui compte c’est l’éducation et leur préparation à la vie d’homme par leurs parents. Tous mes enfants ont reçu des formations et obtenus des diplômes qui leur ont permis de devenir aujourd’hui sans exception des cadres dans différentes entreprises au pays et à l’étranger. Ils sont déjà capables de vivre de leurs propres moyens à mon modèle et n’attendront pas demain que j’accède à la magistrature suprême de l’Etat pour les pistonner ou leur donner des moyens illicites pour bien vivre. Je suis un homme de principe et tous mes proches le savent, ce n’est pas demain que je changerai.
LPRCA : Votre mot de la fin s’il vous plaît
JWS: Croyons à notre pays, notre beau et riche pays. Engageons-nous pour sortir de l’impasse actuelle et offrons aux générations actuelles et futures de vivre dans ce pays uni que nous a légué Barthélemy BOGANDA et tous les Anciens. Tous unis et comptant d’abord sur nos propres efforts ce rêve est possible. Que Dieu bénisse le Centrafrique.
LPRCA : Merci NGU TI DÉ