Elles peuvent seulement permettre aux tueries de cesser pour passer le flambeau à des autorités issues d'élections, selon Modibo Bachir Walidou.
Le Ministre de l'administration territoriale en République Centrafricaine (RCA), Modibo Bachir Walidou, a admis, dans un entretien téléphonique avec Anadolu, que les autorités de la transition ne sont pas capables de trouver une issue durable à la crise qui agite le pays depuis fin 2013.
Déclenchée par la décapitation d'un jeune musulman vers la fin du mois de septembre dernier, cette énième recrudescence de la violence ne constitue qu'un cycle d'une crise plus profonde, selon Modibo Bachir Walidou. Depuis décembre 2013, cette guerre civile aux dimensions interconfessionnelles, a fait des milliers de morts et plusieurs dizaines de milliers de déplacés et d'exilés.
"Vu le temps qui leur est imparti, les autorités de la transition ne peuvent régir de façon profonde l'ensemble des problèmes surgis avec la rébellion Seleka et Anti-Balaka", regrette le Ministre centrafricain de l'administration territoriale, qui exerce dans ce pays, avec le Ministre de la sécurité publique, les fonctions habituellement dévolues à un Ministre de l'intérieur.
Ceux-ci consistent, principalement, dans une fragilité intrinsèque de l'Etat, des déséquilibres socio-économiques et une incapacité des différentes communautés, musulmanes et chrétiennes, à se connaître et s'accepter, a jugé Walidou.
"De leur côté, les autorités de la Transition font preuve de beaucoup de bonne volonté, mais la question des moyens pour faire régner l'ordre se pose inéluctablement", a-t-il encore relevé.
"Nous n'avons pas suffisamment de policiers, de gendarmes, illustre-t-il, il y a trop d'endroits sensibles à sécuriser, et même quand on peut disposer des forces nécessaires, on n'a pas suffisamment d'équipements et d'armes. Nous sommes un peu sous embargo et on n'a pas le droit de nous en procurer."
Ce lourd leg sera transféré, tant bien que mal, aux nouvelles autorités qui prendront le relai de la Transition et qui "auront beaucoup à faire."
"Il y a des problèmes profonds dans notre société qui refont surface depuis fin 2013 [date du début de la dernière guerre civile en Centrafrique, ndlr] Il y a beaucoup de rancoeur, beaucoup de mécontentement, de part et d'autre, qui ne sait se traduire que par cette recrudescence de l'insécurité", analyse le Ministre.
"Ce que les autorités doivent faire actuellement, c'est mettre fin à ces tueries pour aller vers les éléctions et donner la chance aux nouvelles autorités de traiter la crise en profondeur", a expliqué le ministre de l'administration territoriale.
Selon le dernier calendrier électoral communiqué par les autorités de transition, les élections générales en Centrafrique devraient se tenir avant la fin de l'année. Une échéance considérée avec suspicion par beaucoup de Centrafricains qui ne croient pas encore voir "la fin du tunnel".
Commentant les accusations lancées par des populations, mettant tour à tour sur la sellette, les autorités de la transition, les forces françaises et internationales en RCA, les communautés chrétiennes ou musulmanes, Walidou a reconnu qu'en réalité, "nous sommes tous responsables de cette crise, musulmans et chrétiens."
"Je comprends que des gens en situation de difficulté considèrent que les autorités ne font rien. En réalité, la situation est très compliquée. Il y a bien, par exemple, des éléments de la FACA [Armée centrafricaine, dissoute en mars 2013, ndlr] qui ont rejoint les rangs des Anti-Balaka, c'est évident. De même que des membres de la Seleka [ancienne coalition au pouvoir dans le courant 2013, ndlr] incitent aujourd'hui à boyctotter les élections, et font tout pour qu'on n'arrive pas à cette échéance."
"Cela ne sert à rien de considérer qu'une partie, plutôt qu'une autre, est responsable de tous nos maux", résume-t-il. Les communautés musulmane (10%) et chrétienne (80%, selon des estimations semi-officielles), devront enfin apprendre à se connaître davantage, sitôt la violence résorbée, recommande Walidou. "Ils se méconnaissent superbemement, et c'est clair qu'une guerre interconfessionnelle n'est pas pour aider dans cette acceptation mutuelle", conclut-il.