La salle Anne Franck de la ville de Longjumeau située à quelques encablures de Paris a servi de cadre à la commémoration du 20è anniversaire de l’association Bangui Sans Frontières. De nombreux élus et notables de cette commune parmi lesquels Antoine Puléo, membre influent du MODEM étaient présents.
Accompagné de l’écrivain international Sam Cambio, le centriste Antoine Puléo qui est actuellement adjoint à la culture de la ville de Longjumeau a saisi cette opportunité pour rendre un hommage mérité à la présidente fondatrice de BSF,Mme Clémentine Crozon Cazin décédée le 9 février 2013 en ces termes : « J’avais 39 ans quand j’ai vu naître cette association. A cette époque les interrogations étaient nombreuses… Vingt ans après j’ai compris, je suis africain. »
Justement, lorsque Mme Crozon Cazin avait décidé de mettre sur les fonts baptismaux le 17 octobre 1995 Bangui Sans Frontières les mauvaises longues pouvaient assimiler cette initiative à celle de certains opportunistes qui profitent de la misère des Africains pour créer des associations en France et en faire un fonds de commerce.
Vingt ans plus tard et deux ans après sa disparition, la présidente de Bangui Sans Frontières est devenue un monument. La plus grande crise centrafricaine qui a commencé en 2013 a mis en évidence sa vision prématurée et réaliste et a renforcé sa détermination pour les grandes causes. Et pourtant Mme Crozon Cazin n’était pas une philosophe.
Mme Clémentine Crozon- Cazin qui était infirmière puéricultrice et major au complexe pédiatrique de Bangui avait en effet côtoyé la misère et la mort dans l’exercice de ses fonctions. Elle utilisait une partie de son maigre salaire de 130 €(90000FCFA) pour aider les familles en grande détresse avant de retourner contre son gré en France.
Réinstallée à Longjumeau sa ville d’adoption, Clémentine Crozon Cazin travaille dans les hôpitaux et les maisons de retraite tout en maintenant le contact avec le service de la pédiatrie du Centre Hospitalier Universitaire de Bangui. Ses enfants racontent même qu’il lui arrivait de se priver de certains plaisirs pour acheter des médicaments et les acheminer en Centrafrique.
Les actions étant limitées à ses maigres revenus et vu l’ampleur de la dégradation de la situation sanitaire des enfants centrafricains qu’elle avait «abandonnés », Clémentine profite des bonnes relations qu’entretient la ville de Longjumeau avec sa famille pour créer Bangui Sans Frontières. Cette commune a en effet attribué le titre de citoyen à ses deux enfants Serge et Gilles qui ont été plusieurs fois champions du monde de leur catégorie dans l’art martial Viet Vo dao.
Ayant bénéficié des locaux de la ville, la famille Crozon Cazin sous l’impulsion de la présidente Clémentine se met à collecter des livres, des vêtements, des matériels médicaux, des médicaments et des objets utiles pour envoyer aux démunis en Centrafrique. En si peu de temps, les locaux ne parviennent plus à contenir les nombreux dons reçus par BSF.
L’association parvient à réaliser quelques actions humanitaires en Centrafrique grâce aux fonds propres de sa présidente, aux aides de la famille, des amis et de quelques donateurs.BSF qui a une antenne légalement reconnue en Centrafrique, s’approche des autorités et sollicite en vain leur concours en vue d’acheminer les effets ou de bénéficier d’une exonération des droits et taxes douanières. La présidente de BSF qui connait personnellement le président Bozizé et qui souhaitait le rencontrer pour ce projet d’assistance aux démunis n’ a pas pu bénéficier de ce privilège, même en ayant remué ciel et terre.
En janvier 2013 lorsqu’elle était rentrée de Bangui malade et fatiguée après y avoir passé un mois au chevet des démunis, Mme Crozon Cazin n’avait qu’une idée en tête : acheter un véhicule tout terrain et faire le tour de la RCA pour porter assistances aux pauvres. Un mois après elle perdit la vie, c’était le 9 févier 2013. Et puis 30 jours plus tard, la Séléka s’empara du pouvoir de Bozizé et plongea d’avantage la RCA dans la misère.
En 2014, et comme le malheur des uns fait le bonheur des autres, BSF a été plébiscité avec quelques associations humanitaires centrafricaines par des institutions internationales comme l’UNICEF, l’UNESCO, NRC, CROIX ROUGE, CROISSANT ROUGE pour participer aux actions pour soulager la souffrances de nombreuses victimes . Elle est désormais autonome dans ce pays.
Madame Crozon Cazin rêvait sans le savoir de devenir la mère Thérésa de Centrafrique à travers la création de son association Bangui Sans Frontières. Même si elle a tiré sa révérence le 9 février 2013, elle restera à jamais graver dans l’esprit des gens qui l’ont côtoyée comme une mère exceptionnelle, et une femme très engagée au profit de la misère qui a élu domicile dans son pays.
Wilfried Maurice SEBIRO