La République Centrafricaine continue d’offrir, malgré la présence des troupes internationales censées rétablir la sécurité et imposer la paix, le spectacle d’un État néant avec chaque jour son lot d’exactions, de crimes contre l’humanité, d’assassinats extrajudiciaires, perpétrés par des groupuscules armés.
C’est dans ce contexte difficile que les partenaires internationaux préconisent (ce qui s’entendrait mieux par exigent) l’organisation des élections devant mettre un terme à la transition en cours.
Cependant, la flambée de violence meurtrière de ces derniers temps à Bangui et la volonté non dissimulée de la plupart des seigneurs de guerre de faire échec au processus électoral au moyen d’attaques armées, démontrent à suffisance que la capacité de nuisance de ces groupuscules demeure intacte.
Or, bien qu’elles sont organisées dans des conditions périlleuses et qu’elles ne présentent, dans les circonstances actuelles, aucune garantie de transparence et d’équité, les prochaines consultations électorales sont salvatrices pour le pays, constituant à n’en point douter l’unique moyen d’empêcher les seigneurs de guerre et les criminels en puissance d’accéder à la magistrature suprême de l’État par les procédés non démocratiques.
Dans ces circonstances inquiétantes, l’urgence est de procéder au désarmement forcé de l’ensemble des forces non-conventionnelles.
Pour ce faire, et devant ce qui apparait comme le refus des soldats onusiens de remplir correctement leur mandat, il y a lieu d’envisager le renforcement des capacités opérationnelles actuelles des troupes internationales par le déploiement d’une armée courageuse et expérimentée dans les opérations en zones hostiles.
Cette armée, qui ne saurait être intégrée au commandement de la MINUSCA, aura pour principale mission, appuyée par les soldats français de l’opération Sangaris qui sont les plus organisés et les plus dissuasifs sur le terrain, de procéder en urgence à la neutralisation des fauteurs de troubles par le biais d’un désarmement forcé afin de créer les conditions propices à la tenue des élections.
Devant cette urgence et en attendant le rétablissement des Forces armées centrafricaines (FACA), les autorités de la transition et les acteurs internationaux devaient appeler à la rescousse le Tchad, un des pays frères de la République Centrafricaine dont on connait le savoir-faire de son armée dans la lutte contre les forces nuisibles.
D’ailleurs, les observateurs sérieux rappellent aujourd’hui que le retrait des soldats tchadiens a grandement contribué au pourrissement de la situation sécuritaire dans le pays.
Il y a donc lieu de :
• Organiser en urgence une rencontre au sommet entre les autorités de la transition, les acteurs internationaux et les autorités tchadiennes afin de définir les conditions d’un rapide déploiement des soldats tchadiens en République Centrafricaine;
• Prévoir dans cette feuille de route ainsi établie la possibilité d’utiliser ces soldats pour la sécurisation des opérations électorales mais aussi pour arrêter et remettre aux autorités centrafricaines tous ceux qui sont soupçonnés de crimes graves;
• Obtenir du Tchad d’empêcher l’utilisation de son territoire pour les opérations de déstabilisation de la Centrafrique, y compris au moyen de déclaration ou d’appel à la haine.
Georges Adrien Poussou