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Interview de Jean Willybiro Sacko: »Nous avons déjà établi depuis Bangui que nous ne venons pas ici pour une quelconque occasion de soutenir l’impunité qui a fait beaucoup de tort à notre pays ».
Publié le mercredi 23 juillet 2014  |  Centrafrique Libre
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Le correspondant de Centrafrique Libre qui se trouve à Brazzaville depuis quatre jours a croisé sur son chemin l’ancien ministre d’Etat et ancien ambassadeur Jean Willybiro Sako alias « Ngu ti dé« . Ce dernier constitue avec Messieurs Doubane, Meckassoa, Bélibanga, Dologuélé, Nguerekata qui est arrivé au deuxième jour du forum,et sans doute d’autres hommes de l’ombre dont nous ignorons peut être, des personnalités de grandes valeurs sur qui les centrafricains devraient compter pour faire sortir leur pays de l’ornière. Sans tabou, JWS a répondu à toutes nos questions dans une ambiance bon enfant.

Centrafrique Libre : Bonsoir Monsieur Willibyro Sacko, vous venez d’arriver à Brazzaville, pour le forum inter-centrafricain, trouvez vous normal que cette assise soit organisée en terre étrangère ?

Jean Willybiro Sacko : Ce qui est important ce n’est pas tellement le lieu. Ce qui est important aujourd’hui c’est de constater cette mobilisation de tous les centrafricains d’abord et de la communauté internationale à rechercher des solutions pour sortir la RCA de cette crise qu’elle traverse depuis plusieurs mois. En ce qui me concerne je suis heureux de constater que depuis qu’il y a des appels pour que l’on puisse se mobiliser pour préparer Brazzaville, toutes les forces vives de la nation se sont retrouvées à divers occasions à la Faculté de théologie de Bangui, à la présidence de la république, au stade 20mille places pour parler de notre pays. Je pense que les résultats de toutes ces discussions montrent que toutes les centrafricaines et centrafricains veulent enfin trouver une solution aux problèmes de leur pays, trouver eux-mêmes leur solutions que çà soit à Bangui ou ici à Brazzaville, ce qui est important c’est la volonté. C’est cette volonté politique, c’est cette volonté nationaliste qui s’affirme, il suffit de regarder la gamme des compatriotes qui sont venus, qu’il s’agisse des partis politiques, de la société civile, des jeunes, des femmes et les autres leaders politiques indépendants et autres pour constater ce changement. Vous voyez qu’il y a une véritable volonté de tous les centrafricains à se reconnaître, à se mobiliser autour de cet effort que fait la communauté internationale aujourd’hui pour nous accompagner. Donc nous pensons que c’est une occasion inouïe. Je peux rajouter que ceux qui sont venus constituent les différentes forces vives de la nation.



CL : Justement êtes vous venu avec des propositions ou venez vous subir ce que certaines mauvaises langues appellent le diktat de la communauté internationale qui continue d’imposer ses vues alors que les résultats probants se font encore attendre ?



JWS : Non, je crois qu’avant de venir, les différents responsables politiques ont sollicité des préalables au sujet du chronogramme de Brazzaville, des préalables concernant les agendas qui seront débattus ici. Pour nous Brazzaville doit être le cadre qui doit amener les deux principaux belligérants à pouvoir s’entendre, à pouvoir aller vers la paix, à pouvoir déposer les armes. Après, il y’ aura des grands débats, il y aura la poursuite des sensibilisations, des concertations au niveau national que çà soit à Bangui ou au niveau des villes de provinces, il faudrait que les centrafricains s’approprient cette dynamique qui se met en place. Brazzaville ne sera pas la fin de tout ce que nous devons faire, elle n’est que la première étape qui permet de créer des conditions d’autant plus favorables pour des discussions en interne au pays, sur les différentes questions qui vont nous aider à revenir définitivement vers la paix et l’unité nationale.



CL :Si au terme de ce forum on décrochait un cessez le feu, on ne risquerait pas d’accorder une prime à la violence ?

JWS : Non le cessez le feu n’a rien à voir avec les actions de la justice. La cessation des hostilités n’a rien à avoir avec la dure culture de l’impunité, bien au contraire, le cessez -feu permettra également aux différentes instances judiciaires nationales et internationales de poursuivre leur travail aussi dans de meilleures conditions. Nous avons déjà établi depuis Bangui que nous ne venons pas ici pour une quelconque occasion de soutenir l’impunité qui a fait beaucoup de tort à notre pays. Il est temps aujourd’hui que quelques que soient les difficultés, que nous puissions cesser avec la violence et la culture de l’impunité et je crois que pratiquement… toutes les parties qui ont discuté à quelque niveau que çà soit ont toujours placé ce problème de la lutte contre l’impunité en bonne place. Donc il n’y pas du tout d’équivoque entre le cessez le feu, entre le désarmement, et entre la relocalisation de tous les groupes qui se sont rebellés. Nous pensons que nous allons plutôt vers une occasion où nous débattrons du retour de tous les services de l’État qu’il s’agisse des services judiciaires, de l’organe chargé de l’organisation des élections, je pense que c’est Brazzaville qui nous créera l’opportunité d’aller vers ces conditions là qui permettront au pays de retrouver un retour, et un fonctionnement plus normal.



CL :Vous êtes déjà candidat déclaré à la présidentielle même si la date de celle-ci n’a pas encore été fixée, ce forum sera pour vous une opportunité de vous affirmer devant tous vos compatriotes avec qui vous êtes venus ou de prouver à la communauté internationale que tous les politiciens centrafricains ne sont pas aussi nuls qu’on ne le pense ?



Je ne suis pas venu ici pour faire une campagne quelconque, je viens ici apporter mon expertise en tant que fils du pays qui va contribuer à résoudre un certain nombre de problèmes ou des crises et ce n’est pas la première fois que je m’y consacre.

JWS : Je ne suis pas venu ici pour faire une campagne quelconque, je viens ici apporter mon expertise en tant que fils du pays qui va contribuer à résoudre un certain nombre de problèmes ou des crises et ce n’est pas la première fois que je m’y consacre. Il y’a un peu plus d’un an j’ai déjà fait cet exercice à Libreville. Aujourd’hui je suis ici pour accompagner mes frères et sœurs centrafricaines qui vont réfléchir sur des solutions afin de résoudre la crise qui frappe notre pays. On parlera des élections après. On a tout le temps devant et l’essentiel est de trouver maintenant les bonnes solutions pour l’organisation des élections.



CL : M. vous êtes très actif en ce moment, selon des sources dignes vous avez fait récemment le tour du monde et vous aviez visité surtout plusieurs pays de l’Afrique centrale, pouvez vous nous donner les raisons de cette tournée ?



JWS : Si vous me donnez l’occasion d’en parler oui, il s’agit d’un certain nombre de missions dans certains pays comme la France, comme le Gabon, comme le Cameroun, le Burundi. Les objectifs principaux de ces déplacements c’est d’abord la rencontre avec les compatriotes de la diaspora, c’est notamment le cas de la France où celle-ci est très importante. J’ai rencontré la diaspora de France, d’Europe ou de tous les autres pays visités pour délivrer un certain nombre de messages.Ensuite je suis allé au forum de Brazzaville en quêtes d’autres informations complémentaires ou des renseignements dans des pays qui ont de nouveau programme de développement, ou pour m’inspirer des pays post conflit et qui s’en sont sortis tel que le Burundi.



CL : Vous recherchiez des références ?



JWS : Oui, mais c’était aussi pour renforcer mes connaissances dans de domaines divers par exemple le montage des projets pour soutenir la jeunesse ou des projets en faveur du développent du pays. C’était aussi pour s’inspirer de bonnes initiatives pour ramener définitivement la paix dans notre pays et il n’y a pas un autre moyen que d’aller vers ceux qui ont de l’expérience dans la gestion des crises. C’est dans ce contexte que j’ai rendu visite à un ancien chef d’Etat Burundais. Je crois qu’il est aussi important en bon africain d’aller vers les anciens pour recueillir les conseils nécessaires qui nous aideront peut être plus tard.

Interview réalisée à Brazzaville par Wilfried Maurice SEBIRO
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