Témoignage. Didier Kassaï, Centrafricain, entame une série de trois albums qui racontent la violence de la guerre, avec distance et humour.
Sur l'image du haut, on distingue des hommes, mains sur la tête, marcher, une kalachnikov pointée dans le dos. Les cocotiers se détachent dans le ciel crépusculaire, le phare jaune d'une jeep éclaire le centre de la vignette. La scène se déroule à Bangui, la capitale de la Centrafrique, et la bande dessinée évoque les pillages quotidiens qui émaillent le conflit. Un militaire au brassard Seleka passe un coup de fil, préoccupé. Dans l'image suivante, un homme lui saisit la main, éperdu de reconnaissance parce qu'il vient de lui sauver la vie. « En fait… Euh… Z'avez le « gombo » pour ce travail ? », lui répond le militaire, qui exige sa récompense. Et, sur la page suivante, devant le civil interloqué : « Croyez-vous qu'on prend tout ce risque pour rien ? » C'est la scène préférée de Didier Kassaï, le dessinateur, qui éclate de rire en tournant les pages de « Tempête sur Bangui » : « Eh oui, à l'époque, les gens appelaient les Séléka qui donnaient leur numéro de portable comme un numéro vert ! » Pas gratuitement, de toute évidence.
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