En Centrafrique, la vie humaine ne vaut rien depuis longtemps au vu de ce qui s’y passe.
Depuis 2012, en République centrafricaine, on tue, on égorge, on décapite, on brandit des morceaux de corps humains comme on brandit un trophée, on viole des enfants, on viole des femmes, on pille et on incendie des maisons. Des extrémistes de tous bords ont pris en otage tout un peuple. Combien de morts ? 100, 1000, 10000 ? Combien de maisons incendiées ? 100, 1000 ? On n’en saura jamais rien.
On tue, on pille, on viole nos enfants, et comme nous sommes en Centrafrique, le pays de tous les paradoxes, on ne cherche pas à comprendre qui a tué, qui a commandité. Et pourtant, les auteurs de ces crimes sont connus, ainsi que leurs commanditaires.
Depuis le mois de septembre, le regain de violences a entraîné un véritable drame humanitaire : on dénombre plusieurs morts et une centaine de maisons incendiées dans les quartiers du sud-ouest de la capitale. Les populations de ces quartiers sont livrées à elles-mêmes, sous les yeux d’un pouvoir impuissant, et sous les yeux des forces armées internationales incapables de neutraliser ces extrémistes de tous bords qui sèment la mort et la désolation dans le pays.
Sous les yeux aussi, et surtout, de nos leaders politiques qui se terrent, qui ont peur, et qui ne pensent qu’aux futures élections.
En dehors de un ou deux candidats qui ont condamné avec des mots forts les derniers événements qui ont secoué la capitale, d’autres leaders, non des moindres, se sont fendus tardivement de communiqués laconiques pour se donner bonne conscience.
Face au silence complice de nos leaders et des médias internationaux sur le drame centrafricain, je voudrais rendre hommage ici à tous ces compatriotes qui ne ménagent aucun effort pour mettre des noms et des visages sur le malheur du peuple centrafricain. Je pense ici notamment aux sites d’information Centrafriquelibre.info, Takaparlenews.over-blog.com, Diasporanews, au collectif des Leaders d’opinions, et à toutes celles et tous ceux qui, de par leur activité intense sur internet et les réseaux sociaux, tentent de ne pas faire oublier ce qui se passe en Centrafrique, certains d’entre eux, en dépit de menaces et de pressions diverses. Ces compatriotes nous rappellent que dans la vie, il y a deux faits : des faits barbants et des faits cruciaux.
Une situation peut être barbante pour une communauté, alors qu’elle est cruciale pour une autre. Un Palestinien tué par une balle israélienne est un fait crucial pour le peuple palestinien, mais cela peut paraître barbant pour le reste du monde. De même, ce qui se passe en Centrafrique peut paraître barbant pour les médias internationaux et le reste du monde, alors que pour nous, Centrafricains, c’est crucial.
MERCI A CES COMPTRIOTES DE CONTINUER A NOUS INFORMER ET SUSCITER LE DEBAT !
A Montpellier, le 05/11/2015
Chibazo-Théophilus OKOYE