Comme annoncé mardi 3 novembre 2015 dans sa déclaration, le Conseil national de transition a interpelé les ministres de la Défense nationale et de la Sécurité publique, ce mercredi 11 novembre, pour donner des réponses précises au peuple centrafricain sur la réhabilitation des Forces armées centrafricaines (FACA). Débats tout naturellement houleux, mais pour permettre aux centrafricains de se rassurer de l’avenir de leur armée hypothéqué depuis le 24 mars 2013. En répondant aux conseillers nationaux, Joseph Bindoumi a fait savoir que la sécurité, dans le contexte actuel, appelle à la mobilisation de tout le peuple centrafricain avec l’appui de la communauté internationale.
L’escalade de violences depuis le 26 septembre jusqu’aujourd’hui en passant par le 26 octobre n’ont pu laisser indifférent le Conseil national de transition dans ses attributions de Représentant du peuple meurtri. C’est du moins la seule justification à donner aux séries d’actions que mène depuis un certain temps, les conseillers nationaux de transition en ce qui concerne la sécurité du peuple.
Après une réunion de crise formalisée dans une journée de concertation, mardi 3 novembre dernier à l’occasion de laquelle d’importantes actions ont été décidées, le CNT n’a laissé aucun champ libre au pouvoir exécutif de fournir des efforts supplémentaires pour assurer véritablement la sécurité du centrafricain. Entre autres actions décidées par le Parlement provisoire, une marche pacifique qui a eu lieu le 4 novembre sanctionnée par la remise d’un mémorandum au Représentant Spécial du Secrétaire général des Nations unies en RCA et l’interpellation des Ministres en charge de la Défense nationale et de la Sécurité publique qui a eu lieu mercredi 11 novembre.
Tout naturellement, les préoccupations exprimées par les Conseillers nationaux de transition a tourné autour de l’enjeu de la réhabilitation des FACA et de leur implication effective dans les opérations de sécurisation du peuple centrafricain et de son territoire national. Surtout que les centrafricains, y compris les Conseillers nationaux et le Chef de l’Etat de transition, voire la MINUSCA ont convenu sur l’ « insuffisance » des forces internationales à restaurer à elles-seules, la paix et la sécurité dans le pays.
En réponse aux préoccupations des Conseillers nationaux, le Ministre de la Défense nationale a fait savoir que la réhabilitation est sur la bonne voie avec les efforts que son Département est en train de déployer. « Depuis que j’ai pris mes fonctions, beaucoup de choses ont été faites. » a déclaré le patron des FACA qui a expliqué « nous avons projeté nos forces sur la ville de Bangui et nous envisageons dans les heures et les jours qui viennent de les projeter dans l’arrière-pays. Aujourd’hui, nous nous sommes battus, pour la seule semaine de notre nouvelle fonction, pour que le Comité de sanctions puisse commencer à regarder du côté de la République centrafricaine. Pas plus tard qu’hier [mardi 10 novembre 2015], nous avons reçu un message de New York, nous levant partiellement l’embargo sur un certain nombre de matériels que nous avons demandés. »
A en croire Joseph Bindoumi, plusieurs autres chantiers sont en cours pour que dans un bref délai, les autres aspects de l’embargo soient levés sur les moyens qui doivent être mis en œuvre pour permettre à l’armée de rentrer dans son rôle de protection du peuple et du territoire centrafricain. Aussi, a-t-il ajouté, « avec les débats que nous avons heureusement avec la communauté internationale, nous avons fini par trouver les définitions exactes pour que les incompréhensions autour de l’armée cessent ».
Toutefois, le ministre de la Défense n’a pas manqué de faire part des difficultés à remettre sur pied les FACA. D’abord, une communauté internationale toujours réticente à l’idée de la réhabilitation des FACA : « Quand on fait rentrer un dossier dans le Système des Nations unies, on sait comment cela entre ; mais on ne sait plus comment cela sort. Le mécanisme est assez difficile. Mais, quand on connait les pions qu’il faut mettre pour arriver, ce que je suis en train de faire avec le concours des officiers généraux et les différents responsables de mon Département, pour que nous arrivions à placer le bon pion au bon endroit. » a fait savoir Joseph Bindoumi.
En plus, de l’avis du ministre de la Défense, le réarmement des FACA est une question très sensible qui doit éviter toute précipitation dangereuse, car dit-il « nous risquons de tromper le peuple si nous disons que le déploiement de l’armée consiste à jeter des armes entre les mains des militaires et de leur dire d’aller tirer dans telle ou telle direction. Non ! »
Qu’à cela ne tienne, Bindoumi a tenté de rassurer les Conseillers nationaux qu’il a une stratégie et une méthode d’approche en disant qu’il est en train de prendre langue avec tous les acteurs en vue d’éliminer les incompréhensions qui bloquent le réarmement des FACA. « Je suis en chantier. J’ai été à Kassaï où j’ai rassemblé nos hommes à qui j’ai parlé. De l’écho que j’ai reçu d’eux, ils ont été sensibles. J’avais plus de deux mille (2 000) hommes en face de moi ce jour-là, ils sont prêts à servir la Nation. Je crois que c’est un élément très important. J’ai également rencontré la communauté internationale, toute catégorie confondue pour parler la situation de la République centrafricaine, des victimes que nous enregistrons et de ce que nous devons faire. J’ai parlé avec le Comité de sanction, puisque beaucoup se disent que ce sont eux qui nous empêchent de protéger notre population », a-t-il dit.
Notons que mercredi dernier, lors de sa conférence de presse hebdomadaire, la MINUSCA a fait savoir que 170 armes sous séquestre demandées par le Chef de l’Etat de transition seront mises à la disposition des FACA. Est-ce un début sérieux du redéploiement des FACA ?
Bangui, Fred KROCK Pour CNC