Pendant plusieurs mois, les autorités de Bangui avaient exhibé leurs biceps et triceps contre tous les quidams ou toutes les organisations qui nageaient à contre-courant de la direction que prenait le processus de la transition. Bien évidemment, toutes les vitupérations protestataires contre le pouvoir de Bangui étaient considérées comme une adversité. Bien que le pouvoir de Bangui ait presque donné sa langue au chat face à la flambée des violences de ces dernières heures, il est aisé d’admettre qu’il joue dorénavant la carte du chagrin pour dissiper toutes les querelles de clocher qui entourent le don angolais. Nonobstant, le Communiqué de la présidence dénonçant la tentative subversive d’un complot contre le système en place, le peuple a été une fois de plus le grand absent de la foire contestataire du pouvoir public.
Devant le tollé de l’angolagate, le duo exécutif arbore subitement une mine de circonstance compassionnelle comme si elles avaient déjà compatis par le passé aux familles endeuillées et aux victimes des multiples atrocités. Déjà plus de 2000 personnes ont affreusement perdu la vie depuis l’accession au pouvoir de Dame Cathy. De nombreux villages ont été brûlés et saccagés par les trublions de la République sans que le pouvoir de Bangui n’ait crié son ras-le-bol. Même la Ligue des Droits de l’Homme, qui est censée dénoncer les violations inhérentes aux droits humains, s’est inscrite au sein de la majorité silencieuse. Qu’on le veuille ou pas, l’intervention ambivalente du Président des droits de l’Homme devant les Conseillers nationaux devrait être inscrite quelque part au burin et au fusain pour devoir de mémoire. Surtout lorsque l’on sait qu’il avait cultivé le mutisme depuis le début des hostilités en 2012 et voilà qu’il met subitement en scène le chagrin dans son temps de parole lors de l’interpellation du gouvernement à l’Assemblée nationale. De qui se moque t-il ?
De même, les personnalités publiques brandissent leurs larmes comme une arme contemporaine pour amoindrir les effets dommageables du don angolais. Quoique depuis un certain temps, elles se soient forgées une âme de remords teintée d’orgueil, il n’en demeure pas moins que cette compassion ne soit que de façade. A vrai dire, les autorités de Bangui préfèrent le badigeonnage politique à la thérapie fondamentale. Au lieu d’affronter en profondeur les défis qui s’imposent au pays, elles s’obstinent dans un jeu de rôle qui n’aurait certainement qu’un effet boomerang à l’avenir.
Somme toute, une gestion consensuelle fédère inéluctablement tout le peuple. En réalité, les autorités centrafricaines doivent comprendre qu’il ne sert à rien d’essayer de surfer sur les profondes douleurs de la population, pour espérer détendre le climat malsain qui sévit actuellement dans le pays. Il faut des mesures et des gestes forts.
Tant que ces vendeurs de chagrin continueront de présenter la carte des événements douloureux comme moyen de persuasion, nous n’aurons que les mots contre des maux.
Rodrigue Joseph Prudence MAYTE