Qui aura prêté l’oreille aux propos de pacification de Bangui par la présidente de transition ? Manifestement, pas grand monde.
Car la situation dans la capitale centrafricaine reste toujours apocalyptique. Pas un jour sans un coup de feu ou de bruits assourdissant de détonations de grenades dans les quartiers. Car dans feue “Bangui la jadis coquette”, l’histoire continue de bégayer, et salement.
LE BILAN DES TROUBLES D’HIER
Dès potron-minet hier lundi, aux bruits des coups de feu entendus dans les environs du PK4, on se doutait bien que la journée allait de nouveau être très agitée. Effectivement, dans les quartiers autour de Béa-Rex et du Km5 les violences avaient repris, paralysant derechef toutes les activités habituelles sur l’axe du PK5. Et vers midi, déjà un triste bilan, un mort signalé par balles. Bilan alourdi le soir venu, 3 morts…
Par ailleurs, toute la journée, une grande partie des commerces ont été pillés, voire brûlés, ainsi qu’un certain nombre de maisons. Et la quasi totalité des établissements scolaires de ces zones demeurèrent fermés. Les violences se sont amplifiées vers Sica bois, où les forces internationales des Sangaris et de la Minusca (essentiellement des Rwandais) durent tirer en l’air pour tenter de juguler ces troubles.
CAUSE DE CES VIOLENCES ?
Tôt ce matin là, dans le 3ème arrondissement, des crépitements d’armes se firent entendre.
Renseignement pris, il s’agirait d’une délégation de la Coordination des organisations musulmanes de Centrafrique (COMUC) qui s’était mise en branle pour aller manifester dans le centre ville.
Mais au niveau du pont Jackson, certains de leurs militants se mirent à tirer sur pratiquement tout ce qui bougeait, affolant les populations des alentours et semant la panique. Selon un témoin de la scène : “Ils n’ont pas fait que tirer, ils ont aussi envahi des maisons pour les brûler. on ne sait même pas pourquoi.”
Devant la presse, Ali Ousmane, le responsable du COMUC tente de dédouaner les siens :
“Ce que nous voulions, ce n’était pas une marche violente, mais un meeting de sensibilisation sur le problème de nos droits à circuler librement. [..] Tout ce qui s’est passé là est très regrettable.”
FATIMA ? PAS MIEUX, “A NO GO ZONE”
Depuis le sanglant jeudi 29 octobre, la zone de Fatima, Kina, Ali, etc… C’est un champ de ruine et quasi désertée par sa population. Mais surtout, par les forces de sécurité, aussi bien nationales qu’internationales. Laissant le terrain libre aux hommes armés y faire leur loi en toute impunité.
Les stigmates des violences d’octobre sont toujours là : carcasses de maisons brûlées et désordre en tous genres. Conséquence, les habitants partis ne reviennent pas chez eux. A peine dit-on, certains passent de temps en temps pour faire un tour pour vérifier si ce n’est pas devenu pire.
DELINQUANCE NOCTURNE
Dans le 5ème arrondissement dans la zone de “Ngou-ciment“, c’est à une autre forme d’insécurité à laquelle la population doit faire face : Le brigandage nocturne.
Pas une nuit sans que des braqueurs armés ne débarquent pour dépouiller les habitants endormis. A tel point qu’un comité local d’auto-défense s’est mis en place, mais inefficace, car sans moyens. Dans le 5ème arrondissement non plus, les forces de sécurité ne patrouillent.
“On est abandonné ici depuis là ! “ Crie amère une habitante.