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Centrafrique : trois soldats français identifiés parmi ceux accusés de viols
Publié le vendredi 23 octobre 2015  |  LNC
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© Autre presse par DR
Soldats français accusés de viols : Paris envoie deux magistrats en Centrafrique
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S’il n’y avait eu la fuite dans le journal britannique “The Guardian” en avril, concernant des actes de viols et de pédophilie qui auraient été commis sur le site de l’aéroport de M’Poko (à Bangui), entre décembre 2013 et juin 2014 par des soldats français en Centrafrique – treize au total mis en cause par des enfants – l’affaire aurait été tout simplement enterrée par les autorités françaises, qui étaient au courant dans les 15 jours qui suivaient les accusations.

“Allégations inventées” entendait-on dans les rangs des chefs militaires.

Lors de la révélation de l’affaire, il était question de 14 militaires français impliqués dans des accusations par les enfants. En septembre, la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca), dont relèvent les militaires impliqués, avait toutefois indiqué avoir reçu le signalement de 17 cas d’allégations d’exploitation et d’abus sexuels, dont treize impliquant des soldats. «Treize impliquent des militaires, l’un porte sur des allégations contre notre police, un cas implique un civil et pour deux autres cas l’identité des auteurs est inconnue», avait détaillé la Minusca.

TROIS FERMEMENT IDENTIFIES

Selon les récentes informations connues, trois militaires français identifiés, auraient imposé à des enfants, fellations et sodomies en échange de nourriture.

«Trop peu de cas font l’objet de poursuites»

À la suite de la première mise en cause d’un civil de la Minusca, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon avait annoncé qu’il «n’hésiterait pas à rapatrier des contingents entiers» de Casques bleus s’ils commettent des exactions et que leurs pays d’origine ne les sanctionnent pas.
«Trop peu de cas font l’objet de poursuites et les sanctions ne sont pas assez fermes», avait-il déploré, appelant les Etats à poursuivre en justice les coupables de façon systématique, y compris en instaurant «des cours martiales sur place».
«Tout retard ou silence contribue à une impression d’impunité», avait-il martelé.

Informé dès juillet 2014, le ministre de la Défense français, Jean-Yves Le Drian, avait effectivement saisi la justice française, et lancé une enquête interne, mais sans dévoiler l’affaire, surtout pas à la justice centrafricaine.
Jouant avec les déclarations de circonstance, le ministère avait promis « les sanctions les plus fermes », ajoutant que : « si les faits étaient avérés, il veillerait à ce que les sanctions les plus fermes soient prononcées à l’égard des responsables de ce qui serait une atteinte intolérable aux valeurs du soldat ».
Ce silence lui a été reproché lorsque le scandale a éclaté. En juin, une enquête de l’ONU a été annoncée. La Centrafrique a également fait savoir qu’elle comptait engager des «poursuites» contre des militaires français.

Quant au président François Hollande en visite récemment à Brest, il a déclaré : « Si certains militaires se sont mal comportés, je serai implacable ».

ENFUMAGE

Mais voilà, dès la connaissance des accusations, la France avait immédiatement rapatriés les 14 soldats incriminés, les isolant de toute enquête, surtout en Centrafrique.
Ainsi, difficile de prétendre ne pas savoir qui est qui ? C’est tout simplement de l’enfumage.
Et à ce jour, aucun d’entre eux n’a été entendu par un juge, le dossier judiciaire est toujours désespérément vide.
Et risque de le rester…

Pour un officier de la Sangaris à Bangui, témoignant sous anonymat :

“C’est un problème qui n’est pas bon pour l’honneur de l’armée française. Et à cause de quelques brebis galeuses, c’est nous tous qui sommes mis dans le même sac.
Nos politiciens ont étouffé ça, en croyant qu’avec le temps ce serait oublié.
C’est grave, car ces pauvres gosses ont aussi droit à la justice.
Nous sommes venus ici pour les aider, pas pour les violer.
Cela perturbe le travail de la Sangaris.”
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