Le Burkina Faso à l’ouest et la République centrafricaine au centre sont tous deux des pays africains engagés, avec l’accompagnement de la communauté internationale, dans un processus de transition politique censée se terminer en cette année 2015 par des élections. Contrairement à ce que l’on aurait souhaité, les choses ne se déroulent pas de la même façon dans les deux pays. A Ouaga, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) assure qu’il ne reste qu’à fixer une nouvelle date pour la tenue du scrutin ; pendant qu’à Bangui l’Autorité nationale des élections (ANE) ne sait plus à quel saint se vouer.
Si elles ont le même objectif, à savoir aboutir à des élections apaisées, libres, transparentes et équitables ; la transition au Burkina Faso et celle en Centrafrique diffèrent à bien des égards. Chaque transition a connu son lot de violence certes, mais les exactions et le nombre des victimes ont été beaucoup plus importants à Bangui qu’à Ouagadougou.
Si aujourd’hui, on parle encore de transition et d’élections en Centrafrique, c’est moins le fait des forces armées centrafricaines que celui des forces internationales qui ont souvent réussi à ramener le calme dans la capitale, livrée régulièrement à des violences intercommunautaires.
Alors qu’à Ouagadougou avec le putsch du 17 septembre, l’on doit surtout le retour de la transition à la mobilisation des forces armées nationales, venues en appui à la mobilisation populaire.
Michel Kafando et Catherine Samba en sens inverse à New York
Les signes de différence dans la gestion des processus burkinabè et centrafricain se sont même multipliés ces derniers temps.
Il y a quelques jours, plus précisément le 2 octobre 2015, le président de la transition au Burkina Faso, Michel Kafando, était très fier d’annoncer à la 70e assemblée générale de l’Organisation des Nations-Unies (ONU) que la transition était de nouveau débout grâce à la résistance triomphale de ses compatriotes, de la jeunesse burkinabè face au putsch des éléments de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle.
Pendant ce temps, son homologue centrafricaine, la présidente Catherine Samba rangeait son discours et quittait précipitamment New York pour Bangui du fait des violences à Bangui. Des violences qui avaient fait, faut-il le rappeler, plus d’une trentaine de morts et des centaines de blessés dans la capitale.
Par-dessus tout, des transitions réussies dans les deux cas !
La différence entre Ouaga et Bangui s’étend même jusqu’à la gestion du timing du processus. Ainsi, le 7 octobre dernier à Ouaga, alors que les autorités de la transition et des politiques burkinabè n’excluent pas un report des scrutins ; le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) Barthelemy Kéré laisse entendre que son institution était toujours en mesure d’organiser les élections à la date du 11 octobre 2015.
Le lendemain 8 octobre, coup de théâtre à Bangui. L’homologue centrafricain de Me Kéré, Dieudonné Kombo-Yaya, président de l’Autorité Nationale des Elections (ANE) en Centrafrique annonce sa démission parce qu’il est l’objet de pressions pour organiser les élections dans des délais intenables.
Par-dessus tout, il faut souhaiter, en dépit des fortunes diverses, que les processus de transition réussissent et aboutissent à des élections libres, transparentes, équitables et dont les résultats seront acceptés par tous.
Grégoire B. Bazié