PARIS - Ce lundi, en marge du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique, Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la Défense a eu cette phrase très coloniale sur la Centrafrique :
“On est en situation d’organiser le premier tour avant la fin de l’année et le deuxième au début de l’année prochaine”
Avant de préciser : “La République centrafricaine est en mesure de tenir les élections prévues fin 2015 et début 2016 malgré les tensions actuelles”.
DES PROPOS HORS SOL
Pourtant, très objectivement à l’analyse de la situation sécuritaire en Centrafrique, il est évident que ce pays est très loin d’être en mesure d’organiser des élections, quelles qu’en soient les formes, de manière crédible et légitime.
Les violences n’ont cessé en RCA, et même pire, elles empirent, à seulement quelques semaines des dates de ces élections décidées par la France.
Jean-Yves Le Drian de surenchérir : “On est en situation de le faire puisque le recensement (des électeurs) est achevé. Ce n’est plus un argument de report”, notant tout de même qu’il revenait aux “chefs d’Etat membres de la CEEAC (Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale) de décider définitivement du calendrier”.
Et argument fatal niant les faits sur le terrain : “Qu’est-ce qui vaut mieux ? Pas d’élections du tout ou provoquer des élections sur la base d’un recensement qui a été effectué et qui permet d’avoir une légitimité ? Je suis pour la deuxième solution”.
LES RAISONS D’UNE PRECIPITATION
Du côté du Quai d’Orsay, un fonctionnaire requérant l’anonymat de déclarer :
“Effectivement, des élections dans de telles conditions, c’est aller droit dans le mur. Mais pour Paris, tout comme pour l’ONU, il faut clore ce dossier, en se donnant le sentiment d’avoir accompli le travail par des élections. C’est un scénario à la malienne. Des élections coûte que coûte… pour un semblant de victoire à l’international.”